Deux explosions impressionnantes ont meurtri la capitale libanaise mardi, provoquant la mort d'au moins 100 personnes et les blessures de 4.000 autres. Au micro d'Europe 1, Fouad Zmokhol, président du Rassemblement des dirigeants et chefs d'entreprise libanais (l'équivalent du Medef) dans le monde, est revenu sur cette tragédie. "Le Liban, une fois de plus, pleure", a-t-il déploré. "Toute la communauté internationale est à nos côtés. Mais on est très inquiets de savoir qui va reconstruire", affirme-t-il au micro d'Europe 1. Car Fouad Zmokhol prévient : il faut un renouvellement de la classe politique pour les années à venir.
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"S’ils savaient, c’est un crime et s’ils ne savaient pas, c’est un double crime"
"Est-ce que ça va être cette même classe politique, qui a mené une guerre fratricide de quinze ans et qui a pillé économiquement le Liban pendant 30 ans qui va reconstruire la ville ?", s'interroge Fouad Zmokhol. Selon lui, il n'y a aucun doute : la corruption de la classe dirigeante est responsable de la catastrophe, car le nitrate d’ammonium (qui aurait provoqué la forte déflagration, ndlr) "a été stocké pendant plus de cinq ans dans le port, qui comme toutes les frontières dépendent de l’État". "On dormait sur une bombe atomique sans même le savoir : s’ils savaient, c’est un crime et s’ils ne savaient pas c’est un double crime", conclut-il.
A video I received on WhatsApp of the scalr of explosion in #Beirut, confirming it was at the port. pic.twitter.com/bIkcyfsi0o
— Bissan Fakih (@BissanCampaigns) August 4, 2020
"Notre port est une passoire et l’économie noire y passe"
"On sait que les plus grands passages de corruption étaient la frontière terrestre avec la Syrie ou via le port. Mais avoir des stockages de si grande quantité et pour si longtemps, c’est sans doute pour être revendu", suggère Fouad Zmokhol. "On a déjà eu des histoires de ce genre : on sait que notre port est une passoire et que l’économie noire y passe". Le président du Rassemblement des dirigeants et chefs d'entreprise libanais dans le monde le rappelle : "C'est un drame et les responsables, c’est toute une classe politique. On a une ville détruite et la reconstruction sera extrêmement difficile".
"C’est un coup de grâce à une population en très grande souffrance"
Car depuis plusieurs années, le Liban est économique fragilisé. Alors que le coronavirus n’a pas épargné le pays, les Libanais vivaient déjà "un drame économique, social, politique et sécuritaire. Cela fait un moment qu’on a des manques énormes de liquidités. Je n’imagine même pas comment on va reconstruire", déplore Fouad Zmokhol au micro d’Europe 1.
Mardi, les hôpitaux de Beyrouth ont aussi été touchés par le souffle de l’explosion, avant de voir arriver des centaines de blessés. "Les hôpitaux sont plus que saturés, parce que cette même crise économique fait qu’ils manquent de médicaments et de pièces de rechangé. J’ai l’impression que c’est un cauchemar. C’est un coup de grâce à une économie, à un pays meurtri et à une population en très grande souffrance", conclut Fouad Zmokhol.