Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a promis jeudi une réponse "tangible" après qu'une frappe de missile contre un immeuble résidentiel a tué quatre personnes à Lviv, dans l'Ouest de l'Ukraine, à des centaines de kilomètres des lignes de front. "Il y aura assurément une réponse à l'ennemi. Une (réponse) tangible", a déclaré Volodymyr Zelensky sur Telegram dans un message accompagné d'une vidéo où l'on peut distinguer plusieurs bâtiments lourdement endommagés.
Les informations à retenir :
- Quatre personnes sont mortes à Lviv après une frappe de missile contre un immeuble résidentiel.
- Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a promis une réponse "tangible".
- Le président bélarusse Alexandre Loukachenko a affirmé que le patron de Wagner, Evguéni Prigojine, se trouvait toujours en Russie.
Quatre personnes décédées dans l'attaque
À la suite d'une "attaque de missile russe", "quatre personnes ont été tuées, neuf ont été blessées", a fait savoir le ministre de l'Intérieur Igor Klymenko sur Telegram. Les opérations de secours se poursuivent et les débris continuent d'être déblayés, a-t-il ajouté. "Les 3e et 4e étages de deux sections du bâtiment ont été détruits." "Il s'agit de la plus grande attaque contre une infrastructure civile de Lviv depuis le début de l'invasion à grande échelle" de l'Ukraine, a décrit le maire de Lviv Andriï Sadovyi sur Telegram.
Le gouverneur régional Maksym Kozytsky avait signalé au cours de la nuit que des "missiles ennemis" se dirigeaient vers les régions de l'Ouest de l'Ukraine, citant les forces armées ukrainiennes. "Une série d'explosions" a ensuite été entendue à Lviv, selon le maire. "Les destructions sont énormes, plus de 50 appartements ont été dévastés (...) Un immeuble de bureau a subi des dégâts", de même que le bâtiment d'une école et le dortoir de l'Université polytechnique de Lviv", a rapporté M. Sadovyi.
L'offensive ukrainienne n'est "pas rapide" mais "nous avançons"
Le président Volodymyr Zelensky a affirmé jeudi que la contre-offensive ukrainienne n'était "pas rapide" mais que les troupes de Kiev avançaient. "L'offensive n'est pas rapide, c'est un fait", a-t-il reconnu. "Mais néanmoins, nous avançons, nous ne reculons pas, comme les Russes", a assuré à des journalistes le président ukrainien à Prague, aux côtés de son homologue tchèque Petr Pavel. "Nous avons maintenant l'initiative", a-t-il dit.
Il a également précisé que Kiev voulait de l'"honnêteté" dans ses relations avec l'Otan, à quelques jours d'un sommet crucial de l'Alliance atlantique en Lituanie. "Nous avons besoin d'honnêteté dans nos relations", a affirmé Volodymyr Zelensky devant la presse à Prague, aux côtés du président tchèque Petr Pavel. Il est temps de démontrer "le courage et la force de cette alliance", a-t-il ajouté.
Débris
"La première explosion a fait tomber les pots de fleurs du rebord de la fenêtre", a déclaré une habitante à Radio Liberty, média financé par les États-Unis. "La deuxième explosion a simplement tout détruit. Il ne reste plus rien. Tout a disparu." Éloignées de plusieurs centaines de kilomètres du front, Lviv et sa région ont déjà été la cible d'attaques depuis l'invasion russe de l'Ukraine du 24 février 2022.
Dans la nuit du 19 au 20 juin, une "infrastructure critique" de Lviv avait été touchée par des drones, avait rapporté le gouverneur local, et cinq personnes avaient été tuées en mars dans un tir sur un quartier résidentiel de Velyka Vilchanytsia, dans la région de Lviv.
Lenteur de la contre-offensive
Sur le terrain militaire, Volodymyr Zelensky a estimé que la lenteur des livraisons d'armes à l'Ukraine a retardé la contre-offensive de Kiev, ce qui a permis à Moscou de renforcer ses défenses dans les zones occupées, notamment au moyen de mines. "Je souhaitais que notre contre-offensive ait lieu beaucoup plus tôt", a-t-il dit à Odessa à la journaliste Erin Burnett de la chaîne américaine CNN, dans un entretien diffusé mercredi et tourné quelques jours plus tôt.
"Je suis reconnaissant envers les États-Unis (...) mais je leur ai dit, de même qu'aux Européens, que nous aimerions commencer notre contre-offensive plus tôt et que nous aurions besoin de toutes les armes et de tout le matériel pour cela."
Mercredi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a par ailleurs réclamé l'accès à l'ensemble de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia (Sud), occupée par Moscou, afin que ses observateurs puissent "confirmer l'absence de mines ou d'explosifs sur le site". L'armée ukrainienne avance que des "objets similaires à des engins explosifs ont été placés" sur les toits pour "donner l'impression de bombardements depuis le côté ukrainien".
L'instance onusienne n'a pas pu accéder aux toits des locaux abritant les réacteurs 3 et 4 ou encore à certaines zones du système de refroidissement de la centrale. Le Kremlin a averti de son côté d'un possible "acte subversif" ukrainien aux "conséquences catastrophiques" dans la centrale nucléaire.
Tombée aux mains de l'armée russe le 4 mars 2022, la plus grande centrale d'Europe a été visée par des tirs et a été coupée du réseau électrique à plusieurs reprises, une situation précaire qui fait craindre un accident nucléaire majeur.
Le patron de Wagner est en Russie et non au Bélarus
Le président bélarusse Alexandre Loukachenko a affirmé jeudi que le patron du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine, se trouvait toujours en Russie, malgré l'accord prévoyant son départ au Bélarus après sa rébellion avortée le 24 juin.
"Concernant Prigojine, il est à Saint-Pétersbourg. Où est-il ce matin ? Peut-être parti à Moscou, ou ailleurs, mais il n'est pas sur le territoire bélarusse", a déclaré Alexandre Loukachenko lors d'une conférence de presse. Selon lui, les combattants de Wagner se trouvent eux aussi "dans leurs camps" et non au Bélarus, "pour le moment".
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"Si (le gouvernement russe et le groupe Wagner) jugent nécessaire de déployer un certain nombre de combattants de Wagner au Bélarus pour se reposer ou s'entraîner (...) alors j'appliquerai ma décision" de les accueillir, a-t-il ajouté. "Je ne pense pas que Wagner se révoltera et retournera ses armes contre l'État bélarusse", a également assuré Alexandre Loukachenko.
La rébellion de Wagner, menée le 24 juin, a ébranlé le pouvoir russe, en plein conflit en Ukraine. Pendant plusieurs heures, les combattants de Wagner ont occupé un quartier général de l'armée russe à Rostov-sur-le-Don (sud-ouest) et parcouru plusieurs centaines de kilomètres en direction de Moscou.
La mutinerie a pris fin le 24 juin au soir avec un accord prévoyant le départ au Bélarus d'Evguéni Prigojine, mais la localisation exacte de ce dernier est depuis inconnue. Il ne s'est pas exprimé publiquement depuis le 26 juin. Evguéni Prigojine a assuré que son soulèvement ne visait pas à renverser le pouvoir, mais à sauver Wagner d'un démantèlement par l'état-major russe, qu'il accuse d'incompétence dans le conflit en Ukraine.