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avec AFP / Crédits photo : Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Volodymyr Zelensky a mis en garde ce mardi contre le risque d'une défaite face à Moscou en cas de fin de l'aide américaine, jugeant la "survie" de l'Ukraine en jeu au moment où le tir de missiles américains ATACMs sur le territoire russe fait craindre une nouvelle escalade. Les États-Unis vont d'ailleurs fournir à l'Ukraine des "mines antipersonnel non-persistantes".
L'ESSENTIEL

Au 1.000e jour de la guerre, Moscou a promis une réponse "appropriée" après l'attaque menée par l'Ukraine sur son sol pendant la nuit de lundi à mardi et a annoncé que les possibilités de recours à l'arme nucléaire étaient ainsi élargies, une rhétorique dénoncée par les Occidentaux.

Inquiétude sur le retour de Donald Trump

Alors que sur le terrain les troupes russes avancent sur plusieurs secteurs du front, Kiev et ses alliés européens s'inquiètent des conséquences du retour au pouvoir le 20 janvier de Donald Trump, très sceptique à l'égard des milliards que l'administration de l'actuel président Joe Biden a accordé à l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe en février 2022. "S'ils coupent (l'aide), je pense que nous perdrons", a déclaré le dirigeant ukrainien lors d'une interview sur Fox News, la chaîne américaine préférée des conservateurs.

"Bien sûr, dans tous les cas, nous resterons, nous nous battrons. Nous avons notre production. Mais ce n'est pas assez pour l'emporter. Et je pense que ce n'est pas assez pour survivre", a-t-il ajouté, insistant sur l'importance de "l'unité" entre l'Ukraine et les États-Unis. Un haut-responsable américain a déclaré à l'AFP que les États-Unis allaient également fournir à l'Ukraine des "mines antipersonnel non-persistantes" - c'est à dire équipées d'un dispositif d'autodestruction ou d'autodésactivation pour empêcher qu'elles ne constituent un danger pendant des générations après la fin de la guerre - pour renforcer ses défenses face à l'invasion russe.

Durant sa campagne, Donald Trump a promis à plusieurs reprises de mettre rapidement fin à la guerre, sans préciser comment. Lundi, sa garde rapprochée a même dénoncé une "escalade" voire un risque de "troisième guerre mondiale" après la décision de Joe Biden d'autoriser l'Ukraine à frapper en territoire russe avec des missiles longue portée de fabrication américaine.

 

"Nouvelle phase"

Après l'annonce de ce feu vert dimanche, l'attaque ukrainienne de mardi matin a, selon l'armée russe, visé des installations militaires dans la région de Briansk, non loin de la frontière ukrainienne. Cinq projectiles ont été détruits. Ces tirs ont été confirmés à l'AFP par un responsable ukrainien s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, même si le chef de l'État Volodymyr Zelensky s'est borné à dire que son pays disposait de ces missiles et allait "les utiliser".

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a pour sa part jugé, en marge du G20 à Rio, que cela adressait "un signal" selon lequel l'Ukraine et les Occidentaux "veulent l'escalade". Il s'agit d'"une nouvelle phase de la guerre occidentale contre la Russie et nous réagirons en conséquence", a-t-il martelé. Pour lui, ces missiles précis fournis par les États-Unis ne peuvent pas être employés par Kiev "sans l'aide d'experts et d'instructeurs américains".

Menace d'un recours à l'arme atomique

En réponse, Sergueï Lavrov a invité les Occidentaux à "lire la totalité" de la nouvelle doctrine nucléaire russe, officialisée mardi par Vladimir Poutine, qui élargit la possibilité d'un recours à l'arme atomique en cas d'attaque "massive" par un pays non nucléaire mais soutenu par une puissance nucléaire. Une référence claire à l'Ukraine et aux États-Unis. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriï Sybiga a appelé à "garder la tête" froide et à "ne pas céder à la peur".

Washington, Londres et l'Union européenne ont dénoncé "une rhétorique irresponsable" de la part de la Russie de Vladimir Poutine. Le président français Emmanuel Macron a dénoncé une posture "escalatoire" de la Russie qu'il a appelé "à la raison" : "Elle a des responsabilités en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies".

Pertes territoriales

Le président russe ne s'est pas encore exprimé publiquement sur l'attaque ukrainienne de mardi matin mais son porte-parole Dmitri Peskov, dans un entretien à l'agence Ria-Novosti, a accusé les Occidentaux de vouloir provoquer "une défaite stratégique" de la Russie et d'"utiliser l'Ukraine comme instrument" pour cela.

L'Ukraine réclamait depuis des mois de pouvoir frapper des cibles militaires en profondeur en Russie pour dérégler la logistique de son armée, désormais appuyée par des milliers de soldats nord-coréens, selon Kiev et les Occidentaux. 

Face au Parlement ukrainien, Volodymyr Zelensky a estimé que le dénouement interviendrait en 2025 et a reconnu que l'Ukraine pourrait devoir attendre l'après-Poutine pour "rétablir" son intégrité territoriale, les forces russes occupant près de 20% de sa superficie. C'est la première fois qu'il admet ainsi que son pays devra "peut-être" accepter, pendant un temps, la perte de zones occupées par la Russie.