Hong Kong : la liberté de la presse enterrée par Pékin

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Vincent Hervouet
Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce mardi, il s'intéresse à l'emprise grandissante de Pékin sur Hong Kong, où la liberté de la presse est mise à mal par les pressions du régime chinois. L'un des sites d'information les plus populaires de l'ancienne colonie britannique a décidé de fermer ses portes.    
EDITO

Depuis minuit heure locale, les articles de CitizenNews ne sont plus mis à jour. Les 800.000 abonnés peuvent toujours aller sur le site comme on va au musée. C’est comme un canard sans tête qui court encore. Les journalistes de CitizenNews ont décidé de se saborder. Pourquoi ? Parce qu’ils ont peur. Il faut les comprendre : ils sont chevronnés, ils ont une vie, une famille, pas de vocation au martyr. Ils ont vu la semaine dernière, sept confrères d’un titre concurrent (Stand News) jetés au cachot.

Le monde s'est résigné au pire

 

Le rédacteur en chef et son prédécesseur sont inculpés pour "conspiration en vue de réaliser une publication subversive". Ça va leur coûter cher. On ne sait pas combien. C’est flou, c’est toujours comme cela. On ne connait pas non plus les contours d’application de la loi sur la sécurité nationale qui impose aux médias de ne publier que des "infos sûres".

Dans le doute, une "info sûre" est une info qui plaît au Parti communiste chinois. Mais comment savoir si telle ou telle nouvelle ne va pas lui déplaire ? C’est une question de rapport de forces. CitizenNews a arrêté de jouer au chat et à la souris à l’heure même où les nouveaux élus du Conseil législatif de Hong Kong prêtaient serment de loyauté à Pékin. 89 de ces 90 élus ont applaudi à grands cris la fermeture de Stand News. On s’interroge sur le 90ème, celui qui n’a pas aboyé avec la meute.

Six mois pile après l’instauration de la loi de Sécurité nationale, Hong Kong est une région administrative spéciale qui n’a plus rien de spécial. Pour Pékin, les humiliations du colonialisme britannique sont lavées. Pour les démocrates, la bataille est perdue. Le monde s’est résigné au pire.

La normalisation risque de se reproduire à Taïwan

Deng Xiao Ping racontait qu’il avait trouvé la formule magique pour moderniser la Chine, c’était Hong Kong. Le monde l’a cru. Tout le monde, sauf Taïwan. L'Occident pensait naïvement que Hong Kong était l’avenir de la Chine. Personne n’imaginait le contraire, que Hongkong devrait s’aligner sur le continent.

Taïwan où la normalisation risque de se reproduire. De gré et de force, inéluctable. Qu’est ce qu’en disent les experts taïwanais qui suivent l’histoire aux premières loges ? Qu’il faut refuser l’intimidation. Soutenir les démocrates, coûte que coûte. Ne pas répéter comme des perroquet la propagande de Pékin qui prétend être une grande puissance, prête à toutes les surenchères, militaires si besoin.

Les Américains relèvent le défi à leur façon. Cela n’empêche pas Pékin de tenir tête au monde et d’interdire par exemple depuis deux ans pile toute enquête sur l’origine du Covid.

Il est urgent d’écouter et de s’allier aux pays de la région qui dépendent économiquement de Pékin mais refusent de s’aligner. Nos alliés naturels sont l’Inde, le Vietnam, le Japon, la Corée du sud, et même les voisins comme l'lndonésie, la Malaisie, les Philippines, cette moitié du monde qui n’a pas envie de finir comme Hongkong à se demander ce que c’est une info sûre...