Les combats font rage mardi dans l'est de l'Ukraine, la Russie y intensifiant son offensive contre la dernière poche de résistance de la région de Lougansk où la situation "empire d'heure en heure", selon les autorités ukrainiennes. Les Russes tentent coûte que coûte de resserrer l'étau sur la région de Lougansk, où ils "avancent dans toutes les directions à la fois", a affirmé mercredi le gouverneur régional côté ukrainien, Serguiï Gaïdaï, sur Telegram.
Moscou a décidé d'intensifier son offensive dans le Donbass, formé des régions de Lougansk et de Donetsk, que les Ukrainiens peinent à défendre, après avoir éloigné les forces russes des deux plus grandes villes du pays, Kiev et Kharkiv (nord-est) "La situation dans le Donbass est extrêmement difficile", a reconnu mardi soir le président Volodymyr Zelensky. Selon lui, les Russes "veulent tout détruire" dans la région.
Les principales informations :
- Poutine se rend sur le terrain pour rencontrer des soldats russes blessés
- Les troupes russes concentrent leurs efforts sur la région de Lougansk
- La Russie va envisager un échange de prisonniers
- L'UE veut faciliter la confiscation d'avoirs d'oligarques russes
- Zelensky a réclamé aux Occidentaux des "armes lourdes : grenades propulsées par des fusées, chars, armes antinavires et autres armes"
- En trois mois de conflit armé, 234 enfants ont été tués et 433 blessés
Poutine rencontre des soldats blessés
Le président russe Vladimir Poutine a rendu visite mercredi pour la première fois à des soldats russes blessés en Ukraine, trois mois après le début de l'offensive contre son voisin. Selon quelques secondes d'images diffusées à la télévision russe, Vladimir Poutine, vêtu d'une blouse blanche, a échangé avec un militaire, filmé de dos, dans un hôpital moscovite.
"Tuez les exportations russes", exhorte à Davos le chef de la diplomatie ukrainienne
Le chef de la diplomatie ukrainien Dmytro Kouleba a appelé mercredi la communauté internationale à "tuer les exportations russes" lors du forum économique de Davos, pour pousser à la fin de la guerre en Ukraine. "Mon message est très simple: tuez les exportations russes, à l'exception de certains produits critiques dont le monde a besoin", a déclaré Dmytro Kouleba à Davos, estimant que Moscou devait cesser de "gagner de l'argent et de l'investir dans une machine de guerre qui tue, viole et torture des Ukrainiens".
Kiev dénonce le "chantage" russe
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a dénoncé mercredi le "chantage" russe concernant la demande de Moscou de lever les sanctions visant la Russie en raison de la guerre en Ukraine pour éviter une crise alimentaire mondiale. "C'est un chantage manifeste. On ne peut pas trouver un meilleur exemple de chantage dans les relations internationales. Si quelqu'un l'accepte, alors cette personne a un problème", a-t-il fustigé au Forum économique mondial à Davos en Suisse.
Les combats se rapprochent de Severodonetsk où la situation est jugé "très difficile"
Les combats avec les forces russes ont atteint la périphérie de Severodonetsk, ville de l'Est de l'Ukraine où la situation est "très difficile", a annoncé mercredi le gouverneur de la région. "Les troupes russes ont avancé pour être si proches qu'elles peuvent tirer au mortier" sur Severodonetsk, a indiqué sur Telegram Serguiï Gaïdaï, ajoutant que la ville "est tout simplement en train d'être détruite".
Intensification des frappes dans le Donbass
Dans le Donbass, "les bombardements sont de plus en plus intenses" et "l'armée russe a pour objectif de détruire complètement Severodonetsk", ville stratégique au nord-ouest de Lougansk, a déclaré le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï. Sur place, les villes sur la ligne de front ont été vidé de leurs habitants. Reste un nombre de personnes traumatisées, souvent âgées, qui passent la plupart de leur temps à se cacher dans des sous-sols sombres, très souvent à la seule lumière des bougies.
Comme dans la ville de Soledar, à quelques dizaines de km de Severodonetsk, où Natalia, 47 ans, est sortie se son sous-sol "juste pour voir des gens". Je sais que ça bombarde à côté mais je sors quand même", déclare-t-elle à l'AFP au moment où une nouvelle détonation retentit. "Nous avons besoin de savoir que nous ne sommes pas seuls et qu'il y a toujours de la vie par ici", dit-elle. Les obus d'artillerie et roquettes qui frappent Soledar et ses environs avec une fréquence croissante témoignent de l'intensification des frappes russes dans cette région industrielle.
4.000 soldats ukrainiens capturés
Le gouverneur Gaïdaï redoute que Russes ne s'acharnent sur Lougansk comme sur Marioupol, grande cité portuaire du sud-est qu'ils ont conquise après des semaines de siège et de bombardements qui l'ont pratiquement rasé. Près de 4.000 soldats ukrainiens y ont été capturés, selon le ministère russe de la Défense.
La Russie a indiqué qu'elle examinerait la question d'un échange de prisonniers avec l'Ukraine une fois que les détenus ukrainiens auront été jugés. Kiev veut organiser un échange de prisonniers de guerre, mais Moscou a indiqué à maintes reprises considérer au moins une partie d'entre eux, appartenant au régiment Azov, non pas comme des militaires mais comme des combattants néonazis coupables de crimes de guerre.
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La Russie consolide son emprise au sud
Sur le front méridional, Moscou s'affaire à consolider son emprise sur les territoires conquis depuis trois mois. A Marioupol, le déminage et la "démilitarisation" du port sont terminés et il a commencé "à fonctionner de manière régulière", a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov. La Russie a par ailleurs annoncé qu'elle allait permettre aux habitants des régions de Zaporijjia et de Kherson de demander un passeport russe via "une procédure simplifiée".
Le Parlement russe a par ailleurs aboli la limite d'âge pour s'engager dans l'armée, pour pouvoir notamment "attirer dans l'armée des experts de spécialités recherchées". A Mykolaïv, proche de Kherson, la vie quotidienne reste très difficile, au rythme des pénuries, d'eau notamment, qui se multiplient.
Le bruit de l'artillerie gronde au loin et les sirènes anti-bombardements aériens retentissent à certains moments, mais Anna Bondar attend patiemment son tour pour faire le plein d'eau potable. A 79 ans, elle a un mari alité et passe deux à trois heures par jour à ramener de l'eau chez elle. "Je suis très fatiguée", avoue-t-elle à l'AFP. Depuis que des combats ont mis hors d'état un pipeline en avril et coupé l'accès à l'eau, les habitants vont à pied, en voiture ou encore à vélo à la recherche de camions-citernes.
Zelensky réclame "le soutien d'une Europe unie"
Mercredi matin, il a réclamé le "soutien d'une Europe unie", en déplorant le manque de cohésion des Occidentaux face à cette guerre qui vient d'entrer dans son quatrième mois, lors d'une prise de parole en visioconférence au forum économique de Davos (Suisse). "Nous aurons l'avantage sur la Russie quand nous serons tous vraiment unis", a-t-il encore affirmé, regrettant notamment des dissensions à propos de l'adhésion de la Suède et de la Finlande dans l'Otan ou d'un embargo total sur l'achat de gaz et pétrole russes.
Kiev a appelé instamment les Occidentaux à lui livrer davantage d'armements, notamment des "armes lourdes". C'est notamment pour défendre le Donbass, partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes prorusses, d'un prétendu "génocide", que le président russe Vladimir Poutine a déclenché le 24 février l'invasion de l'Ukraine. "Nous continuerons l'opération militaire spéciale jusqu'à la réalisation de tous les objectifs", a insisté mardi le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, ajoutant que Moscou s'apprêtait à mener une longue offensive en Ukraine.
Selon l'Etat-major ukrainien des armées, Moscou a davantage recours à son aviation pour appuyer ses troupes au sol et "détruire les infrastructures essentielles et militaires".
La Russie demande une levée des sanctions pour éviter une crise mondiale
Un haut diplomate russe a exigé mercredi la levée des sanctions visant Moscou comme condition pour éviter la crise alimentaire mondiale qui se dessine du fait de son offensive en Ukraine. L'Ukraine, gros exportateur de céréales, voit sa production bloquée du fait des combats, et celle de la Russie, autre puissance céréalière, ne peut être vendue en raison des sanctions touchant les secteurs financiers et logistiques.
"La résolution du problème alimentaire passe par une approche coordonnée, impliquant notamment la levée des sanctions qui ont été instaurées contre les exportations russes et les transactions financières", a déclaré un ministre adjoint des Affaires étrangères, Andreï Roudenko, cité par les agences de presse russes. Il a également exigé "le déminage par Kiev" des ports de la mer Noire pour que les navires puissent exporter les céréales. A cet effet, le diplomate a affirmé que la Russie était "prête à assurer un couloir humanitaire" aux bateaux.
Moscou envisage un échange de prisonniers
La Russie examinera la question d'un échange de prisonniers avec l'Ukraine une fois que les détenus ukrainiens auront été jugés, a indiqué mercredi le vice-ministre russe des Affaires étrangères Andreï Roudenko, cité par les agences russes. "Nous examinerons tout cela après que ceux qui se sont rendus auront été jugés, qu'un verdict aura été prononcé", a-t-il déclaré. "Avant cela, les discussions sur un échange sont prématurées", a-t-il ajouté.
La semaine dernière, les derniers défenseurs ukrainiens de la ville stratégique de Marioupol, retranchés pendant des semaines dans l'immense aciérie Azovstal, se sont rendus. Selon le ministère russe de la Défense, près de 4.000 soldats ukrainiens y ont été capturés.
Les autorités ukrainiennes veulent organiser un échange de prisonniers de guerre, mais les autorités russes ont indiqué à maintes reprises qu'elles considéraient au moins une partie d'entre eux, appartenant au régiment Azov, non pas comme des militaires mais comme des combattants néonazis coupables de crimes de guerre.
Samedi, le député et négociateur russe Léonid Sloutski avait déclaré que Moscou allait "étudier" la possibilité d'échanger des combattants de ce régiment contre Viktor Medvedtchouk, un politicien et riche homme d'affaires ukrainien réputé proche de Vladimir Poutine, qui a été arrêté mi-avril en Ukraine.
L'UE veut faciliter la confiscation d'avoirs d'oligarques russes
La Commission européenne a présenté mercredi des propositions pour faciliter une confiscation des avoirs d'oligarques russes, et harmoniser la répression dans l'UE de la violation des sanctions décidées en réponse à la guerre en Ukraine. Selon un projet de directive, une confiscation des avoirs serait possible pour les individus et entités qui violent ou contournent les sanctions et ceux qui sont engagés dans des activités criminelles.
Moscou se concentre sur la région de Lougansk
De fait, Moscou concentre sa puissance de feu sur la région de Lougansk, cherchant à cerner les villes de Severodonetsk et de Lyssytchansk. Des combats sont en cours pour le contrôle de la ville de Lyman, un important noeud ferroviaire dont la prise constituerait un progrès important dans ces tentatives d'encerclement, a affirmé le chef des séparatistes prorusses de Donetsk, Denis Pouchiline.
"Des unités russes et de la milice populaire (l'armée séparatiste prorusse) sont entrées dans la ville", a-t-il affirmé lors d'une émission pro-Kremlin diffusée sur Youtube, ces informations étant impossibles à vérifier dans l'immédiat. Le ministère ukrainien de la Défense a aussi évoqué d'intenses combats dans les environs des localités de Popasna et de Bakhmout, dont la chute donnerait aux Russes le contrôle d'un carrefour important pour l'effort de guerre ukrainien.
Dans ce secteur, "l'ennemi a amélioré sa position tactique", a admis mardi matin l'état-major de l'armée ukrainienne, selon qui "la plus grande activité hostile" est observée "près de Lyssytchansk et de Severodonetsk".
Des combats très violents
"La situation est très difficile et malheureusement, elle ne fait que s'aggraver. Elle empire de jour en jour, d'heure en heure", a ensuite déclaré dans la soirée le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï. "Les bombardements sont de plus en plus intenses" et "l'armée russe a décidé de détruire complètement Severodonetsk", ville stratégique qui "est en train d'être éliminée de la surface de la Terre", a-t-il ajouté.
Le gouverneur a comparé Severodonetsk à Marioupol, grande cité portuaire du Sud-Est pratiquement rasée après plusieurs semaines de siège et de bombardements. "A partir d'aujourd'hui, nous pouvons dire que (les Russes) essaient de réaliser une attaque à grande échelle", a-t-il conclu.
Deux républiques séparatistes prorusses ont été proclamées en 2014 dans le Donbass. C'est notamment pour les défendre d'un prétendu "génocide" que le président russe Vladimir Poutine avait déclenché le 24 février l'invasion de l'Ukraine. Retour progressif à la normale en revanche à Kharkiv (nord-est), où le métro, qui a des mois durant servi d'abri contre les bombes, a été remis en service mardi.
Les forces ukrainiennes pilonnent les positions russes avec des systèmes d'artillerie occidentaux
Le front méridional semble quant à lui stable, bien que les Ukrainiens y revendiquent des gains territoriaux.
Le commandement sud de l'armée ukrainienne a fait état, dans la nuit de lundi à mardi, d'une "avancée" de ses divisions "à travers la région de Mykolaïv en direction de la région de Kherson", contrôlée par les Russes. Il a accusé les "occupants" d'avoir tué des civils cherchant à fuir en voiture.
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Les forces ukrainiennes pilonnent dorénavant les positions russes avec des systèmes d'artillerie occidentaux tout nouvellement acheminés, en particulier des obusiers américains, a expliqué à l'AFP un porte-parole de l'armée ukrainienne. De son côté, le maire de Marioupol, Vadim Boïtchenko, a accusé, dans une communication vidéo avec la conférence économique de Davos (Suisse), "les forces d'occupation russes" de se comporter en "Etat terroriste".
A l'inverse, le ministère russe de la Défense a affirmé dans son briefing quotidien que l'aire marine du port de Marioupol a été déminée et que des opérations sont en cours pour "rétablir les infrastructures portuaires". Il a ajouté qu'un "couloir humanitaire" sera ouvert mercredi matin vers la mer Noire pour permettre "la sortie sécurisée des navires étrangers" toujours présents dans le port.
Des centaines d'enfants tués ou blessés
En trois mois de conflit armé, 234 enfants ont été tués et 433 blessés, a dénoncé mardi le bureau de la procureure générale d'Ukraine Iryna Venediktova. Au total, des milliers de civils et de militaires ont péri, sans qu'il existe un bilan chiffré. Pour la seule ville de Marioupol, les autorités ukrainiennes parlent de 20.000 morts.
Plus de huit millions d'Ukrainiens ont été déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'ONU. S'y ajoutent 6,5 millions qui ont fui à l'étranger, dont plus de la moitié - 3,4 millions - en Pologne. La répression continue en Russie: un tribunal de Moscou a ordonné mardi l'arrestation de deux blogueurs accusés de discréditer l'action de l'armée en Ukraine.
Les députés russes ont adopté en première lecture une proposition de loi qui doit permettre de fermer, sur simple décision du parquet, les médias étrangers accusés de diffuser des informations mensongères sur la guerre en Ukraine. L'opposant emprisonné Alexeï Navalny s'est servi d'un procès en appel, qui a sans surprise confirmé sa peine de 9 ans de camp, pour dénoncer à son tour une "guerre fondée sur un super mensonge".