Un vaste incendie s'est déclenché ce samedi matin sur le pont de Crimée, symbole de l'annexion de la péninsule ukrainienne éponyme à la Russie. Un camion piégée serait à l'origine de l'explosion, endommageant deux voies de circulation. Le feu se serait propagé alors à des citernes ferroviaire. Un incident qui intervient alors même que l'Ukraine annonce avoir libérée près de 2.500 km2 lors de la dernière contre-offensive.
Les informations à retenir :
- Un incendie a eu lieu sur le pont de Crimée, bloquant la circulation automobile et ferroviaire sur l'ouvrage pendant plusieurs heures
- Une voiture piégée serait à l'origine de l'incident. La Russie annonce ouvrir une enquête criminelle
- Le FMI a annoncé débloqué 1,3 milliard de dollars pour l'Ukraine
- L'Ukraine a annoncé vendredi avoir repris près de 2.500 km² de territoire lors d'une dernière contre-offensive
Un incendie dû à un camion piégé paralyse le pont russe de Crimée
Un camion piégé a déclenché un vaste incendie sur le pont de Crimée, infrastructure clé et symbole de l'annexion de la péninsule ukrainienne éponyme, a annoncé samedi le Comité national antiterroriste russe, sans accuser dans l'immédiat l'Ukraine. Ce pont, construit à grand frais sur ordre de Vladimir Poutine, sert notamment au transport d'équipements militaires de l'armée russe combattant en Ukraine.
— Anastasiia Lapatina (@lapatina_) October 8, 2022
"Aujourd'hui à 06H07 (03H07 GMT) sur la partie routière du pont de Crimée (...) a eu lieu l'explosion d'une voiture piégée, qui a entraîné l'incendie de sept citernes ferroviaire qui allait vers la Crimée", a indiqué le comité, cité par les agences russes. Le porte-parole du Kremlin a indiqué à l'agence Ria Novosti que Vladimir Poutine avait ordonné la formation d'une commission gouvernementale pour établir les faits. Selon le Comité antiterroriste, deux voies routières sont endommagées, mais l'arche du pont n'est pas touchée.
Le chef de l'assemblée de Crimée, le parlement régional installé par la Russie, Vladimir Konstantinov a dénoncé une coup "des vandales ukrainiens". Si l'Ukraine est à l'origine de l'incendie et de l'explosion sur le pont de Crimée, il s'agirait d'un camouflet pour la Russie qu'une infrastructure aussi cruciale et aussi loin du front puisse être endommagée par les forces ukrainiennes.
Au moins trois morts dans l'explosion sur le pont de Crimée, selon les enquêteurs
Au moins trois personnes ont été tuées dans l'explosion qui a endommagé le pont de Crimée reliant la Russie à cette péninsule ukrainienne annexée, ont annoncé les enquêteurs russes, qui affirment avoir identifié le propriétaire du camion piégé. "Selon les données préliminaires, trois personnes ont été tuées à la suite de l'accident. Il s'agit probablement des passagers d'une voiture qui se trouvait près du camion quand il a explosé", a indiqué le Comité d'enquête russe dans un communiqué.
Selon cette source, "les corps de deux victimes -- un homme et une femme -- ont déjà été sortis de l'eau". Le Comité d'enquête, organe en charge des principales investigations criminelles en Russie, a également affirmé avoir "établi l'identité du camion et de son propriétaire" soupçonnés d'être à l'origine de l'explosion. Il s'agirait d'un habitant de la région de Krasnodar, dans le sud de la Russie. "Une enquête a été ouverte sur son lieu de résidence. L'itinéraire du camion et les documents pertinents sont en cours d'étude", ont ajouté les enquêteurs.
La circulation a été réouverte samedi après-midi aux voitures et aux bus sur le pont de Crimée, "avec des procédures d'inspection complètes", a indiqué sur Telegram le dirigeant de la Crimée, Sergueï Aksionov. Plus tard dans la soirée, le trafic ferroviaire a également repris.
La Russie ouvre une enquête et fustige la réaction de l'Ukraine
La Russie a ouvert samedi une enquête criminelle sur l'explosion qui a gravement endommagé l'important pont reliant la Crimée annexée par Moscou au continent, et qui a été causée selon elle par l'explosion d'un véhicule. Le comité d'enquête russe a déclaré avoir "ouvert une enquête criminelle en rapport avec l'incident sur le pont de Crimée". Il a précisé que l'explosion a eu lieu après "l'explosion d'un camion".
Par ailleurs, la Russie a fustigé samedi la réaction ukrainienne à l'explosion ayant endommagé le pont de Crimée, infrastructure clé et symbolique de cette péninsule annexée par Moscou, signe selon elle de la "nature terroriste" de l'Ukraine. "La réaction du régime de Kiev sur l'endommagement d'une infrastructure civile démontre sa nature terroriste", a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, cité par les agences de presse russes. Les responsables ukrainiens ont multiplié samedi les commentaires moqueurs et ironiques sur l'explosion, sans pour autant revendiquer de responsabilité.
Le FMI débloque 1,3 milliard de dollars de financement d'urgence pour l'Ukraine
Le Fonds monétaire international (FMI) va débloquer 1,3 milliard de dollars de financement d'urgence à destination de l'Ukraine via son nouvel instrument d'aide pour faire face aux chocs alimentaires, a annoncé vendredi l'institution dans un communiqué. Cette nouvelle enveloppe vise à "soutenir l'Ukraine face à ses besoins urgents en termes de balance des paiements" mais également à "jouer un rôle catalyseur pour de futurs soutiens financiers de la part de donateurs et créanciers de l'Ukraine", a expliqué le FMI.
"L'échelle et l'intensité de la guerre lancée par la Russie contre l'Ukraine il y a plus de sept mois ont causé des souffrances humaines considérables et fortement touché l'économie" ukrainienne, a estimé l'institution dans son communiqué, ajoutant: "Le PIB est attendu en recul de 35% en 2022 par rapport à 2021 et les besoins de financement restent très importants."
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait annoncé cette aide du FMI plus tôt dans la journée sur Twitter, ajoutant que "les fonds arriver(aient) en Ukraine dès aujourd'hui" et remerciant la directrice générale Kristalina Georgieva et le conseil d'administration du FMI, "pour leur soutien".
Près de 2.500 km2 de territoires libérés dans la dernière contre-offensive
L'armée ukrainienne a repris près de 2.500 km2 de territoire contrôlé par les forces russes lors de sa dernière contre-offensive lancée fin septembre, a affirmé vendredi le président Volodymyr Zelensky.
"Rien que cette semaine, nos soldats ont libéré 776 km2 de territoire dans l'Est de notre pays et 29 localités, dont six dans la région de Lougansk. Au total, 2.434 km2 de notre territoire et 96 localités ont déjà été libérés depuis le début de cette opération offensive", s'est-il félicité dans son allocution quotidienne publiée sur les réseaux sociaux.
Ces derniers jours, les troupes de Kiev ont réalisé une deuxième poussée importante, dans la région de Kharkiv (nord-est) mais aussi dans le Sud, proche de Kherson, ville contrôlée par les Russes.
La Russie remplace le commandant de son offensive en Ukraine
L'armée russe a annoncé samedi la nomination d'un nouveau commandant de son "opération militaire spéciale" en Ukraine après une série de revers cuisants sur le terrain et de signes de mécontentement croissant au sein des élites sur la conduite du conflit. "Le général d'armée Sergueï Sourovikine a été nommé commandant du groupement combiné de troupes dans la zone de l'opération militaire spéciale" en Ukraine, a annoncé le ministère russe de la Défense sur Telegram.
Sergueï Sourovikine, 55 ans, est un vétéran de la guerre civile au Tadjikistan dans les années 1990, de la deuxième guerre de Tchétchénie dans les années 2000 et de l'intervention russe en Syrie lancée en 2015. Il dirigeait jusque là le groupement de forces "Sud" en Ukraine, selon un rapport du ministère russe datant de juillet.
Le nom de son prédécesseur n'a jamais été révélé officiellement, mais selon les médias russes, il s'agissait du général Alexandre Dvornikov, lui aussi un vétéran de la deuxième guerre de Tchétchénie et commandant des forces russes en Syrie de 2015 à 2016. Cette décision qui a été, fait rare, rendue publique par Moscou, intervient après une série de défaites cuisantes subies par l'armée russe en Ukraine.
La centrale nucléaire de Zaporijjia coupée de l'alimentation électrique
La centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia a perdu sa dernière source d'alimentation électrique externe en raison de nouveaux bombardements et s'appuie sur des générateurs d'urgence, a déclaré samedi l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le site occupé puis annexé par la Russie se procure "l'électricité dont il a besoin pour le refroidissement du réacteur et d'autres fonctions essentielles de sûreté et de sécurité nucléaires" uniquement grâce à des générateurs diesel, a ajouté l'organisme onusien dans un communiqué.
"La connexion a été coupée vers une heure du matin, heure locale", a précisé l'AIEA, qui dit se baser sur "des informations officielles en provenance d'Ukraine" ainsi que sur "des rapports de son équipe" de quatre experts présents dans la plus grande centrale nucléaire d'Europe. "La reprise des bombardements, frappant la seule source d'énergie externe de la centrale, est totalement irresponsable", a réagi le directeur général de l'AIEA Rafael Grossi. "Je vais bientôt me rendre en Russie, puis retourner en Ukraine, pour convenir d'une zone de protection et de sûreté nucléaire autour de la centrale. C'est un impératif absolu et urgent", a-t-il martelé.
À l'aube, l'opérateur ukrainien Energoatom a écrit sur Telegram que "la dernière ligne de connexion a été endommagée et déconnectée" en raison de bombardements russes. Le ministère russe de la Défense a lui accusé les forces ukrainiennes d'être à l'origine des bombardements. "Au total, les troupes ukrainiennes ont tiré 15 roquettes depuis la localité sous leur contrôle de Marganets dans la région de Dnipropetrovsk", a-t-il indiqué, confirmant la déconnexion de la ligne électrique.
"Des générateurs diesel de secours sont utilisés pour assurer le fonctionnement de la centrale nucléaire", a poursuivi l'armée russe, affirmant mener des travaux de réparation. Selon Moscou, le niveau de radiations à la centrale est "normal". Bien que les six réacteurs soient à l'arrêt, ils ont encore besoin d'électricité pour les fonctions vitales de sûreté et de sécurité nucléaires. Les générateurs diesel de l'usine ont chacun suffisamment de carburant pour au moins dix jours.