Des milliers de personnes ont manifesté mercredi à travers le monde arabe, exprimant leur indignation après la mort de plusieurs centaines de personnes lors d'un tir contre un hôpital de Gaza, imputé par les autorités du territoire palestinien à Israël, qui rejette toute responsabilité. D'importants rassemblements ont eu lieu à Amman, Tunis, Beyrouth, Damas et d'autres capitales, comme Manama, au lendemain du drame qui a fait au moins 471 morts, selon le ministère de la Santé de la bande de Gaza assiégée et suscitée des appels à une "journée de colère" dans le monde arabe.
>> LIRE AUSSI - Risque d'attentat terroriste : comment Emmanuel Macron est-il passé de «l'État vous protège» à «soyez vigilants» ?
"Massacres en série"
Le Hamas, mouvement islamiste palestinien qui contrôle le territoire, a accusé Israël d'être à l'origine de cette frappe. L'armée israélienne a imputé l'explosion dans l'hôpital de la ville de Gaza à un tir de roquette raté du Jihad islamique - allié du Hamas - qui a qualifié ces accusations de "mensonges". Mercredi, devant l'ambassade d'Israël à Amman, environ 10.000 manifestants, selon une source sécuritaire jordanienne, se sont rassemblés pour exiger l'expulsion de la mission diplomatique israélienne à la suite de l'attaque.
En dépit du blocage des routes menant à l'ambassade par les forces de sécurité, la manifestation a grossi, attestant de la colère de la rue en Jordanie, pays qui abrite un grand nombre de réfugiés palestiniens. "Pas d'ambassade sioniste sur le territoire jordanien", ont scandé les manifestants, brandissant des drapeaux palestiniens. À Bahreïn, qui a aussi normalisé ses relations avec Israël, en 2020, une poignée de militants se sont rassemblés devant l’ambassade d’Israël à Manama, un quartier quadrillé par la police, appelant notamment leur pays à rompre ses liens avec Israël.
En Tunisie, des milliers de manifestants pro palestiniens se sont rassemblés devant l'ambassade de France, condamnant le soutien occidental à Israël. D'autres manifestations ont eu lieu dans d'autres villes tunisiennes, à Bizerte (nord), Sousse (est), Sfax (centre), Kairouan (centre) et Gabès (sud). Une trentaine de personnes se sont aussi rassemblées près de l'ambassade américaine dans la banlieue nord de Tunis, alors que le président américain, Joe Biden, a appuyé la version israélienne sur la frappe. La police a empêché les manifestants d'accéder au bâtiment.
Certains ont réclamé l'expulsion de l'ambassadeur
Devant la représentation française, certains ont réclamé l'expulsion de l'ambassadeur, accusant la France de faire partie des "alliés occidentaux des sionistes", ont rapporté des journalistes de l'AFP. Au Liban, des centaines de personnes ont pris part à une manifestation à l'appel du Hezbollah pro-iranien et allié du Hamas dans son fief de la banlieue sud de Beyrouth, brandissant des drapeaux palestiniens et du parti chiite.
"Ce qui se passe à Gaza n'est pas un conflit ou une guerre (...) des massacres en série sont commis", a déclaré un haut responsable du mouvement, Hachem Safieddine. "Les Israéliens tenteront de cibler davantage d'hôpitaux, de personnel paramédical, secouristes et d'habitants de Gaza sans sourciller afin d'en expulser" les habitants, a-t-il ajouté, avant de mettre en garde Israël contre un tel "projet".
À Damas, la capitale syrienne, des centaines de personnes brandissant des drapeaux palestiniens se sont rassemblés près du Parlement, nombre d'entre elles portant des t-shirts à l'effigie du président Bachar al-Assad. Des milliers d'Égyptiens battent également le pavé mercredi dans différentes villes du pays, où manifester est habituellement illégal, selon des images diffusées par des médias locaux et sur les réseaux sociaux.
Au Yémen, une manifestation massive de soutien aux Palestiniens a eu lieu dans la capitale Sanaa, aux mains des rebelles Houthis, proches de l’Iran. "Le peuple yéménite est sorti dans la rue pour dénoncer (…) le massacre à l’hôpital (...) commis par les sionistes" et "leur dire que notre peuple ne restera pas les bras croisés", a affirmé le responsable des Houthis, Fouad Naji. Dans les régions contrôlées par le gouvernement yéménite, des centaines de personnes ont également manifesté à Taez et à Marib.