Les forces russes poursuivent mercredi leur offensive sur plusieurs villes d'Ukraine, notamment à Kharkiv, avec l'envoi de troupes aéroportées et des bombardements, alors que le président ukrainien a accusé Moscou de vouloir "effacer" l'Ukraine. Tout en ne donnant aucun signe de vouloir réduire ses attaques, le Kremlin a affirmé être prêt à reprendre des pourparlers avec les Ukrainiens mercredi soir, après un premier round sans avancée réelle le 28 février. La Russie continue de réclamer la démilitarisation totale de l'Ukraine, considérée comme une menace en tant qu'alliée des Occidentaux, tandis que Kiev exclut toute capitulation.
Les principales informations :
- près de 836.000 réfugiés venus d'Ukraine
- des bombardements à Kharkiv font quatre morts
- l'armée russe a conquis la ville de Kherson
- une attaque de l'armée biélorusse redoutée
836.000 réfugiés venus d'Ukraine
Dans un nouveau bilan publié mercredi sur son site internet, le nombre de réfugiés fuyant l'Ukraine pour les pays voisins a encore bondi pour atteindre presque 836.000 personnes au 1er mars, selon un recensement du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés publié mercredi. C'est un saut de presque 160.000 personnes par rapport au chiffre de 677.000 avancé mardi par le Haut Commissaire aux réfugiés Filippo Grandi, lors d'un appel d'urgence au financement de l'aide humanitaire pour le pays et les personnes qui ont fui les combats.
Au moins quatre morts dans de nouveaux bombardements
Au moins quatre personnes ont été tuées et neuf autres blessées dans des bombardements russes ayant visé mercredi matin le siège des services de sécurité et une université à Kharkiv en Ukraine, ont indiqué les secours ukrainiens. "Pour l'instant dix personnes ont pu être sorties des décombres, le bilan préliminaire est de 4 morts et neuf blessés ", a poursuivi cette source, dans un message sur les réseaux sociaux au moment où la deuxième ville du pays, subit une attaque des forces armées russes. Vingt-et-une personnes avaient été tuées la veille dans des bombardements, notamment celui du siège de l'administration locale.
Jointe par Europe 1, Svetlana, cloitrée chez elle, a entendu l'attaque, impuissante : "Ce matin, un building est encore tombé. Il n'y a plus de fenêtres sur les immeubles. Les rues sont vides. Tout le monde s'est réfugié dans des bunkers. C'est horrible", souffle-t-elle.
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Kharkiv sous la menace russe
Des troupes aéroportées russes ont débarqué à Kharkiv, a annoncé à l'aube l'armée ukrainienne, sans donner une idée de leur nombre. Après plusieurs bombardements mardi au centre-ville, qui avaient fait au moins 21 morts, selon le gouverneur régional, de nouvelles frappes ont touché mercredi matin les sièges régionaux des forces de sécurité et de police, ainsi que l'université, selon les services d'urgence. "Il ne reste plus de zone à Kharkiv où un obus d'artillerie n'a pas encore frappé", a affirmé Anton Guerachtchenko, conseiller du ministre ukrainien de l'Intérieur.
L'armée russe a pris la ville de Kherson
"Des unités de l'armée russe ont pris le contrôle total de la capitale régionale de Kherson", a affirmé le porte-parole des forces armées russes, Igor Konachenkov. Quelques minutes plus tôt, à 06h43 GMT, le maire ukrainien de la ville, Igor Kolykhaïev, avait indiqué que la localité était toujours sous contrôle ukrainien.
Des chars et des soldats russes se dirigent désormais vers le centre de la ville, à coups de violents bombardements. Alexandre, un habitant de la ville, n'a pas dormi de la nuit. "Les Russes sont à Kherson, ils ont tiré des roquettes. Dans certains quartiers, il y a plein de corps. Mais les Russes ne restent pas ici. On les voit partir vers Kiev et Nikolaïev", explique-t-il à Europe 1.
L'armée russe s'est déjà emparée d'un autre port clé de l'Ukraine, celui de Berdiansk, et attaque actuellement celui de Marioupoul.
Plusieurs villes ont été visées mardi
Kharkiv, ville de 1,4 million d'habitants proche de la frontière avec la Russie, a été visée par plusieurs bombardements mardi, qui ont fait au moins dix morts et plus de 20 blessés selon les autorités locales. A Marioupol, port sur la mer d'Azov, plus d'une centaine de personnes ont été blessées mardi dans des tirs russes, selon le maire de la ville, Vadim Boïtchenko, cité par des médias ukrainiens. A Kherson, dont les entrées étaient déjà contrôlées par les forces russes, ces dernières ont pris dans la nuit le contrôle de la gare ferroviaire et du port, selon le maire de la ville Igor Kolykhaïev, cité par des médias locaux.
A Borodianka, à 50 km de Kiev, des frappes aériennes russes ont détruit deux immeubles résidentiels dans la journée de mardi, selon la première vice-ministre ukrainienne des Affaires étrangères, Eminé Djaparova, qui a partagé une vidéo des immeubles gris partiellement en ruines, avec des appartements en flammes.
Les troupes biélorusses bientôt mobilisées ?
Le ministère ukrainien de la Défense a par ailleurs indiqué dans la nuit redouter une attaque du Bélarus. "Les troupes bélarusses ont été mises en état d'alerte et se trouvent dans les zones de concentration les plus proches de la frontière de l'Ukraine", a affirmé le ministère dans un communiqué sur Facebook.
Au cours de la journée de mardi, le renseignement ukrainien a constaté une "activité importante" des avions dans la zone frontalière, et des convois de véhicules transportant des vivres et des munitions y ont été observés, indique le communiqué. Au vu de ces mouvements, le Bélarus "pourrait probablement soutenir dans l'avenir les envahisseurs russes dans la guerre russo-ukrainienne", a mis en garde le ministère. Des "attaques aux missiles contre des cibles militaires et civiles" en Ukraine sont "systématiquement" lancées du territoire bélarusse depuis le début de l'invasion russe le 24 février, a-t-il ajouté.