La guerre commerciale que se livrent les grandes puissances a perduré lors du G20 qui s'est ouvert samedi à Buenos Aires : le FMI a regretté qu'elle entame la croissance mondiale, la France a appelé Washington à faire machine arrière, mais les États-Unis sont inflexibles.
Des États-Unis inflexibles. Après les taxes douanières sur l'acier et l'aluminium, visant avant tout la Chine, qui ont mis le feu aux poudres, les États-Unis menacent de surtaxer les importations automobiles européennes, de sanctionner les pays qui commercent avec l'Iran et ont promis de limiter de manière drastique leurs achats de produits chinois.
Mnuchin persiste et signe. Samedi à Buenos Aires, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a ratifié cette politique controversée, critiquée y compris par des alliés des États-Unis, lors du G20 des ministres des Finances et des gouverneurs de banque centrale.
Représentant de la première puissance mondiale, Steven Mnuchin a monopolisé l'attention. Il a appelé la Chine et l'Union européenne à faire des concessions pour parvenir à une relation commerciale plus équilibrée, après les déclarations fracassantes de Donald Trump qui a traité d'"ennemis" commerciaux Pékin, Bruxelles et Moscou.
Les États-Unis seuls contre tous. Face à la Chine, les États-Unis accusent un déficit commercial de 376 milliards de dollars (soit environ 320 milliards d'euros) en 2017 et comptent le réduire. L'administration Trump a menacé d'imposer des taxes punitives sur la totalité des importations chinoises, qui représentaient 500 milliards de dollars en 2017. Pékin accuse Washington de vouloir déclencher "la pire guerre commerciale de l'histoire économique" et a réagi en imposant de nouvelles taxes sur des produits américains.
De son côté, l'Europe exige des États-Unis l'exemption des surtaxes sur l'acier et l'aluminium, qui plombe son industrie sidérurgique. Elle espère que Washington épargnera son vieil allié européen, qui essuie des dégâts collatéraux, car la première puissance mondiale vise en premier lieu la Chine, numéro deux de l'économie mondiale.
Une guerre commerciale qui pourrait ralentir la croissance mondiale. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, se rendra mercredi à Washington pour des pourparlers, mais pas question pour les pays européens d'accepter le diktat commercial des États-Unis. "Nous refusons de négocier avec un pistolet sur la tempe. C'est aux États-Unis de faire un pas pour enclencher une désescalade, et arranger tout ça", a déclaré fermement le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire. La directrice du FMI, Christine Lagarde, a estimé que la guerre commerciale qui sévit depuis quelques mois pourrait réduire la croissance mondiale "de 0,5 point".
Un communiqué attendu pour dimanche. Le G20 Finances planche aussi sur les risques de crise dans les pays émergents, la taxation des géants du numérique, qui sont pour l'instant peu imposés. D'après une source proche des discussions, le communiqué final du G20 Finances diffusé dimanche après la clôture des débats devrait acter le risque pour la croissance mondiale des tensions commerciales, l'engagement à travailler sur la taxation du commerce numérique et l'encadrement des crypto actifs, afin d'éviter le blanchiment, la fraude et leur prise en main par des organisations terroristes.