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Marion Gauthier (envoyée spéciale à Bielsk Podlaski), édité par Laura Laplaud , modifié à
Des milliers de migrants sont massés à la frontière de la Pologne, poussés par des soldats Biélorusses. Ceux qui parviennent à la franchir, s'aventurent et se cachent dans la forêt de Podlaskie, par des températures proches de 0 degré. Les ONG alertent sur une crise humanitaire majeure. Europe 1 s'est rendu sur place.
REPORTAGE

Entre la Pologne et la Biélorussie, les hôpitaux proches de la frontière reçoivent de plus en plus de migrants. Pourtant, il est parfois difficile pour ces établissements de santé de les accueillir. À Hajnowka, l'hôpital manque déjà cruellement de lits, submergé par une énième vague de coronavirus. Alors qu'ils n'étaient qu'une poignée cet été à mobiliser les urgences du petit hôpital d'Hajnowka, ils sont près de 160 depuis le mois dernier à demander des soins. Une situation complexe pour Tomasz Musiuk, le directeur adjoint de l'établissement, qui manque de place. "La frustration est immense... Si ces patients sortent de notre hôpital, on sait qu’ils sont transportés sur la frontière", relate-t-il.

"Dans ses yeux, on voit qu'il nous supplie"

Le médecin décrit mécaniquement des patients transis de froid, déshydratés, et parfois blessés. "Il y a eu ce couple avec un enfant en bas âge… la femme et l’enfant pouvaient rester, mais le père devait partir avec les gardes-frontière. Dans ses yeux, on voit qu’il nous supplie", raconte avec émotion le professionnel.

"Reconduire ces gens à la frontière n’a pas de sens !" s’emporte Natalia Gebert, à la tête de l'ONG Dom Otwarty qui fournit notamment une aide juridique aux demandeurs d’asile soignés ici. "Vous renvoyez quelqu’un en Biélorussie ? Ils le forceront à revenir vers la Pologne ! Et les soignants reverront probablement leurs patients quelques semaines après l’avoir soigné s'ils sont amenés à l’hôpital", s'exclame-t-elle.

Il y a évidemment des refus. Ceux des ambulances qui ne veulent pas aider ceux qu'ils appellent des "illégaux" et puis, ceux des migrants eux-mêmes parfois qui veulent éviter un refoulement. Une dizaine de morts serait déjà à déplorer.