Les tanks ukrainiens poursuivent leur avancée dans la région de Kherson. 1:36
  • Copié
Europe 1 avec AFP , modifié à
Au 261e jour de l'invasion russe en Ukraine, Kiev annonce la reconquête d'une douzaine de villages dans la région de Kherson. Moscou confirme son repli mais les Ukrainiens restent très prudent, soupçonnant un piège des Russes. L'armée ukrainienne est entrée dans la ville de Kherson. Europe 1 fait le point.
L'ESSENTIEL

L'armée ukrainienne a annoncé vendredi être entrée dans Kherson (sud) après le retrait forcé des militaires russes, qui constitue un nouveau revers cinglant pour Moscou après bientôt neuf mois d'invasion en Ukraine. "Kherson revient sous le contrôle de l'Ukraine, des unités des forces armées ukrainiennes entrent dans la ville", a indiqué sur Facebook le ministère ukrainien de la Défense, appelant les militaires russes restés sur place à "se rendre immédiatement".

Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, s'est félicité d'une "victoire importante". "Kherson c'est l'Ukraine !", s'est enthousiasmé le maire de Kiev, Vitali Klitschko, alors que la ville du sud du pays était occupée depuis la mi-mars.

Les informations à retenir :

  • L'armée ukrainienne est entrée dans Kherson, après le retrait des forces russes
  • Kherson est "à nous", se félicite Zelensky
  • Les forces russes se redéploient sur la rive gauche du fleuve Dniepr

Kherson est à nous, se félicite Zelensky

Kherson, ville importante du sud de l'Ukraine reprise vendredi par les troupes de Kiev après le retrait des forces russes, est "à nous", s'est félicité le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "Notre peuple. À nous. Kherson", a écrit sur Telegram Volodymyr Zelensky, accompagnant son court message du drapeau ukrainien bleu et jaune. L'armée ukrainienne avait annoncé plus tôt vendredi être "entrée" dans Kherson.

Troisième repli russe d'ampleur

Ce repli est le troisième d'ampleur depuis le début de l'invasion le 24 février, la Russie ayant dû renoncer au printemps à prendre Kiev, avant de devoir abandonner la quasi-totalité de la région de Kharkiv (nord-est) sous la pression de l'armée ukrainienne en septembre. Dmytro Kouleba a diffusé sur son compte une vidéo montrant, selon lui, des résidents de la localité de Bilozerka, à quelques kilomètres de la ville de Kherson, en train d'arracher une gigantesque affiche proclamant "La Russie est là pour toujours".

À Kiev, Sergueï, 26 ans et employé du secteur informatique, dit à l'AFP avoir eu "des larmes" de joie à l'annonce de l'entrée des troupes ukrainiennes dans Kherson. "C'est un coup dur pour Poutine", estime pour sa part Isak Danilotvich, un mathématicien rencontré par l'AFP dans la capitale. "Ils ont été forcés de partir, c'est clair pour tout le monde", ajoute-t-il, célébrant cette "victoire".

Redéploiement des unités russes vers la rive gauche du Dniepr

Plus tôt vendredi, le ministère russe de la Défense avait annoncé avoir achevé à 5 heures de Moscou (2 heures GMT) "le redéploiement" de ses unités de la rive droite (occidentale) du fleuve Dniepr, où se trouve Kherson, vers la rive gauche, assurant n'avoir subi aucune perte, ni abandonné de matériel militaire. Selon lui, "plus de 30.000" soldats russes et "près de 5.000 unités d'armements et de véhicules militaires ont été retirés" de la rive occidentale du Dniepr.

Ce repli a toutefois tout du camouflet, Vladimir Poutine ayant revendiqué fin septembre l'annexion de quatre régions ukrainiennes, dont celle de Kherson. En dépit de cette retraite, la zone reste "un sujet de la Fédération de Russie", a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Il ne peut y avoir aucun changement", a-t-il ajouté dans le premier commentaire de la présidence russe sur ce repli.

Une partie d'un viaduc dynamitée par les Russes lors de leur retrait

Le camouflet est d'autant plus fort que Vladimir Poutine avait ordonné le 21 septembre la mobilisation de quelque 300.000 réservistes pour consolider justement les lignes russes en difficulté. L'agence de presse d'État Ria Novosti a diffusé des images filmées de nuit de véhicules militaires russes quittant Kherson, indiquant qu'ils empruntaient le pont Antonivsky enjambant le fleuve Dniepr. Plusieurs correspondants russes ont indiqué ensuite, images à l'appui, qu'une partie du viaduc avait été dynamitée pour entraver la progression des troupes ukrainiennes.

L'Ukraine avait pilonné des semaines durant ce pont avec son artillerie, sans pouvoir pour autant le détruire, pour couper les lignes d'approvisionnements russes et forcer Moscou au repli. L'Ukraine avait revendiqué jeudi une douzaine de localités reprises dans la région, mais ses dirigeants, Volodymyr Zelensky en tête, s'étaient montrés ces deux derniers jours très prudents quant au repli russe, craignant une feinte.

Un immeuble de cinq étages détruit

La Russie a en outre continué de mener des frappes à travers l'Ukraine, dont une partie de l'infrastructure énergétique a été détruite ces dernières semaines, ce qui a entraîné des coupures d'électricité dans une large partie du pays, notamment à Kiev, la capitale. Une frappe a encore visé dans la nuit de jeudi à vendredi Mykolaïv, cité du sud ukrainien à une centaine de kilomètres de Kherson.

Un immeuble d'habitation de cinq étages y a été entièrement détruit par une frappe qui a fait au moins sept morts, selon le chef de l'administration régionale, Vitaliï Kim. Il a dénoncé sur Telegram "une réponse cynique de l'Etat terroriste (russe) à nos succès sur le front". Une journaliste de l'AFP sur place a pu voir un immeuble éventré et les secours avancer dans les décombres. Une pelleteuse déblayait les décombres.

Sur le front de l'est, les combats continuent aussi de faire rage, en particulier à Bakhmout, une ville que Moscou tente de conquérir depuis l'été et le principal champ de bataille où l'armée russe, appuyée par les hommes du groupe paramilitaire Wagner, reste à l'offensive.

Le groupe Wagner dit qu'il va former des "miliciens" pour défendre la Russie

Le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a affirmé vendredi que son organisation allait former des miliciens et construire des fortifications dans deux régions de Russie frontalières de l'Ukraine. "La compagnie militaire privée Wagner aide et va aider la population des territoires frontaliers (de l'Ukraine) à recevoir une formation, à construire des installations, à préparer les gens et à organiser des milices", a indiqué M. Prigojine, cité par le service de presse de sa société Concord.

Il n'a pas publié plus d'éléments pour prouver ses dires. Selon lui, ces nouvelles activités ont débuté dans les régions russes de Belgorod et de Koursk, touchées régulièrement ces derniers mois par des tirs attribués par Moscou à l'armée ukrainienne.