Le ton a été vite donné : "Il n'y a pas de tabous, moi je n'ai peur de rien". Devant 800 étudiants de Ouagadougou, et dans une ambiance survoltée, Emmanuel Macron a dénoncé mardi "les crimes incontestables" de la colonisation européenne, et tenté de rompre avec le discours traditionnel de la France vis-à-vis de l'Afrique.
Un discours franc. "Il est parti en freestyle", reconnaît un membre de la délégation française. Figure libre face à des étudiants méfiants, le président de la République a voulu balayer tout relent paternaliste : "Vous me parlez comme si c'était toujours une puissance coloniale, mais moi je ne veux pas m'occuper de l'électricité dans les université au Burkina Faso !". Il a joué tour à tour de franchise, d'humour et même de provocation lorsqu'il a lancé : "N'ayez pas une approche bêtement post-coloniale ou post impérialiste".
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Une jeunesse appelée à s'émanciper. Les étudiants présents ont apprécié son discours d'émancipation. "Un peu dur mais franc, il nous a fait comprendre qu'en tant que jeunesse, c'était à nous de prendre nos initiatives et la France, ce qu'elle pouvait faire, c'est de nous accompagner. C'est un choc, mais il faut qu'on l'intègre dans nos mentalités", commente une étudiante auprès d'Europe 1. "La solution est en nous", résume une autre. Mais beaucoup attendent désormais des actes, car "comment s'émanciper si les entreprises et les soldats français sont toujours aussi présents au Burkina ?", souligne un jeune.
La tournée africaine du chef de l'Etat se poursuit. Emmanuel Macron est attendu mercredi au cinquième sommet Europe-Afrique à Abidjan, qui réunira 83 Chefs d'Etat et de gouvernement. Il compte notamment proposer une "initiative" pour frapper les passeurs qui exploitent les migrants en Libye.