Une tentative de coup d'État menée par une poignée de soldats a échoué lundi au Gabon, pays dont le président, malade, est absent depuis deux mois et demi et où le gouvernement n'assure plus que les affaires courantes.
Le chef du commando arrêté, deux autres membres tués. Le chef du commando, qui s'est présenté comme étant le lieutenant Ondo Obiang Kelly, commandant-adjoint de la Garde républicaine (GR) chargée de la protection de la présidence gabonaise, a été arrêté et deux autres membres ont été tués, a annoncé la présidence dans l'après-midi.
Des militaires appelaient à un soulèvement. Pour la première fois dans l'histoire du Gabon, un groupe de militaires est apparu lundi à l'aube à la radio-télévision nationale (RTG), à Libreville, appelant à un soulèvement et annonçant la prochaine formation d'un "Conseil national de restauration" de la démocratie. Le chef du groupe, qui a lancé cet appel à la radio, "a été arrêté", selon la présidence, affirmant que "la situation est sous contrôle". Les forces de sécurité ont "pris le bâtiment (de la radio) d'assaut, abattu deux membres du commando et libéré les otages", selon le communiqué. Les six membres du commando, après avoir "neutralisé" les gendarmes devant la RTG ont "intercepté et séquestré cinq journalistes et techniciens" et lu leur communiqué, selon la même source.
Internet coupé dans la capitale. Les forces de sécurité ont été déployées à Libreville pour maintenir l'ordre, a déclaré de son côté le porte-parole du gouvernement, Guy-Bertrand Mapangou. Mais, selon lui, les frontières du pays restent ouvertes. En revanche, Internet était coupé dans Libreville, a constaté un journaliste de l'AFP.
Paris condamne la tentative de coup d'État. L'Union africaine a "fermement" condamné "la tentative de coup", réaffirmant "le rejet total par l'UA de tout changement inconstitutionnel de pouvoir". Paris a également condamné cette tentative de coup d'État, appelant au "strict respect" de la Constitution dans cette ancienne colonie française et pays producteur de pétrole.
Ali Bongo absent depuis plus de deux mois. Victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC) le 24 octobre dernier en Arabie saoudite, le chef de l'État, Ali Bongo Ondimba, âgé de 59 ans et dont la famille est au pouvoir depuis 1967, a été transféré ensuite au Maroc, où il poursuit depuis sa convalescence sans qu'aucune date n'ait été fixée pour son retour au Gabon. La vacance du pouvoir n'a pas été déclarée en l'absence du chef de l'État. La Cour constitutionnelle a transféré une partie de ses pouvoirs au Premier ministre et au vice-président. Le gouvernement ne fait qu'assurer les affaires courantes.
Dans leur message, les militaires putschistes ont dénoncé la "confiscation du pouvoir par ceux qui le 31 août 2016 ont fait assassiner nos jeunes compatriotes", en référence aux troubles qui avaient suivi la dernière élection présidentielle qui avait vu la réélection, contestée par l'opposition, d'Ali Bongo.