Alep se meurt et la diplomatie est dans l'impasse. Samedi, Moscou a rejeté à l'ONU le projet de résolution par la France qui exigeait l'arrêt des raids et l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne à Alep. A leur tour, les Occidentaux ont refusé une contre-proposition de la Russie. Ce dossier brûlant de la crise syrienne pourrait bien avoir raison de la visite de Vladimir Poutine à Paris le 19 octobre prochain. C'est en tout cas la menace brandie par François Hollande. Alors, coup de bluff pour faire pression ou vrai risque de rupture des relations diplomatiques ?
Qu'a dit François Hollande ? Dans une interview rendue publique dimanche par TMC, le président de la République française dit se poser" encore la question" de recevoir son homologue russe. "Est-ce que c'est utile ? Est-ce que c'est nécessaire ? Est-ce que ça peut être une pression", s'interroge François Hollande devant la caméra de Quotidien. "Est-ce que nous pouvons encore faire en sorte qu'il puisse lui aussi arrêter ce qu'il commet avec le régime syrien, c'est-à-dire l'appui aux forces aériennes du régime, qui envoient des bombes sur la population d'Alep ?", poursuit-il, avant d'asséner : "si je le reçois, je lui dirai que c'est inacceptable. Que c'est grave même pour l'image de la Russie".
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— Quotidien (@Qofficiel) 9 octobre 2016
Hollande hésite à recevoir Poutine et brandit la menace de la Cour pénale internationale
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Une visite pour quoi faire ? Officiellement, Vladimir Poutine n'est pas à Paris pour parler de la Syrie mais pour inaugurer la nouvelle église orthodoxe de Paris, au Quai Branly. Il devrait ainsi visiter l'exposition événement de l'automne, la collection Chtchoukine. Mais pour Bruno Tertrais, maître de recherche à la Fondation pour la Recherche Stratégique, "il est aussi évidemment question d'avoir au moins un déjeuner de travail" entre François Hollande et Vladimir Poutine. "Je ne peux pas imaginer qu'il vienne à Paris pour cette inauguration et qu'il ne rencontre pas François Hollande, affirme sur Europe 1 le spécialiste.
Les responsables politiques français partagés. Mais cette visite, en plus de questionner François Hollande, divise également les responsables politiques. Le ministre des Affaires Etrangères, Jean-Marc Ayrault, a prévenu lundi que si le patron du Kremlin était reçu à L'Elysée, ce ne serait pas pour des "mondanités" mais pour parler de la crise syrienne et de la situation en Ukraine. "Ça sera pour dire des vérités", a-t-il déclaré.
Une ligne dure en opposition à celle François Fillon, connu pour ses positions beaucoup plus souples avec la Russie. "Bien sûr qu'il (François Hollande) doit accueillir le président russe. Qu'est-ce qu'on doit faire, la guerre avec la Russie ?", a déclaré lundi sur Europe 1 le candidat à la primaire de la droite et du centre.
Y-a-t-il un risque de rupture diplomatique ? Face à la menace de ne pas recevoir Vladimir Poutine, faut-il alors craindre une rupture diplomatique ? Pour le chercheur Bruno Tertrais, cette hypothèse n'a pas lieu d'être. "Je crois que la France n'a pas l'intention de rompre ce dialogue qui est nécessaire même quand on est dans des situations de quasi-adversité l'un par rapport à l'autre", dit-il. Pour ce dernier, "ni Paris ni Moscou ne veulent une rupture. Il faut maintenir la diplomatie". Ce qui est plutôt en jeu selon ce dernier, "c'est la symbolique politique et la visibilité de ces contacts". "C'est à cela que réfléchit François Hollande", appuie-t-il.
Que répond Vladimir Poutine ? Pour l'instant, les doutes sérieux de François Hollande ne semblent pas avoir découragé Vladimir Poutine. "Les préparatifs de la visite à venir de Poutine à Paris se poursuivent", a ainsi déclaré à la presse Dmitri Peskov, son porte-parole.