Ce sera une visite de quelques heures seulement. François Hollande sera lundi en Algérie, répondant ainsi à une invitation d'Alger près de trois ans après sa dernière visite. Trois ans, c'est aussi la durée depuis laquelle les Algériens n'ont pas entendu leur dirigeant Abdelaziz Bouteflika s'exprimer publiquement. Les deux présidents devraient s'entretenir au cours de cette visite d'Etat, pour évoquer les questions de sécurité, d'immigration, mais aussi de relations économiques.
Le temps de l'apaisement. Dans une tribune au journal francophone Le quotidien d'Oran et à l'arabophone El-Khabar, François Hollande dit vouloir construire un "partenariat d'exception" "d'égal à égal" avec l'Algérie. Nos deux pays sont animés par la même volonté de bâtir un partenariat d'égal à égal tourné vers le développement et vers la jeunesse", écrit François Hollande. "J'ai toujours eu la conviction profonde que nous sommes capables de bâtir un partenariat d'exception. C'est ce que nous allons démontrer aujourd'hui". Se félicitant d'une relation qui "n'a jamais été aussi sereine", il salut les "progrès accomplis" depuis sa visite de décembre 2012.
Le fantôme Bouteflika. Alors que ce sujet nourrit le débat en Algérie, François Hollande "ne se mêlera ni directement ni indirectement" de la question de la succession d'Abdelaziz Bouteflika "qui, à mon sens, n'est pas une question posée aujourd'hui", affirmait récemment un diplomate français. Le dirigeant algérien a été très affaibli par un accident vasculaire-cérébrale en 2013 et ne s'est pas exprimé en public depuis sa réélection en avril 2014.
Un partenariat économique. François Hollande doit aussi s'entretenir avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dont le gouvernement a été remanié le mois dernier sur fond d'inquiétude liée à la chute des cours du brut et à l'instabilité chez son voisin libyen, en pleine guerre civile. Invité sur Europe 1, l'historien Benjamin Stora a rappelé que "l'Algérie est un partenaire économique important pour la France", qui aimerait récupérer son rang de premier fournisseur du pays que lui a ravi la Chine il y a deux ans. Pour ce faire, Paris voudrait intensifier le "partenariat stratégique" conclu en 2012 pour intensifier les relations économiques.
La sécurité au Maghreb et au Sahel. La visite du président français permettra d'aborder "le problème de la sécurité dans la région sahélo-saharienne" où "les tensions risquent de déstabiliser l'Europe via la France", analyse l'expert Abderahmane Mebtoul. Alger a déjà largement contribué à la signature des accords pour la paix et la réconciliation au Mali du 15 mai, et c'est dans la capitale algérienne que la rébellion malienne à dominante touareg s'est engagée le 5 juin à les signer à son tour.
Face à une Libye en plein chaos et gangrenée par la progression du groupe Etat islamiste, les Algériens "sont pragmatiques et centrés sur les questions de stabilité et de sécurité", se félicite Paris. Alger, un gage de stabilité.