Symboliquement au moins, la victoire est majeure : les forces russes ont annoncé jeudi leur retrait de l'île aux Serpents en Ukraine, une position stratégique en mer Noire conquise par Moscou et sujette depuis des semaines à des bombardements ukrainiens. Cette petite île était devenue emblématique dès le premier jour de l'offensive russe, lorsqu'un membre de la petite garnison ukrainienne la défendant avait intimé au navire ennemi réclamant sa reddition d'aller "se faire foutre". Avant finalement de se rendre.
Les informations à retenir :
- L'armée russe annonce son retrait de l'île aux Serpents
- L'Ukraine se félicite d'avoir chassé les Russes d'un "territoire stratégique"
- La Russie dit détenir plus de 6.000 prisonniers
- De nouvelles attaques meurtrières contre des civils, notamment à Mikolaïv dans le sud
- Lyssytchansk "vit sous un bombardement ininterrompu de toutes sortes d'armes"
- En marge de l'Otan, Vladimir Poutine a fustigé l'attitude des Occidentaux
Erdogan demande d'intensifier les efforts de paix
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé jeudi à Madrid "intensifier" les efforts en faveur d'un "cessez-le-feu durable" en Ukraine. "Nous devons intensifier les efforts diplomatiques en faveur d'un cessez-le-feu durable en Ukraine. Pour la Turquie il n'y aura pas de perdants avec la paix", a-t-il déclaré devant la presse à la clôture du sommet de l'Otan.
Depuis le début de la guerre entre la Russie et l'Ukraine le 24 février, Ankara essaie de maintenir le contact avec les deux parties et a proposé sa médiation.
Mise en garde contre un plafonnement du prix du pétrole russe
Plafonner le prix du pétrole russe, comme l'envisagent les pays occidentaux pour punir l'offensive de Moscou en Ukraine, provoquerait un "déficit" qui entraînerait une flambée des prix pour les consommateurs européens, a mis en garde jeudi Moscou.
Une telle mesure "ne peut que mener à un déséquilibre du marché, à un déficit de ressources énergétiques sur le marché, ce qui, en retour, entraînera une hausse des prix" que devront "payer les consommateurs européens", a déclaré le vice-Premier ministre russe chargé de l'Energie Alexandre Novak, lors d'un entretien avec la chaîne de télévision russe Rossiia-24.
La Russie dit détenir plus de 6.000 prisonniers
La Russie a affirmé jeudi qu'elle détenait "plus de 6.000" prisonniers de guerre ukrainiens, confirmant par ailleurs avoir échangé la veille 144 combattants ukrainiens contre autant de Russes et séparatistes prorusses. "Le nombre total de militaires ukrainiens capturés ou qui se sont rendus est de plus de six mille", a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.
Ce nombre était invérifiable de manière indépendante dans l'immédiat. Igor Konachenkov a aussi confirmé que Kiev et Moscou avaient procédé à un échange de 144 prisonniers mercredi, comme annoncé par le gouvernement ukrainien. Il s'agit du plus gros échange depuis le début de l'offensive russe, fin février. "Presque tous (les combattants russes et prorusses) qui ont été libérés sont blessés ou gravement blessés. Ils sont déjà en train de recevoir les soins médicaux nécessaires", a-t-il déclaré.
Les pays de l'Otan d'accord pour un nouveau plan d'aide
Dans une déclaration commune, les pays membres de l'Otan ont précisé s'être mis d'accord sur un nouveau plan d'aide passant par la "livraison d'équipements militaires non létaux" et par un renforcement des défenses ukrainiennes contre les cyber-attaques. "L'épouvantable cruauté de la Russie provoque d'immenses souffrances humaines et des déplacements massifs", ont-ils écrit, estimant que Moscou portait "l'entière responsabilité de cette catastrophe humanitaire". Les aides devraient alors se poursuivre dans les mois à venir.
"L'Ukraine peut compter sur nous aussi longtemps qu'il le faudra", a déclaré mercredi le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, évoquant une "obligation morale et politique" pour l'Alliance atlantique. L'organisation a aussi validé son élargissement à la Suède et la Finlande. En conférence de presse à Achkhabad, la capitale turkmène, Vladimir Poutine a fustigé l'attitude des Occidentaux.
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L'Ukraine se félicite d'avoir chassé les Russes d'un "territoire stratégique"
L'armée ukrainienne s'est félicitée jeudi d'avoir contraint les Russes, "incapables de résister au feu de notre artillerie", à se retirer de l'Ile aux serpents, territoire "stratégique" en mer Noire, occupé depuis les premiers jours de l'invasion russe en Ukraine. "Je remercie les défenseurs de la région d'Odessa qui ont fait le maximum pour libérer un territoire stratégiquement important", s'est félicité sur Telegram le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeriï Zaloujniï.
"Incapables de résister au feu de notre artillerie, de nos missiles et de nos frappes aériennes, les occupants ont quitté l'île aux Serpents", s'est-il réjoui, accompagnant son message d'une vidéo montrant des frappes sur l'île. "Nos forces armées ont fait un super boulot", s'est félicité sur Twitter Andriï Yermak, le chef de l'administration du président ukrainien Volodymyr Zelensky. L'armée russe avait annoncé son retrait de l'îlot plus tôt jeudi, affirmant l'avoir fait "en signe de bonne volonté", les "objectifs fixés" sur place ayant été "accomplis" selon elle.
Ce geste doit faciliter les exportations de céréales d'Ukraine par la mer Noire, avait également justifié le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov. Le commandement sud de l'armée ukrainienne avait, de son côté, indiqué que "l'ennemi (russe) s'est enfui dans deux vedettes", laissant l'île "en feu" où "des explosions se font toujours entendre".
La petite île aux Serpents, située dans le nord-ouest de la mer Noire face à l'embouchure du Danube, est devenue emblématique dès le premier jour de l'offensive russe lorsqu'un membre de la petite garnison ukrainienne la défendant a intimé au navire russe réclamant sa reddition d'aller "se faire foutre". Les militaires russes en avaient finalement pris le contrôle. L'île a ensuite été visée régulièrement par des frappes de drones et de missiles ukrainiens. La Russie avait assuré le 21 juin avoir repoussé une tentative des forces de Kiev de reprendre l'île aux Serpents.
"Hégémonie"
"Les pays leaders de l'Otan souhaitent (...) affirmer leur hégémonie, leurs ambitions impériales", a-t-il accusé. "L'appel à l'Ukraine à poursuivre les combats et à refuser les négociations ne fait que confirmer notre hypothèse que l'Ukraine et le bien du peuple ukrainien, ce n'est pas l'objectif de l'Occident et de l'Otan, mais un moyen de défendre leurs propres intérêts", a affirmé le président russe. Dans une nouvelle feuille de route stratégique adoptée lors du sommet de Madrid, l'Otan désigne la Russie comme "la menace la plus significative et directe pour la sécurité des alliés".
"Nous ne pouvons pas écarter la possibilité d'une attaque contre la souveraineté ou l'intégrité territoriale des alliés", prévient ce document, qui n'avait pas été révisé depuis 2010. Les pays de l'Otan ont validé un renforcement de leur présence militaire sur le flanc oriental de l'Alliance, qui va porter à plus de 300.000 militaires les effectifs de ses "forces à haut niveau de préparation".
La promesse de soutien des Occidentaux s'est aussi concrétisée par l'annonce, mercredi, par Londres du déblocage d'un milliard de livres (1,16 milliard d'euros) d'aide supplémentaire à l'Ukraine, comprenant des systèmes de défense anti-aérienne et des drones. "Alors que Poutine ne parvient pas à réaliser les gains qu'il avait prévus et espérés, et que la futilité de cette guerre devient évidente pour tous, ses attaques contre le peuple ukrainien sont de plus en plus barbares", a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson, dans un communiqué.
"Bombardement ininterrompu"
Cette nouvelle somme porte à 2,3 milliards de livres l'aide militaire britannique à Kiev, selon Downing Street. De leur côté, les États-Unis ont annoncé le versement d'une tranche de 1,3 milliard de dollars d'aide économique, dans le cadre d'un plan de soutien de 7,5 milliards promis par Washington en mai, alors que le déficit budgétaire ukrainien se creuse de cinq milliards de dollars par mois. Sur le terrain, l'Ukraine a subi de nouvelles attaques meurtrières contre des civils, notamment à Mikolaïv (sud), où, selon Volodymyr Zelensky, un missile hypersonique a visé un immeuble résidentiel, tuant au moins cinq personnes.
Deux jours auparavant, au moins 18 personnes avaient trouvé la mort dans le bombardement d'un centre commercial bondé de Krementchouk, à 330 kilomètres au sud-est de Kiev, selon le gouvernement ukrainien. Vladimir Poutine a nié mercredi toute responsabilité dans cette attaque. "Notre armée ne frappe aucun site d'infrastructure civile. Nous avons toutes les possibilités de savoir où se trouve quoi", a-t-il assuré. Dans le Donbass, la ville de Lyssytchansk "vit sous un bombardement ininterrompu de toutes sortes d'armes", a déploré le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, estimant que 15.000 civils restent dans la cité.
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Il s'agit de la dernière grande ville à conquérir pour les Russes dans la région de Lougansk, l'une des deux provinces du bassin industriel du Donbass, que Moscou entend entièrement contrôler. Par ailleurs, les autorités ukrainiennes ont annoncé avoir récupéré 144 soldats, dont 95 "défenseurs d'Azovstal" à Marioupol dans le cadre du "plus gros échange (de prisonniers avec Moscou) depuis le début de l'invasion russe". "Parmi eux se trouvent 43 militaires du régiment Azov", une unité intégrée depuis plusieurs années à l'armée ukrainienne, mais que Moscou qualifie de "nazie", a ajouté le service de renseignement ukrainien.