Comment Beyrouth et le Liban vont-ils se reconstruire après les deux puissantes explosions qui ont ravagé la capitale, mardi soir ? Au-delà de la destruction d'une large part de la plus grande ville du pays, tout un pays se trouve touché par ce drame, qui vient fragiliser encore plus une économie en crise. Sur Europe 1, Antoine Basbous, politologue et fondateur de l'Observatoire des pays arabes (OPA), livre son analyse d'une situation extrêmement compliquée pour le Liban. "Le Liban est tombé très bas. Et au lieu de se relever, il est en train de s'enfoncer", résume-t-il sur Europe 1. "C'est tout un système dévoyé qui s'effondre."
"Abandon de souveraineté"
Pour Antoine Basbous, les explosions de mardi ne sont pas qu'un drame sans lien avec l'histoire récente du Liban. Elles sont, selon lui, "l'aboutissement d'un abandon de la souveraineté nationale au profit d'une police messianique aux ordres d'une puissance étrangère qui a tout contrôlé". Dans son viseur, il y a donc le Hezbollah, milice pro-iranienne basée en Iran et extrêmement influente au pays du Cèdre.
Le Hezbollah "a nommé le président de la République, le Premier ministre, le gouvernement, (…) commande la paix, la guerre, l'économie et les frontières" et "laisse ses acolytes se corrompre", accuse ouvertement Antoine Basbous, pour qui le système politique actuel "ne peut plus marcher" car "aucun pays au monde ne peut être dirigé par une milice".
La contestation populaire "torpillée"
Quel visage aura le Liban au lendemain de cette catastrophe ? "Un nouvel État libanais a besoin de voir le jour", affirme le politologue, pourtant très pessimiste : "Je ne perçois pas la feuille de route qui va conduire les Libanais vers ce jour nouveau", alors que le Hezbollah paraît solidement implanté localement, avec l'appui de l'Iran.
Dans ce contexte, l'espoir peut-il venir du peuple, qui a plusieurs fois manifesté son désir de voir le système politique changer ? "Ce mouvement du 17 octobre (né en 2008, NDLR) a été torpillé par les puissances politiques, y compris le Hezbollah", conclut Antoine Basbous.