L'opposant gabonais Jean Ping a affirmé jeudi matin que son QG était pris d'assaut par les forces de sécurité à Libreville, où l'Assemblée nationale a été incendiée, points culminants des violences dans la capitale gabonaise depuis l'annonce de la victoire du sortant Ali Bongo Ondimba à la présidentielle.
Un écart marginal entre les deux candidats. "Ils ont attaqué vers 01h00 (locale). C'est la garde républicaine. Ils ont bombardé par hélicoptères puis ils ont attaqué au sol. Il y a 19 blessés dont certains très graves", a déclaré Jean Ping, précisant qu'il n'était pas sur les lieux. Quelques heures plus tôt, la commission électorale avait annoncé la réélection du président sortant pour un deuxième septennat avec 49,80% des suffrages devant son rival Jean Ping (48,23%), 73 ans, ex-cacique du régime du défunt Omar Bongo, le père d'Ali. Cet écart marginal représente une différence de 5.594 voix, sur un total de 627.805 inscrits, dans ce petit pays pétrolier d'à peine 1,8 million d'habitants.
Post-election riots in #Libreville#Gabon as opposition supporters refuse to accept results. pic.twitter.com/iLuXR7oUW9
— fredrick matakala (@wanjalafred) 31 août 2016
L'opposition réclame un recomptage des voix. Ali Bongo Ondimba, 57 ans, devrait sa réélection à son score écrasant dans son fief familial, le Haut-Ogooué, où il aurait obtenu 95,46% pour plus de 99% de participation. Mais l'opposition a réclamé un recomptage des voix dans tous les bureaux de vote et ses partisans sont massivement descendus dans la rue. Au moins six personnes ont été admises à la polyclinique Chambrier à Libreville pour des blessures par balle. Plusieurs d'entre elles ont indiqué avoir été blessées par les forces de l'ordre près de l'Assemblée, incendiée dans l'après-midi. Un panache se dégageait dans la nuit au-dessus du palais Léon Mba.
Des troubles observés à Libreville. Dès l'annonce de la victoire controversée d'Ali Bongo, des troubles ont éclaté sur les grandes artères entre les forces de l'ordre et des opposants scandant "Ali doit partir". "On nous a volé les élections", criaient aussi les manifestants, qui accusent Ali Bongo de poursuivre la dynastie installée par son père, président pendant 41 ans jusqu'à sa mort en 2009, et perpétuée par l'élection de son fils la même année. "Nous déplorons lors de la manifestation de ce jour trois morts et plusieurs blessés", a accusé sur son compte Twitter Jean Ping. Le gouvernement a démenti qu'il y ait des victimes. Au moment même des troubles, Ali Bongo s'est félicité d'une élection "exemplaire", "dans la paix et la transparence".
Ali Bongo tire sur le peuple à balles réelles. Nous déplorons lors de la manifestation de ce jour 3 morts et plusieurs blessés. #Gabon
— Jean Ping (@pingjean) 31 août 2016
Ex-baron du régime du président Omar Bongo, opposant tardif après l'élection de son fils en 2009, Jean Ping prétend mettre fin au règne de la famille au pouvoir depuis 1967.