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Guerre commerciale : Emmanuel Macron dénonce une décision «brutale et infondée» de Donald Trump

Europe 1 avec AFP - Mis à jour le . 3 min

Emmanuel Macron a fermement condamné la décision de Donald Trump d'imposer de nouvelles taxes douanières sur les importations, qualifiant cette mesure de "brutale et infondée". Face à ces sanctions, la France prépare une riposte européenne, avec des contre-mesures ciblées sur des secteurs clés comme l'aéronautique et le luxe.

Emmanuel Macron a qualifié jeudi de "brutale et infondée" la décision de Donald Trump de rehausser brusquement les droits de douane, à l'ouverture d'une réunion à l'Élysée de responsables des principales filières affectées par ces mesures. Le président américain a signé un décret généralisant des droits de douane de 10% minimum sur toutes les importations arrivant aux États-Unis et de 20% pour les produits arrivant de l'UE.

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"Une chose est sûre, avec les décisions de cette nuit, l'économie américaine et les Américains, qu'il s'agisse des entreprises ou des citoyens, sortiront plus faibles qu'hier, et plus pauvres", a également déclaré le président Macron, appelant les Européens à "rester unis" dans ces circonstances.

Pour lui, "tous les instruments sont sur la table", pour répondre, y compris la suspension des investissements aux États-Unis. Le président français a évoqué une "riposte européenne" en "deux étapes".

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"La première riposte aura lieu mi-avril, elle porte sur les taxes déjà décidées en particulier sur acier et aluminium". "La deuxième réponse, plus massive, celle aux tarifs annoncés hier (mercredi), se fera à la fin du mois après une étude précise, secteur par secteur".

"Une négociation ferme" avec les États-Unis

L'inquiétude des milieux économiques était générale au lendemain des annonces de Donald Trump. Avant la réunion, dans une déclaration transmise à l'AFP, le président du Medef Patrick Martin avait, lui aussi, évoqué des mesures "d'une extrême gravité pour l’économie européenne et probablement pour l’économie américaine elle-même."

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Il avait prôné à la fois "une négociation ferme" avec les États-Unis, mais aussi à la mise en place de mesures de soutien aux secteurs impactés". La réunion de l'Élysée regroupe les représentants des grandes filières exportatrices et du patronat, en présence de François Bayrou et des ministres concernés (économie, agriculture, industrie, commerce extérieur). François Bayrou pour sa part a considéré que la décision américaine était "une atteinte à l'idée que nous nous faisions de la stabilité du monde, en tout cas occidental".

"Rapport de force"

Sont réunis à l'Élysée les représentants des filières aéronautiques (dont Guillaume Faury, de Airbus), industrielles, agricoles et viticoles. Ainsi que ceux de la chimie, de l'électronique, de la métallurgie, de la santé et des cosmétiques. Pour Emmanuel Guichard, de la Fédération des Entreprises de la Beauté (FEBEA), "il y aura forcément un impact pour l'industrie cosmétique de passer de 0% à 20% de droits de douane. Il sera avalé soit par l'inflation, soit par la baisse des volumes vendus avec les États-Unis, notre premier marché à l'export", a-t-il indiqué à l'AFP.

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Le secteur automobile, qui sera touché par une surtaxe spécifique de 25% sur les voitures importées, n'était pas représenté à la réunion. À la Bourse de Paris, le CAC 40 accusait le coup, chutant de près de 3% à quarante minutes de la clôture. Les États-Unis étaient en 2023 le 4ᵉ marché à l'exportation de la France, derrière l'Allemagne, l'Italie et la Belgique, selon les douanes françaises.

Parmi les secteurs les plus exposés figurent l'aéronautique (avec 9 milliards d'euros en 2024, il représente un cinquième des exportations de la France vers les États-Unis), le luxe (parfums, maroquinerie etc.), les vins et le cognac.

"Impact énorme"

"Nous évaluons les impacts potentiels", a déclaré jeudi à l'AFP un porte-parole d'Airbus. "Nous vendons aux États-Unis, nous fabriquons, nous assemblons, nous développons aux États-Unis, comme peu d'autres entreprises", avait expliqué en février le PDG de l'avionneur européen, Guillaume Faury. Côté vins et alcools distillés, la France, réputée pour ses vins de Bordeaux, de Bourgogne ou de Champagne, en exporte massivement aux États-Unis, qui est son premier marché à l'exportation.

En 2024, quelque 2,4 milliards d'euros de "vins de raisin" ont traversé l'Atlantique pour les États-Unis, auxquels il faut ajouter 1,5 milliard d'euros de "boissons alcoolisés distillées", notamment le cognac. La Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) craint "un recul des exportations (aux États-Unis) d'environ 800 millions d'euros", avec "un impact énorme sur l'emploi et l'économie du secteur". D'après les annonces faites mercredi, Donald Trump semble avoir abandonné l'idée d'une taxation à 200% des alcools européens qu'il avait envisagés à la mi-mars.