Une aide d'urgence de 350 millions de dollars, un an après les explosions du port de Beyrouth. C'est l'objectif de la conférence internationale qui va se tenir mercredi sous l'égide de la France et des Nations unies, et qui rassemblera une quarantaine de pays. Un an jour pour jour après l'explosion du port de Beyrouth, qui a fait plus de 200 morts et des milliers de blessés, le pays s'est enfoncé dans une crise politique et économique majeure.
Des milliers d'habitants sont toujours sans abri et seulement la moitié des 8.000 bâtiments endommagés sont réparés. Les Libanais continuent de réclamer vérité et justice, car l'enquête sur l'explosion n'a, pour l'heure, toujours rien donné.
Aucun des hauts responsables de l'État libanais n'a été mis en cause
L'enquête vise à répondre à plusieurs questions : comment un cocktail explosif de 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium a-t-il pu rester six ans au cœur de Beyrouth, ou encore comment et pourquoi cette explosion s'est produite ? Aujourd'hui, Les Libanais n'ont aucune réponse. En un an, 17 personnes ont été inculpées : des employés et des dirigeants du port notamment, mais aucun des hauts responsables de l'État libanais n'a été mis en cause.
"Le principal obstacle, c'est le refus des dirigeants politiques de se soumettre à la justice et de lever l'immunité des hauts dirigeants qui sont soupçonnés d'être impliqués dans l'explosion", explique Ghida Frangieh, avocate qui suit l'enquête pour l'ONG libanaise Legal Agenda. "L'enquête sur l'explosion est devenue un symbole pour mettre fin à ce qu'on appelle le régime de l'impunité juridique, et c'est là le véritable défi, c'est là le danger que coure en ce moment cette enquête nationale."
"On vit dans un État qui est géré par une mafia criminelle"
Une enquête au point mort, particulièrement difficile à supporter pour les victimes et leurs familles. Pour elles, pas d'accusations dans cette affaire, cela signifie aucune indemnisation des assurances, mais surtout l'impossibilité de faire le deuil. "L'année a été horrible. c'est énormément de peine, tous les jours, chaque seconde, c'est beaucoup de manque et c'est ne pas pouvoir aussi faire le deuil", explique Paul Naggear, qui a perdu sa fille de trois ans et demi des suites de l'explosion. "C'est un deuil qui est repoussé parce que tous les jours, c'est une bataille. On ne vit pas dans un État de droit, on vit dans un État qui est géré par une mafia criminelle. On repousse le deuil... On est obligé de se battre tous les jours pour la justice et la vérité, pour notre fille.
Pour sa fille, pour toutes les victimes du 4 août, et pour connaître la vérité sur l'explosion, Paul Naggear et des milliers de Libanais seront dans la rue mercredi après-midi.