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avec AFP , modifié à
Au 216e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, la Russie et les autorités des régions qu'elle occupe ont affirmé mardi que le "oui" était largement en tête selon de premiers résultats des "référendums" d'annexion de ces régions, dénoncés par avance par Kiev et les Occidentaux. Europe 1 fait le point sur la situation.
L'ESSENTIEL

Un large succès pour le "oui", c'est ce qu'affirment la Russie et les autorités des régions qu'elle occupe en Ukraine ce mardi, au 216e jour de l'invasion du pays. La Commission électorale russe a affirmé que le "oui" emportait entre 97 et 98% des suffrages après le dépouillement partiel de votes dans les bureaux de vote en Russie, où étaient appelés à voter des centaines de milliers d'Ukrainiens réfugiés sur place.

Moscou a en outre brandi encore une fois la menace de l'arme nucléaire pour défendre ces territoires.

Les informations à retenir :

- Le "oui" largement en tête dans les référendums d'annexion, selon les autorités prorusses

- La Russie menace de nouveau de faire usage de l'arme nucléaire

- La ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna en visite à Kiev

- La mobilisation partielle des Russes se poursuite, alors que de pays voisins enregistrent des hausses d'entrées

Les autorités prorusses revendiquent la victoire dans les zones occupées

Les autorités d'occupation prorusses de la région de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, ont annoncé mardi soir la victoire du "oui" lors d'un référendum d'annexion par la Russie, un scrutin dénoncé comme illégitime par Kiev et les pays occidentaux.

La commission électorale de cette région a affirmé que 93,11% des électeurs avaient voté pour le rattachement à la Russie, après le dépouillement de 100% des bulletins de vote, tout en précisant qu'il s'agissait pour l'heure de résultats préliminaires. Dans la région de Kherson aussi, la victoire a été revendiquée.

Large succès pour le "oui" aux référendums d'annexion, selon les autorités prorusses

Le comptage des votes commençait aussi dans les régions ukrainiennes sous contrôle total ou partiel de Moscou, à savoir Donetsk et Lougansk (est) et Kherson et Zaporijjia (sud). Dans celle de Zaporijjia, la commission locale revendiquait 92% de "oui" après dépouillement de 3% des bulletins et celle de Kherson 87% de "oui" sur 12% des votes.

Parlant à la presse russe, le chef de l'administration d'occupation de Kherson, Vladimir Saldo, revendiquait déjà la victoire lors de ce vote organisé dans l'urgence sur cinq jours, malgré les bombardements et en présence des forces armées russes. "Il est déjà clair que la majorité écrasante des gens ont soutenu la sortie de l'Ukraine et l'union avec la Russie, a-t-il dit.

Des résultats balayés par l'Ukraine et ses alliés

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba a balayé la valeur de ces votes, qui "ne changeront rien" aux actions militaires de Kiev. Les alliés de l'Ukraine ont aussi dénoncé ces scrutins, organisés dans l'urgence face à la progression des forces de Kiev. Le G7 a juré de ne "jamais en reconnaître" les résultats et Washington a promis une réplique "sévère" par la voie de sanctions économiques.

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a dénoncé mardi avec force les référendums "fictifs" organisés par la Russie en Ukraine et assuré le président ukrainien du soutien des alliés au droit à l'autodéfense de l'Ukraine. "Les référendums fictifs organisés par la Russie n'ont aucune légitimité et constituent une violation flagrante du droit international. Ces terres sont l'Ukraine", a-t-il tweeté après un entretien avec le président Volodymyr Zelensky.

Le président russe Vladimir Poutine a de son côté assuré que le but était de "sauver les populations" locales, Moscou justifiant son invasion en accusant Kiev de "nazisme" et d'orchestrer un "génocide" des russophones en Ukraine. Ces votes concernent plus de 20% de la surface de l'Ukraine.

En Crimée, péninsule annexée en 2014 par la Russie, des bureaux de votes étaient ouvert pour des réfugiés de la région de Donetsk, partiellement contrôlée par Moscou et ses alliés séparatistes. "Avec ma voix je veux essayer d'apporter ma petite contribution pour que la guerre s'arrête", a dit à l'AFP Galina Korsakova, 63 ans. "J'espère que la paix et la stabilité viendront pour les gens ordinaires, pour les travailleurs", abonde Rouslan Iouchkevitch, un mécanicien de 37 ans originaire de Marioupol, ville portuaire en grande partie détruite par de féroces combats.

Menace nucléaire à nouveau brandie par la Russie

Revendiquant son emprise sur ses nouveaux territoires, Moscou a de nouveau menacé mardi de faire usage de l'arme nucléaire. "La Russie a le droit d'utiliser des armes nucléaires si nécessaire", a martelé l'ancien président et numéro deux du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev.

Une position confirmée par le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui a rappelé la doctrine militaire russe, qui prévoit la possibilité de telles frappes en cas d'attaque contre le territoire russe.

Suite de la mobilisation partielle russe

La Russie continue parallèlement de mener une mobilisation de ses réservistes afin de recruter 300.000 combattants pour son invasion de l'Ukraine, cherchant la parade à la contre-offensive des troupes ukrainiennes qui ont, fortes des livraisons d'armes occidentales, repris des milliers de kilomètres carrés de territoire début septembre.

En Crimée, une journaliste de l'AFP a vu des rangées d'hommes mobilisés, souvent d'âge mûr, en treillis militaire et kalachnikov en main, attendre leur tour avant de monter dans des bus, tandis que leurs proches les saluaient et versaient des larmes.

Fuite de nombreux Russes

Cette campagne de recrutement, menée par moments de manière chaotique, a poussé de nombreux Russes à fuir, un exode confirmé mardi par deux pays voisins, la Géorgie et le Kazakhstan, tandis qu'un afflux est également observé aux frontières de la Mongolie et de la Finlande.

La Géorgie a fait état de 10.000 Russes franchissant la frontière chaque jour depuis l'annonce de la mobilisation, soit près du double de la normale. Le Kazakhstan a lui fait état de 98.000 citoyens Russes arrivés depuis le 21 septembre. "Je ne suis pas de la chair à canon, je ne suis pas un meurtrier", a expliqué à l'AFP Nikita, un jeune Russe de 23 ans passé côté géorgien au poste frontière de Kazbegui.

Des fuites majeures sur les gazoducs Nord Stream

Par ailleurs, les gazoducs Nord Stream construits au fond de la mer Baltique pour acheminer le gaz russe vers l'Europe ont été touchés par des fuites majeures. Bien qu'ils soient hors service, les deux tubes étaient remplis de gaz. Le Kremlin s'est dit "extrêmement préoccupé", disant n'exclure "aucune" hypothèse, y compris celle d'un sabotage. L'Ukraine a de son côté dénoncé "une attaque terroriste" russe et "un acte d'agression contre l'Union européenne".

Deux explosions sous-marines "très probablement dues à des détonations" ont été enregistrées à proximité des sites des fuites des gazoducs Nord Stream 1 et 2 peu avant leur détection, a annoncé mardi un institut sismique suédois. "Nos partenaires européens mènent l'enquête. Nous sommes prêts à soutenir leurs efforts", a déclaré à Washington un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. "Cela illustre l'importance de nos efforts conjoints pour trouver des approvisionnements de gaz alternatifs pour l'Europe", a-t-il ajouté.

Sanctions après les "référendums" d'annexion par la Russie

L'UE considère que les "référendums" d'annexion par la Russie organisés en Ukraine sont "illégaux" et toutes les personnes qui ont participé à leur organisation seront sanctionnées, a affirmé mardi le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

"Il y aura des conséquences pour toutes les personnes qui ont pris part à l'organisation de ces référendums illégaux et qui les ont soutenus", a déclaré le porte-parole Peter Stano, lors d'une conférence de presse quotidienne à Bruxelles. L'Union européenne prépare de nouvelles sanctions économiques et individuelles contre la Russie et "nous allons mettre sur la liste les personnes qui sont évidemment impliquées dans ces référendums", a également expliqué mardi un des collaborateurs de Josep Borrell, Luc Pierre Devigne, au cours d'une audition au Parlement européen.

Moscou ne demandera pas l'extradition des Russes fuyant la mobilisation à l'étranger

Le ministère russe de la Défense a indiqué mardi qu'il ne solliciterait pas de gouvernements étrangers pour obtenir l'extradition des milliers de Russes ayant fui le pays afin d'échapper à la mobilisation pour combattre en Ukraine.

"Le ministère russe de la Défense, dans le cadre de la mobilisation partielle, n'a pas envoyé, n'a pas préparé et n'enverra pas de demandes aux autorités du Kazakhstan, de la Géorgie et d'autres pays concernant la question d'un retour supposément forcé en Russie de citoyens russes se trouvant là-bas", a-t-il indiqué dans un communiqué.

Catherine Colonna à Kiev

La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, était elle à Kiev mardi en soutien à l'Ukraine pour notamment rencontrer le président Volodymyr Zelensky.