Exécutions en Arabie saoudite : le point sur les tensions

Des manifestants se sont réunis dimanche à Bagdad, en Irak.
Des manifestants se sont réunis dimanche à Bagdad, en Irak. © AFP
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G.P. avec agences , modifié à
Liban, Irak, Turquie, Bahreïn, Pakistan... Le monde chiite s'embrase après l'exécution, samedi, du leader chiite Nimr Baqer al-Nimr. Europe 1 fait le point sur la situation.

En seulement deux jours, les relations entre l'Arabie saoudite et l'Iran se sont tendues de vives manières. Dimanche soir, l'Arabie saoudite a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec l'Iran, suite à l'attaque de son ambassade samedi, à Téhéran. Europe 1 fait le point sur ce weekend de tensions au Moyen-Orient.

Ce qui provoque ces tensions. Samedi, l'Arabie saoudite exécute 47 personnes. Parmi elles, une grande figure chiite dans le monde arabe, le cheikh Nimr Baqer al-Nimr, qui a notamment participé à un mouvement de contestation qui avait éclaté en 2011, dans la foulée des printemps arabes, dans l'est de l'Arabie où vit l'essentiel de la minorité chiite.

L'escalade. Dans la foulée, les réactions dans le monde chiite s'enchaînent. Khalaf Abdelsamad, chef du bloc parlementaire du parti chiite irakien Dawa, exhorte le gouvernement, en guise de réponse, à "fermer l'ambassade saoudienne en Irak, expulser l'ambassadeur et exécuter tous les terroristes saoudiens emprisonnés en Irak". Le ministre syrien de l'Information, Omran al Zoubi, condamne lui aussi l'ensemble des exécutions en Arabie saoudite, dénonçant "un crime commis par un Etat contre son propre peuple".

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Mais c'est surtout en Iran, majoritairement chiite, que la situation se tend le plus. Samedi, le pays affirme par la voix du porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hossein Jaber Ansari, que "le gouvernement saoudien soutient d'un côté les mouvements terroristes et extrémistes et dans le même temps utilise le langage de la répression et la peine de mort contre ses opposants intérieurs". Le porte-parole dit aussi que l'Arabie "paiera un prix élevé pour ces politiques". Réponse immédiate de l'Arabie saoudite samedi soir : elle convoque l'ambassadeur d'Iran pour protester contre les déclarations de Téhéran jugées "agressives".

Dans la nuit de samedi à dimanche, la tension s'accentue encore un peu plus : l'ambassade d'Arabie saoudite à Téhéran est attaquée par des manifestants, à coup de cocktails Molotov. Plusieurs dizaines de personnes pénètrent dans l'enceinte diplomatique.

L'Occident réagit. C'est Washington qui, dès samedi soir, réagit au regain de tension dans la région. John Kirby, porte-parole de la diplomatie américaine, estime que l'exécution du leader chiite Nimr Baqer al-Nimr risque d'"exacerber les tensions communautaires à un moment où il est urgent de les apaiser. (...) Les Etats-Unis exhortent le gouvernement d'Arabie saoudite à permettre que s'exprime pacifiquement la contestation". C'est seulement dans l'après-midi de dimanche que la France et l'Allemagne communiquent à leur tour. Ainsi, Paris "déplore profondément" les 47 exécutions survenues samedi en Arabie saoudite, dont celle du cheikh Nimr Baqer al-Nimr, et "rappelle son opposition constante à la peine de mort, en tous lieux et en toutes circonstances", dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Enfin, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s'est dit "profondément consterné" par les exécutions de samedi. Il appelle aussi "au calme et à la modération dans les réactions à l'exécution du cheikh Nimr et demande à tous les dirigeants de la région de chercher à éviter l'exacerbation des tensions sectaires", selon son porte-parole dimanche.

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Le guide suprême iranien intervient à son tour. La journée de dimanche débute comme elle avait commencé du côté de l'Iran, avec des déclarations très fortes. "La main divine" vengera l'exécution du cheikh saoudien chiite", déclare ainsi le guide suprême iranien Ali Khamenei dimanche. La colère de Dieu va s'abattre sur les autorités saoudiennes, promet l'ayatollah. "Le sang injustement versé du martyr opprimé va, à n'en pas douter, faire son effet et la vengeance divine va s'abattre sur la classe politique saoudienne", prévient-il.

De nombreuses manifestations dimanche. De nombreuses manifestations pour contester l'exécution du leader chiite ont lieu dimanche : à Beyrouth, Téhéran et Machad au Liban, à Bagdad et Kerbala en Irak, à Ankara en Turquie, à Manama au Bahreïn, dans plusieurs villes du Pakistan et à Srinagar dans le Cachemire indien. Au Bahreïn, des affrontements opposent la police à des manifestants chiites. Des violences se sont produites dans plusieurs banlieues chiites de Manama, où la police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles de chevrotine en direction de manifestants qui ont lancé des cocktails Molotov, selon des témoins.