Nous sommes le vendredi 29 mars 2019, une date à la fois attendue et redoutée par les Britanniques, celle du Brexit. Désormais, nous le savons, le Brexit n'aura pas lieu ce vendredi. Qu'en pensent les partisans de cette sortie de l'Union européenne ?
Une bande d’irréductibles, d'infatigables, a choisi de rallier Sunderland, tout au nord de l'Angleterre, à Londres à pied. Quelque 400 kilomètres à travers la campagne verdoyante, enveloppés dans des drapeaux britanniques, chantant leurs slogans, parfois uniquement pour les vaches.
"Nous avons choisi de partir mais le Parlement est rempli d'élus qui veulent rester." Anthony a hâte d'arriver devant le Parlement, à Westminster, à la mi-journée, pour faire entendre son mécontentement. "J'ai vraiment le sentiment d'avoir été trahi. On a gagné équitablement une élection démocratique et ils refusent d'appliquer ce pourquoi on a voté. Les règles étaient claires : voter pour partir ou rester dans l'Union. Il n'était pas question d'accord à négocier ou de marché commun, ni d'union douanière ! Les deux choix possibles étaient "Rester" ou "Partir". Nous avons choisi de partir mais le Parlement est rempli d'élus qui veulent rester. C'est le contraire de la démocratie", estime-t-il sur Europe 1.
>> De 7h à 9h, c’est deux heures d’info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici
En attendant le vote d'aujourd'hui, tout a l'air bloqué mais cette date du 29 mars est toujours perçue comme une "Milestone", comme disent les Britanniques, une étape importante, un jour à marquer d'une pierre blanche. Ils l'ont rêvé cet "Independance Day" comme ils l'avaient surnommé. Rêvé si fort que Nick a semble-t-il du mal à se faire à l'idée que le Brexit, ce n'est pas pour ce soir : "On a encore de l'espoir. Regardez les deux dernières semaines, tous les rebondissements... Tout peut arriver, on y croit encore."
"Après 40 ans enfin nous allions aller de l'avant." Pour l'instant, sur le papier, ce sera soit le 12 avril, soit le 22 mai. Pas ce soir à 23h, pas comme l'avait imaginé Paul depuis près de trois ans. "Après 40 ans, enfin, nous allions aller de l'avant. C'était un sentiment merveilleux. Celui de sortir des règles que nous imposait l'Union européenne. C'était un sentiment incroyable", lâche-t-il. Il y a de la frustration plus que de la colère chez ces marcheurs car selon eux, Theresa May revient chaque jour sur une de ses promesses. Elle ferait tout pour que le Brexit soit le plus "light" possible.
En ce qui concerne la suite des événements, chacun y va de sa petite idée. Car il y a parmi eux - et ça vaut pour tout le pays - toutes sortes de Brexiters. Ceux qui veulent un Brexit dur, sans accord avec l'Union européenne, ceux qui veulent garder certains avantages et certains inconvénients, mais partir quand même. Nick souhaite par exemple que le prochain Premier ministre, celui qui va devoir encore négocier pendant deux ans avec Bruxelles, soit un Brexiter convaincu. Une fois la tâche terminée, il est prêt à s'en débarrasser.
"On va vous embêter pour que vous ayez envie de vous débarrasser de nous." Kate, elle, s'amuse à cultiver le paradoxe anglais. Elle aime bien aussi le vocabulaire de la boxe anglaise : "On a gagné le référendum, c'était le premier round. Ceux qui veulent rester ont gagné le deuxième round. Maintenant, nous on va chercher le K.O. jusqu'à la sortie de l'Union. Si on a la possibilité de voter aux élections européennes, on va élire des députés qui partagent nos points de vue, des députés anti-Europe. Nous serons comme une écharde dans votre œil. On va vous embêter pour que vous ayez envie de vous débarrasser de nous."