Le géant pétrolier anglo-néerlandais Shell a obtenu jeudi de la Haute Cour de Londres l'arrêt des poursuites au Royaume-Uni concernant des accusations de pollution au Nigeria. Les plaignants vont faire appel de cette décision.
Des fuites d'oléoduc dans le sud-est du Nigeria. La Haute Cour a rejeté deux recours collectifs engagés à Londres par plus de 40.000 Nigérians des communautés Ogale et Bille qui tiennent Shell et sa filiale nigériane SPDC responsables des fuites d'oléoducs ayant détruit leurs terres et pollué leurs étangs dans le delta du Niger, dans le sud-est du Nigeria. La Cour a estimé que Royal Dutch Shell n'était pas légalement responsable des agissements de sa filiale SPDC et ne pouvait donc pas faire l'objet de poursuites devant les tribunaux britanniques.
"C'est absolument faux", a déclaré à l'AFP Daniel Leader, l'un des avocats des plaignants, annonçant qu'ils allaient faire appel. Selon l'avocat, cette décision "surprenante" contredit celles d'autres tribunaux européens. En 2012, la Cour européenne de justice avait en effet estimé que Shell "exerçait une influence décisive sur la conduite de ses filiales", a-t-il rappelé.
Pas la première affaire contre Shell concernant le Nigeria. Une enquête de l'ONU avait déjà pointé en 2011 les ravages de la pollution pétrolière dans l'Ogoniland. Selon l'ONU, les dégâts pourraient nécessiter l'opération de nettoyage la plus vaste jamais entreprise au monde, d'une durée de 25 à 30 ans.
Plus grand producteur de pétrole du Nigeria, Shell conteste également les accusations en soulignant que "Bille et Ogale sont deux régions durement touchées par le vol de pétrole, le sabotage des oléoducs et le raffinage illégal qui restent les principales sources de pollution dans le delta du Niger". En janvier 2015, au terme d'une bataille juridique de trois ans, Shell avait accepté de verser plus de 80 millions de dollars (75 millions d'euros) à 15.600 pêcheurs de Bodo, une autre communauté nigériane touchée par deux importantes fuites de pétrole en 2008.