"L’avion est resté cloué au sol et Boris Johnson s’est crashé. L’idée d’expulser les migrants clandestins vers les Tropiques n’est pas de lui. L’Australie a inventé les camps de rétention dans des îles de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Pendant des années, elle y a systématiquement relégué et oublié les indésirables qui tentaient de débarquer sur ses cotes sans visa. Israël en a fait autant avec 4.000 Soudanais et Erythréens, renvoyés sur leur continent, via l’Ouganda et le Rwanda déjà. En Europe, le Danemark a été le premier à légiférer pour sous-traiter le problème des migrants à un pays tiers.
L’accord signé en avril avec le Rwanda devait manifester une reprise en main
Les modalités diffèrent, pas la justification : dissuader ceux qui veulent forcer la porte. Et en les dissuadant, les sauver des mafias qui les réduisent en esclavage ou de la noyade qui les guette dans le Pacifique, la Méditerranée ou la Manche. Depuis le début de l’année, toute une flottille a acheminé du côté de Douvres plus de 10.000 étrangers sans papiers en règle. Depuis le début de la semaine, ils sont plusieurs centaines à avoir débarqué sur les côtes du Royaume-Uni. Ils sont toujours plus nombreux et l’impuissance du gouvernement toujours plus choquante. Aucun d’entre eux ne peut obtenir l’asile politique puisqu’ils viennent de France, c’est un pays sûr, quoi qu’il se passe au Stade de Saint Denis.
La fin de l’immigration subie, on relève le pont levis. Londres n’est plus open-bar, les nouveaux venus iront au diable. Le 'partenariat de développement économique' signé avec le Rwanda en avril est offre une nouvelle terre promise où seront transférés de gré ou de force ceux qui débarqueront sans y avoir été invités. Londres vante le Rwanda comme 'un pays avec une économie en développement rapide, reconnu mondialement pour ses résultats en matière d’accueil et d’intégration des migrants'. C’est vrai : les Rwandais s’y connaissent en matière de réfugiés, ils en font des millions en allant guerroyer au Congo.
C’était sans compter l’opposition des juges
Le gouvernement s’attendait à la fronde des bien-pensants. Priti Patel, la ministre de l’Intérieur, elle-même d’origine indienne, ne se laisse pas intimider par les ONG, les éditorialistes payés pour s’indigner, les travaillistes qui jamais ne désarment, les avocats des passeurs, etc... En revanche, difficile de traiter de démagogue le prince Charles qui se dit consterné. Délicat de polémiquer avec l’église anglicane qui trouve cette politique immorale.
Plus encore : impossible de passer par-dessus la tête des juges. Dans un premier temps, la justice a validé les expulsions. Ne violant pas les droits de l’Homme, les recours ont été rejetés. Malgré cela, les contestations individuelles ont peu à peu vidé la liste des passagers qui devaient embarquer hier. Ils étaient encore 50 samedi. Ils n’étaient plus que sept hier soir.
L’avion allait décoller pratiquement à vide, quand la Cour européenne des droits de l’homme a pris une mesure d’urgence provisoire pour obliger Londres à repousser l’expulsion d’un Irakien tant que la justice britannique n’aura pas examiné la légalité du projet, vérifiant notamment que l’Irakien aura accès à des procédures équitables au Rwanda. C’est là que Boris Johnson s’est crashé. Le Brexit était censé protéger les Britanniques des envahisseurs et les libérer de cette justice hors sol qui prétend imposer ses oukases depuis Strasbourg ou Luxembourg. C’est pour cela qu’ils ont voté le divorce. En vain, le Brexit ne dissuade ni les migrants, ni les Européens de leur marcher sur les pieds."