Les Vingt-Sept se penchent jeudi sur sa candidature d'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne, un jalon hautement symbolique près de quatre mois après son invasion par l'armée russe. Pendant ce temps, les forces russes continuent de resserrer leur étau dans le Donbass sur les villes jumelles de Lyssytchansk et Severodonetsk.
Les informations à retenir :
- Les Vingt-Sept se penchent jeudi sur sa candidature d'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne
- L'exécutif européen a rendu il y a quelques jours un avis favorable sur la candidature de l'Ukraine
- Des lance-roquettes américains livrés à l'Ukraine
- La crise alimentaire va faire "des millions de victimes" dues aux maladies infectieuses
- Plus de 150 sites culturels ont été endommagés ou détruits
Une exposition sur les journalistes victimes de la guerre
Une exposition de photos et témoignages de journalistes victimes de l'invasion russe en Ukraine, appelée "La guerre n'est pas encore terminée", a été inaugurée jeudi dans le parc Taras Chevtchenko, dans le centre de la capitale.
Organisée par la ville de Kiev et des ONG de défense des droits de l'homme, cette exposition a pour objectif de raconter l'histoire de ceux qui sensibilisent le monde à la guerre de la Russie en Ukraine : des journalistes tués, blessés, capturés ou persécutés depuis le début de l'invasion. Ainsi le 13 mars, "les occupants russes ont tué le journaliste, directeur et producteur américain Brent Renaud", est-il écrit sur l'un des grands panneaux disposés dans le parc, avec la photo du journaliste.
Arrivée de lance-roquettes américains
Le ministre de la Défense ukrainien, Oleksiï Reznikov, a annoncé jeudi l'arrivée des lance-roquettes américains Himars en Ukraine, des armes puissantes réclamées aux alliés pour faire face à l'invasion russe. "Les Himars sont arrivés en Ukraine. Merci à mon collègue et ami Lloyd Austin (son homologue américain, ndlr) pour ces outils puissants", s'est réjoui Oleksii Reznikov sur Twitter, accompagnant son message d'une photo de ce système de lance-roquettes mobile monté sur des blindés légers.
"L'été sera chaud pour les occupants russes. Et le dernier pour certains d'entre eux", a-t-il menacé, sans préciser combien de Himars avaient été livrés par les Américains. Les Etats-Unis avaient annoncé début juin qu'ils allaient fournir à l'Ukraine des systèmes Himars - pour High Mobility Artillery Rocket System - d'une portée de 80 kilomètres. Il ne s'agit donc pas de systèmes à très longue portée, de plusieurs centaines de kilomètres, comme en détiennent aussi l'armée américaine, mais ils restent des armes puissantes et de haute précision d'une portée supérieure à celles de l'armée russe.
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Nike quitte le marché russe
L'équipementier sportif américain Nike a annoncé jeudi quitter définitivement le marché russe et ne pas avoir l'intention de rouvrir ses magasins, fermés d'abord temporairement dans la foulée des sanctions contre Moscou pour son offensive en Ukraine. "Nike Inc. a décidé de quitter le marché russe. Par conséquent, Nike.com et l'application mobile Nike ne seront plus disponibles dans cette région. Les magasins Nike ont récemment fermé temporairement et ne rouvriront pas", a indiqué le groupe dans un message sur son site russe.
Une décision "positive" de l'UE attendue dans la soirée
La poche de résistance ukrainienne autour de Lyssytchansk et Severodonetsk, deux villes industrielles stratégiques est de plus en plus étroitement cernée par les Russes, dans cette région de Lougansk détruite par les combats d'artillerie. "Aussi activement que nous nous battons pour une décision positive de l'Union européenne sur la candidature de l'Ukraine, nous nous battons quotidiennement pour obtenir des livraisons d'armes modernes", a martelé mercredi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui doit participer de façon virtuelle au sommet du Conseil européen de Bruxelles.
"Nous attendons une décision européenne clef dans la soirée", a précisé celui qui n'a de cesse depuis des semaines de répéter l'appartenance de son ex-république soviétique à la "famille européenne". Il devait poursuivre jeudi son "marathon téléphonique" auprès des dirigeants européens pour arracher un consensus en faveur du oui.
L'exécutif européen a rendu un avis favorable sur la candidature de l'Ukraine
Il peut compter sur le soutien de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a appelé les dirigeants européens à "se montrer à la hauteur" en accédant à la demande de Kiev.
L'exécutif européen a par ailleurs rendu il y a quelques jours un avis favorable sur la candidature de l'Ukraine et mardi, la France, qui assure la présidence tournante du Conseil de l'UE, a indiqué qu'un "consensus total" entre les Vingt-Sept avait émergé sur cette question.
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"Lyssytchansk est sous le feu de tirs d'artillerie et d'attaques aériennes", selon le dernier point mercredi soir de Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk. "Ils veulent détruire tout le Donbass, pas à pas. Entièrement. Lyssytchansk, Sloviansk, Kramatorsk... Ils veulent tranformer toutes les villes en Marioupol", ville martyre de la guerre, a déclaré le président Zelensky dans la nuit de mercredi à jeudi.
Les deux villes de Lyssytchansk et Severodonetsk sont une étape clé pour les Russes dans leur plan de conquête de l'intégralité du Donbass, bassin essentiellement russophone et en partie tenu par des séparatistes prorusses depuis 2014. A Lyssytchansk, une équipe de l'AFP a vu mercredi des soldats ukrainiens creuser une tranchée devant servir de poste de tir dans une rue du centre, et ériger des barricades avec des barbelés et des branches.
Kharkiv vidée de ses habitants
Plus au nord, Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, tenue par les Ukrainiens et bombardée quotidiennement, les rues semblaient vidées de leurs habitants mercredi, selon une autre équipe de l'AFP sur place. "Tellement de gens sont partis. Il ne reste plus que des mamies", témoigne Roman Pohuliay, 19 ans, sweat rose Hello Kitty et diamant à l'oreille, dans une rue de cette ville située à 50 km de la frontière russe.
Et deux terminaux de stockage de grains ont été touchés par des bombardements russes mercredi dans la ville portuaire de Mykolaïv, en Ukraine, ont indiqué à l'AFP leurs opérateurs. "Les occupants ont frappé Mykolaïv, avec sept missiles", a confirmé le président Zelensky, dans son dernier message vidéo dans la nuit de mercredi à jeudi, faisant état de cinq blessés.
Selon l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), les forces russes ont vraisemblablement repris la rive orientale de la rivière Inhoulets, située entre Mykolaïv, toujours tenue par les Ukrainiens, et Kherson, plus à l'est, occupée par les Russes.
Les ports de Mykolaïv et d'Odessa sont bloqués depuis le début du conflit, ce qui paralyse le transport maritime des matières premières agricoles, principale voie d'exportation pour l'Ukraine jusque-là.
Le chancelier allemand appelle à mettre sur pied un "plan Marshall"
Le sommet européen doit être suivi d'un autre du G7 et d'un troisième de l'Otan, auxquels participera le président américain Joe Biden. La question de l'aide financière à Kiev devrait être au cœur des discussions de ces trois rencontres. Le sommet du G7 en fin de semaine en Allemagne débouchera sur "un ensemble de propositions concrètes pour augmenter la pression sur la Russie et montrer notre soutien collectif à l'Ukraine", a promis mercredi un haut responsable de la Maison Blanche. La Maison Blanche a souligné que Volodymyr Zelensky interviendrait, virtuellement, lors de ces deux rendez-vous.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé mercredi depuis Berlin à mettre sur pied "un plan Marshall" pour la reconstruction de l'Ukraine, avec un budget de plusieurs milliards d'euros.
Par ailleurs, l'organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF) va porter plainte devant la Cour pénale internationale (CPI) après sa publication mercredi d'une enquête selon laquelle le photoreporter ukrainien Maks Levin et un soldat qui l'accompagnaient ont été "exécutés", et probablement torturés, par des soldats russes en mars.
La crise alimentaire va faire "des millions de victimes" dues aux maladies infectieuses
La crise alimentaire mondiale déclenchée par la guerre en Ukraine va faire des millions de victimes en rendant de larges populations plus vulnérables aux maladies infectieuses, au risque de déclencher une nouvelle crise sanitaire, a averti le responsable du Fonds mondial, organisation qui lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose.
Le blocus russe des ports ukrainiens de la mer Noire a mis à l'arrêt les exportations de céréales du 4e plus grand exportateur mondial de blé et de maïs, menaçant l'approvisionnement alimentaire de nombreux pays.
Or, ces pénuries alimentaires risquent d'entraîner non seulement des famines mais aussi d'affaiblir la résistance des populations exposées aux maladies infectieuses à cause d'une nutrition déficiente, a souligné Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial à l'AFP cette semaine.
Plus de 150 sites culturels endommagés ou détruits
Plus de 150 sites culturels ont été partiellement ou totalement détruits en près de quatre mois de guerre en Ukraine, a annoncé jeudi l'Organisation des nations unies pour la science, l'éducation et la culture (Unesco). "Selon les vérifications effectuées par ses experts, 152 sites culturels ont été détruits partiellement ou totalement en raison des combats, dont 70 édifices religieux, 30 bâtiments historiques, 18 centres culturels, 15 monuments, 12 musées et 7 bibliothèques", indique l'Unesco dans un communiqué.
Trois régions concentrent les trois-quarts des dommages depuis le 24 février, date du début de l'invasion russe : celles de Donetsk (45 sites touchés), Kharkiv (40) et Kiev (26), précise l'organisation onusienne.