La piste terroriste est étudiée "sérieusement" dans l'enquête sur la tuerie qui a fait trois morts lundi dans un tramway à Utrecht (Pays-Bas), ont annoncé mardi les enquêteurs, assurant n'avoir trouvé "aucun lien" entre le principal suspect, d'origine turque, et les victimes.
Une lettre retrouvée dans la voiture du suspect. "A ce stade un motif terroriste est pris en compte sérieusement", ont indiqué dans un communiqué commun le parquet et la police locale, qui ont interpellé au total trois suspects lundi. Ils ont expliqué se baser sur une lettre retrouvée dans la voiture du suspect principal, Gokmen Tanis, un homme de 37 ans né en Turquie. Ce dernier a été arrêté lundi à l'issue d'une chasse à l'homme de huit heures. Une arme à feu a été saisie lors de son interpellation, ont précisé les enquêteurs.
Lundi, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte avait affirmé qu'on ne pouvait "exclure" d'autres pistes que la motivation terroriste, notamment celle d'une dispute familiale. "Il y a beaucoup de questions et de rumeurs", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à La Haye. "Quel est le motif, terroriste ou autre, nous ne le savons pas encore, mais nous ne pouvons rien exclure", a-t-il ajouté. "Les autres motifs ne sont pas exclus, ils sont aussi l'objet d'investigations", ont renchéri mardi le parquet et la police.
Deux autres individus toujours en garde à vue. Outre le suspect principal, deux autres hommes âgés de 23 et 27 ans étaient encore en garde à vue mardi après leur arrestation lundi soir. Aucune précision n'a été donnée sur leur degré d'implication présumé. Dès le début de matinée, des habitants de cette ville de quelque 350.000 habitants, la quatrième des Pays-Bas, ont commencé à déposer des fleurs sur les lieux du drame en hommage aux victimes. La tuerie a fait trois morts et sept blessés dont trois grièvement, selon un bilan actualisé. Les personnes décédées sont une femme de 19 ans et deux hommes de 28 et 49 ans, tous originaires de la province d'Utrecht, a-t-on appris mardi.
Au lendemain du drame, les trams roulaient à nouveau après l'interruption du service, le temps que la police scientifique achève son travail sur la scène de crime, une place très fréquentée du centre-ville. Alors que les drapeaux étaient en berne sur de nombreux bâtiments du pays, Mark Rutte a présidé une réunion de cabinet la tuerie, qui fait craindre pour la sécurité publique à la veille d'importantes élections provinciales aux Pays-Bas.
L'assaillant connu de la justice néerlandaise. Lundi le niveau de menace terroriste avait été porté à cinq à Utrecht (son plus haut niveau), dans la foulée de l'attaque. Il avait été abaissé après l'interpellation de Gokmen Tanis. Sur cet homme déjà connu de la justice néerlandaise, considéré comme le suspect principal, les services de renseignement turcs sont en train de "rassembler des informations", a indiqué lundi soir le président turc Recep Tayyip Erdogan. "Certains disent que (la fusillade) est un différend familial, d'autres disent que c'est un acte terroriste", a-t-il ajouté lors d'un entretien avec la chaîne de télévision turque Ulke TV.
Selon la radio-télévision publique néerlandaise NOS, Gokmen Tanis avait comparu il y a deux semaines en justice aux Pays-Bas dans une affaire de viol. Certains membres de sa famille auraient des liens avec des groupes de musulmans radicaux, mais, a précisé NOS, Gokmen Tamis est également connu pour son comportement instable depuis la séparation d'avec sa femme il y a deux ans. Des témoins de la tuerie dans le tramway ont rapporté que le tireur avait pris pour cible une femme et des personnes tentant de l'aider, selon des médias.