Alors que la Ghouta orientale, assiégée et bombardée par le régime syrien, compte ses morts par centaine depuis trois jours, Emmanuel Macron a appelé mercredi à une trêve dans les meilleurs délais. Mais la France peut-elle aller plus loin et intervenir en Syrie ? "Nous n’avons pas les moyens d’intervenir. La France a choisi dès le départ de la crise syrienne de ne pas s’engager. Aujourd’hui, la seule façon de pouvoir intervenir est de parler 'humanitaire' et de parler 'réunion du Conseil de sécurité à l’ONU'", tranche dans Europe Soir le général Dominique Trinquand, conseiller Défense d’Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle.
Une intervention risquée en dépit d’alliés sûrs. "Il y a une négociation à l’ONU à New York ; mais il y a aussi une négociation sur place, dans la Ghouta (…) entre les Syriens, les Russes et les rebelles. Et là la France doit être hors-jeu dans la discussion", complète-il. Pour Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales et professeur à Sciences Po Paris, l’intervention de la France sur le sol syrien serait même trop risquée : "L’intervention militaire des Occidentaux aurait un effet de complication du jeu. Intervenir en Syrie, c’est risqué de se voir contrer par toute une série de forces" impliquées sur le sol syrien.
" La France cherche à retrouver une place dans la négociation "
Si une intervention française en Syrie aurait des résultats non probants selon lui, c’est parce que Paris manque notamment d’alliés dans la région. "Les parties prenantes dans le conflit syrien sont des parties défaites sur le plan militaire mais surtout défaites sur le plan diplomatique (...) Les puissances occidentales n’ont pas d’alliés sûrs dans la région. Nous ne sommes pas seulement impuissants, nous sommes hors-jeu", affirme Bertrand Badie. Le succès militaire des Russes en Syrie tient justement au fait que Moscou a des points d’appui dans la région, que ce soit le régime de Damas lui-même, l’Iran ou encore le Hezbollah.
Une guerre désormais diplomatique. Restera ensuite à convertir les succès militaires en victoire politique. Et Paris, désormais hors-jeu sur le terrain, en est donc réduit à jouer ce rôle diplomatique sur la scène internationale. "La France, comme les puissances occidentales, ne cherche plus tellement à mettre fin au conflit syrien qu'à retrouver une place dans la négociation de la question syrienne", estime Bertrand Badie. Amèrement, le professeur résume ainsi : "On est dans une situation où l’élément central de chaque diplomatique n’est pas tant de gagner la paix que de faire en sorte que les initiatives diplomatiques de l’autre échouent."
Que se passe-t-il dans la Ghouta orientale en Syrie ? On vous explique en 1 minute :