Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, les soldats se déploient dans la capitale de la République démocratique d'Allemagne, déroulent les barbelés et posent les premières pierres. Ils construisent alors le Mur de Berlin. Les Allemands qui y ont assisté n’ont pas oublié cette nuit historique. A l’occasion des soixante-ans de la construction du Mur, les Berlinois se remémorent ces tristes souvenirs.
Travailler à l’ouest et habiter à l’Est ou le contraire. Jusqu’au 13 août 1961, ce n’était pas un problème à Berlin. La ville avait beau être divisée en quatre secteurs d’occupation, on circulait librement entre les quartiers. La chancelière Angela Merkel venait juste de fêter ses 7 ans à l’époque. Pour la première fois, il y a quelques mois à l’occasion d’une rencontre avec des adolescents allemands, Angela Merkel a livré quelques souvenirs de cette période. "Le 11 août, je suis allée du quartier de Pankow à l’Est vers celui de Wedding qui était situé à l’ouest, avec ma grand-mère. Je crois me souvenir que ma grand-mère était allée acheter des cigarettes de l’ouest. Et puis nous sommes rentrées", raconte-t-elle.
"Les gens ne pouvaient pas croire qu’on aller couper la ville en deux"
Elle habite alors à une centaine de kilomètres au nord de Berlin, dans le Brandebourg où elle rentre en train avec son père. "On voyait des rouleaux de fils barbelés entreposés partout dans la forêt. C’était clair que quelque chose était en préparation à Berlin, mais les gens ne pouvaient pas croire qu’on aller couper la ville en deux", se souvient Angela Merkel.
La chancelière allemande se souvient de son père, qui avait "peur de ne pas voir sa mère pendant un certain temps". "Mais elle, à Berlin-Est, n’a jamais pensé qu’elle ne pourrait plus jamais voir sa sœur à l’ouest", poursuit-elle. Deux jours après, le 13 août au matin, c’était déjà "trop tard". "C’était un moment effroyable. Je me souviens de mes parents tellement tristes", confie la dirigeante allemande.
Même les soldats à l’est de la ville n’étaient pas au courant
Pourtant au mois de juin, Walter Ulrbich le président de la RDA l’avait assuré : "personne n’a l’intention de construire un mur !". Même les soldats est-allemands ne sont pas au courant des plans du régime.
Peter Guba faisait encore des contrôles de véhicules à la porte de Brandebourg la veille de la construction. "Ma mère est venue me réveiller en criant : 'ils construisent un mur, ils construisent un mur, on ne va plus passer'. Je lui ai répondu 'Mais si ! À la porte de brandebourg ça passe toujours, il y a de la place !'", se remémore cet ancien soldat. "Je suis allé voir, il y avait déjà des barbelés, et j’ai réalisé qu’on était enfermés et qu’on n’aurait plus de contact avec ceux d’en face", poursuit-il.
"Pour nous les Berlinois c’était à peine croyable !"
De l’autre côté de la place, se trouve Winfried, alors âgé de 16 ans. "On passait par là tous les jours ! C’était un choc terrible. Vous ne pouvez pas imaginer", déclare-t-il, ému. "Quand ils ont déroulé les barbelés, on a crié en boucle 'non aux barbelés'. Mais nous voyions avec horreur les unités d’intervention de la police est-allemande se rassembler, avec des mitraillettes", se rappelle Winfried. Avant d’ajouter : "pour nous, les Berlinois, c’était à peine croyable !".
Les policiers de l’ouest aidés des soldats britanniques repoussent finalement la foule. Les puissances occidentales n’ont pas voulu prendre le risque d’un conflit ouvert avec le bloc de l’Est. Le "Mur de la honte" divisera Berlin pendant plus de 28 ans jusqu’au 9 novembre 1989.