Gaza : Netanyahu jure de faire payer au Hamas sa violation «cruelle» de l'accord de trêve
Ce vendredi, Benjamin Netanyahu a juré de faire payer au Hamas sa violation "cruelle" du cessez-le-feu. L'un des corps remis par le mouvement palestinien n'est pas celui de Shiri Bibas, otage israélienne. Un responsable du Hamas a jugé "probable" son corps "ait été mélangé par erreur avec d'autres sous les décombres" à Gaza.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a juré ce vendredi de faire payer au Hamas le prix fort de sa violation "cruelle" du cessez-le-feu, après avoir affirmé que l'un des corps remis par le mouvement palestinien n'était pas celui de l'otage israélienne Shiri Bibas comme annoncé.
Un corps "mélangé par erreur avec d'autres sous les décombres"
Dans une première réaction, un responsable du Hamas, qui a requis l'anonymat, a jugé "probable" que le corps censé être celui de l'otage Shiri Bibas "ait été mélangé par erreur avec d'autres sous les décombres" à Gaza, et annoncé une enquête.
Le Hamas avait affirmé jeudi avoir remis le corps de Shiri Bibas, ceux de ses deux enfants, Ariel et Kfir, et celui d'un octogénaire, Oded Lifshitz, tous enlevés lors de l'attaque d'une violence sans précédent menée par le mouvement islamiste contre Israël le 7 octobre 2023.
Cette escalade risque de mettre en péril l'accord de trêve fragile dans la bande de Gaza, entré en vigueur le 19 janvier après 15 mois de guerre dévastatrice déclenchée par l'attaque du 7 octobre. Dans le cadre de cet accord, le Hamas doit libérer samedi six otages vivants contre des prisonniers palestiniens.
Au lendemain d'une journée de deuil en Israël marquée par la remise par le Hamas à Gaza des dépouilles de trois otages israéliens, dont celles des deux enfants Bibas, Benjamin Netanyahu a dit que le quatrième corps n'était pas celui de leur mère, mais d'une femme à Gaza.
"Avec un cynisme inimaginable, ils n'ont pas rendu Shiri avec ses petits enfants, les petits anges, et ont placé le corps d'une femme de Gaza dans le cercueil", a déclaré Benjamin Netanyahu dans un communiqué. "Nous agirons avec détermination pour ramener Shiri à la maison ainsi que tous nos otages -les vivants et les morts- et nous veillerons à ce que le Hamas paie le prix de cette violation cruelle et perverse de l'accord", a-t-il averti.
Enfants "tués en captivité"
Les dépouilles ont été restituées dans le cadre de la première phase de l'accord de trêve conclu via les médiateurs - Égypte, Qatar, États-Unis.
"Sur la base des renseignements disponibles et des indicateurs de diagnostic, Ariel et Kfir Bibas ont été brutalement tués en captivité en novembre 2023 par des terroristes palestiniens", a affirmé de son côté le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, en confirmant aussi l'identité de l'otage mort Oded Lifshitz.
Le Hamas a toujours affirmé qu'Ariel et Kfir Bibas, âgés respectivement de quatre ans et huit mois et demi lors de leur enlèvement, avaient été tués dans des bombardements israéliens à Gaza. Kfir Bibas était le plus jeune des 251 otages enlevés le 7 octobre 2023. Leur père enlevé ce jour-là a été libéré le 1ᵉʳ février dernier.
"C'est probablement l'un des jours les plus tristes qu'ait connu Israël. Je ressens de la rage contre le Hamas et de la frustration envers notre gouvernement qui n'a pas ramené (tous les otages) chez eux", dit à l'AFP Elisheva Flamm Oren, une fonctionnaire de 66 ans rencontrée dans un marché de Jérusalem-Ouest.
"Monstres du Hamas"
Dès jeudi, Benjamin Netanyahu s'en est pris au Hamas pour avoir mis en scène la restitution des dépouilles à Khan Younès dans le sud de Gaza. "Nous sommes tous fous de rage contre les monstres du Hamas", a-t-il dit. "Nous détruirons les meurtriers et éliminerons le Hamas."
Des combattants armés et cagoulés ont exposé sur un podium quatre cercueils noirs portant chacun la photo d'un des otages. Au-dessus, un poster où Benjamin Netanyahu apparaissait le visage maculé de sang, flanqué de dents de vampire. Les dépouilles ont ensuite été remises à la Croix-Rouge.
C'est la première fois que le Hamas remet des corps d'otages depuis son attaque du 7 octobre. L'armée israélienne avait retrouvé plusieurs corps d'otages durant ses opérations à Gaza. Depuis le début de la première phase de l'accord de trêve devant s'achever le 1ᵉʳ mars, 19 otages israéliens ont été libérés contre plus de 1.100 prisonniers palestiniens.
Un total de 33 otages, dont huit morts, doivent être remis par le Hamas en échange de 1.900 Palestiniens détenus par Israël durant cette phase.
"Opération intensive" en Cisjordanie
Mercredi, le Hamas s'est dit prêt à libérer "en une seule fois", et non plus en étapes successives, tous les otages encore retenus à Gaza lors de la deuxième phase. Mais les négociations indirectes sur cette deuxième étape, censée mettre fin définitivement à la guerre, ont été retardées. La troisième et dernière phase doit en principe porter sur la reconstruction de Gaza.
L'attaque du 7 octobre a entraîné la mort de 1.211 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité.
L'offensive israélienne de représailles a fait au moins 48.319 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU. Elle a aussi provoqué un désastre humanitaire dans le territoire assiégé.
Benjamin Netanyahu a par ailleurs ordonné une "opération intensive" en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, après que son ministre de la Défense a accusé des "organisations terroristes palestiniennes" d'être à l'origine d'une série d'explosions dans des bus jeudi soir à Bat Yam (centre d'Israël), qui n'ont pas fait de victime.