Cinq mois de combats entre l'armée israélienne et le Hamas ont plongé la bande de Gaza dans une crise humanitaire, en particulier le nord, difficilement accessible, où la faim atteint des "niveaux catastrophiques", selon le Programme alimentaire mondial (PAM).
Le PAM a annoncé mardi qu'un de ses convois humanitaires, son premier à destination du nord de Gaza depuis 15 jours, a été pillé par "une foule désespérée" après avoir été bloqué à un checkpoint israélien à l'intérieur du territoire palestinien.
Face à la catastrophe humanitaire, les États-Unis, principal soutien d'Israël, font pression pour un cessez-le-feu avant le ramadan, le mois sacré du jeûne musulman, qui commence le 10 ou le 11 mars. "C'est dans les mains du Hamas", a déclaré le président américain mardi, jugeant que les Israéliens étaient "coopératifs".
Joe Biden a estimé que la situation deviendrait "très dangereuse" en Israël, en particulier à Jérusalem, en cas de poursuite des hostilités pendant le ramadan. La voie des négociations "ne sera pas ouverte indéfiniment", a de son côté mis en garde un responsable du Hamas basé à Beyrouth.
Depuis des semaines, l'Égypte, le Qatar et les États-Unis, qui font office de médiateurs, tentent d'obtenir une trêve dans la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre.
Discussions "difficiles"
Au Caire, des discussions "difficiles" débutées dimanche doivent se poursuivre mercredi entre des représentants des trois pays et du Hamas, mais sans Israélien, a rapporté la chaîne AlQahera News, proche du renseignement égyptien, citant un haut responsable.
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Le plan discuté prévoit une trêve de six semaines qui permettrait la libération d'otages retenus à Gaza en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé.
Mardi, un dirigeant du Hamas, Mahmoud Mardawi, a réitéré à l'AFP les exigences du Hamas avant tout accord sur les otages: un cessez-le-feu définitif, un retrait des troupes israéliennes de Gaza, la reconstruction du territoire et le retour des déplacés de guerre.
Israël jure d'anéantir le Hamas
Israël rejette ces conditions, assure que l'offensive se poursuivra jusqu'à la "victoire totale", et, selon des médias, demande aussi une liste précise des otages retenus à Gaza. Selon Israël, 130 otages sont encore dans la bande de Gaza, dont 31 présumés morts, sur les quelque 250 personnes enlevées le 7 octobre.
La guerre a été déclenchée ce jour-là par une attaque de commandos du Hamas infiltrés dans le sud d'Israël depuis Gaza, qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les États-Unis et l'Union européenne. L'offensive israélienne a fait au moins 30.631 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
Parallèlement aux efforts diplomatiques, les combats continuent sur le terrain et Israël se montre déterminé à lancer une opération terrestre sur Rafah, à l'extrême sud du territoire, à la frontière fermée avec l'Egypte, où sont massés près de 1,5 million de Palestiniens, selon l'ONU.
"Plus d'aide"
Les Américains haussent le ton ces derniers jours face à la situation humanitaire toujours plus catastrophique dans la bande de Gaza. Mardi, Joe Biden a réclamé "plus d'aide" et estimé qu'Israël n'a "pas d'excuses" pour restreindre l'entrée des convois attendant à la frontière avec l'Egypte.
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Soumise au contrôle d'Israël, l'aide n'entre actuellement qu'au compte-gouttes dans le territoire palestinien, principalement depuis Rafah. Selon l'ONU, la famine est "quasiment inévitable" pour 2,2 des 2,4 millions d'habitants. La situation est notamment critique dans le nord, largement ravagé, du territoire où l'acheminement de l'aide par voie terrestre est rendu difficile par les destructions et les combats.
Selon le PAM, 14 camions transportant environ 200 tonnes de nourriture faisaient route mardi vers le nord, pour la première fois depuis que l'agence y a suspendu ses livraisons le 20 février. Le convoi a ensuite été arrêté à un checkpoint de l'armée israélienne.
8 avions de transport ont procédé mardi à des parachutages d'aide dans le nord de Gaza
Après trois heures d'attente à ce checkpoint dans le centre du territoire, le convoi a été contraint de rebrousser chemin puis pillé par "une foule désespérée qui s'est emparée du chargement", a précisé l'agence onusienne. Le 29 février, une bousculade accompagnée de tirs israéliens lors d'une distribution d'aide dans la ville de Gaza (nord) avait fait plus d'une centaine de morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Par ailleurs, huit avions de transport jordaniens, américains, français et égyptien ont procédé mardi à des parachutages d'aide dans le nord de Gaza, a annoncé l'armée jordanienne, qui évoque "la plus grande opération de ce type" depuis le début de la crise.
"Les parachutages sont une solution de dernier recours et ne permettront pas d'éviter la famine", a souligné Carl Skau, directeur exécutif-adjoint du PAM. "Nous avons besoin de points d'entrée dans le nord de Gaza afin de livrer suffisamment de nourriture pour un demi-million de personnes qui en ont désespérément besoin", a-t-il ajouté.
L'ONU a également exhorté le monde à "inonder" Gaza d'aide. "Les enfants qui commencent à mourir de faim (...) cela devrait être une alarme pas comme les autres", a déclaré mardi Jens Laerke, porte-parole du bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).