Alors qu'un attentat a fait au moins 28 morts et 61 blessés, mercredi soir à Ankara, les commanditaires n'ont toujours pas été identifié. "Tout est possible mais, à l'heure actuelle, il faut éviter les spéculations", a réagi jeudi sur Europe 1 Hakki Akil, ambassadeur de Turquie en France. "Cela peut être le PKK [Parti des travailleurs du Kurdistan], cela peut être Daech." Selon le diplomate, "il n'y a pas d'ennemi prioritaire" entre ces deux organisations terroristes, l'une kurde, l'autre islamiste. "Nous combattons les deux, nous ne pouvons avoir le luxe d'en laisser une de côté", a t-il fait remarquer.
Une coopération internationale indispensable. Hakki Akil a également appelé à des actions de la communauté internationale, et notamment de l'ONU. "De nos jours, le terrorisme peut frapper n'importe où, n'importe quand. Nous devons le combattre grâce à une coopération internationale. Sans [cela], nous n'en viendrons jamais à bout." Alors que la presse turque soupçonne l'auteur de l'attaque d'Ankara d'être un Syrien entré en Turquie avec des réfugiés, l'ambassadeur a rappelé que la crise des migrants devait d'abord être gérée "à la source, en stabilisant la Syrie". Il a également souligné les mesures prises par son pays pour faciliter l'accueil des réfugiés. "Les gens qui entrent en Turquie reçoivent une identité biométrique, nous avons leurs empreintes digitales", a t-il expliqué. Selon la presse locale, c'est précisément grâce à ces informations que l'auteur de l'attentat terroriste aurait pu être identifié.
Ankara a consacré 1,4% de son PIB aux réfugiés. Enfin, Hakki Akil a martelé l'implication de la Turquie, qui accueille "2,5 millions de personnes" sur son territoire. "Nous avons dépensé plus de 9,5 milliards (pour les réfugiés)", a détaillé l'ambassadeur. "C'est 1,4% de notre PIB". En outre, Ankara a arrêté près de 6.000 passeurs clandestins en 2015. "Ce combat n'est pas aussi facile qu'on l'imagine", a rappelé Hakki Akil. "Il y a des centaines de kilomètres de côtes à 20 minutes des îles grecques." Une manière de répondre à l'Union européenne, qui voudrait que la Turquie "reprenne" tous les réfugiés arrivés illégalement en Grèce, afin d'éviter un exode massif vers les autres pays européens. Ce sujet doit être abordé lors d'un mini-sommet jeudi, à Bruxelles.
>>Retrouvez l'interview d'Hakki Akil en intégralité :
Attentats, menace terroriste et immigration...par Europe1fr