La Grèce était mardi en proie à de nouveaux feux de forêt, en particulier au Nord d'Athènes, où quelque 300 personnes ont été évacuées, selon les pompiers. Après le mont Penteli la semaine dernière, c'est le mont Parnès, la deuxième des trois collines qui encadrent Athènes, qui était en feu mardi, répandant d'épaisses fumées sur la capitale grecque.
Les feux s'approchant des habitations, trois villages ont été évacués au pied du mont Parnès, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest d'Athènes, selon les pompiers.
En Turquie, où les feux ont fait huit morts, les flammes se rapprochent d'une centrale thermique à Milas, dans le Sud du pays.
"C'est une tragédie"
"Notre priorité est de sauver des vies, d'où la décision d'évacuer des villages", a précisé mardi soir, lors d'une conférence de presse, le ministre de la Protection du citoyen, Michalis Chryssohoidis, évoquant des conditions difficiles. "C'est une tragédie", a confié sur la chaîne de télévision Skai, Spyros Vrettos, le maire du chef-lieu, Acharnon. "Mais heureusement, la vie d'aucune personne n'est en danger".
L'autoroute reliant le nord au sud du pays a été coupée par précaution et des dizaines d'enfants ont été évacués d'une colonie de vacances, selon des médias grecs. Près de 200 chevaux qui se trouvaient dans des centres d'équitation ont également été déplacés sains et saufs, selon la confédération grecque d'équitation.
La police a indiqué avoir aidé près de 70 personnes qui étaient coincées chez elles, dans des localités entourées par les flammes. La protection civile a dit avoir envoyé des messages aux résidents de Varympompi, située sur le mont Parnès, afin qu'ils restent en état d'alerte. Varympompi se trouve proche de l'ancien palais royal de Tatoï, d'où des œuvres précieuses ont été mises à l'abri par précaution.
Au total, plus de 500 pompiers, 70 camions, cinq hélicoptères et sept bombardiers d'eau sont mobilisés à Varympompi, selon les services d'incendie. Un habitant, sur la chaîne Open TV, s'interroge en colère : "Il n'y avait pas de vent. Comment est-ce que les pompiers n'ont pas pu éteindre rapidement ce feu ?".
Athènes se drape d’un épais nuage de fumée. L’incendie au nord de la capitale grecque conduit à l’évacuation de plusieurs maisons. pic.twitter.com/PW5rHScdY5
— Alexandros Kottis (@alexandros_kts) August 3, 2021
80 feux depuis mardi, dont 40 encore actifs
D'après l'agence de presse grecque ANA, seize mineurs non accompagnés du centre de rétention d'Amygdaleza situé à proximité du feu ont été transférés dans un camp de l'Attique par précaution. Si nécessaire, les autres migrants pourraient aussi être déplacés vers d'autres structures selon l'ANA.
La Grèce a été confrontée à près de 80 feux mardi, dont 40 encore actifs, selon le ministre adjoint à la protection civile, Nikos Hardalias.
"Nous faisons face à des conditions extrêmes avec des températures autour de 45°C en Attique", a ajouté le ministre, lors de la même conférence de presse. "Les heures qui viennent sont décisives. La canicule va encore durer, nous demandons aux citoyens d'être vigilants", a-t-il conclu.
Dans le sud de la péninsule du Péloponnèse, à 300 km d'Athènes, trois villages ont été évacués après un incendie qui s'est déclaré mardi après-midi. Sur l'île de Kos, dans l'archipel du Dodécanèse en mer Egée, les pompiers ont fini mardi soir par maîtriser un feu de forêt. Les pompiers peinaient à circonscrire un autre sinistre important, en cours depuis dimanche sur l'île touristique de Rhodes, qui continuait mardi à consumer une forêt.
Depuis la semaine dernière, la Grèce est touchée par "la pire canicule" en plus de trente ans, selon le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.
En Turquie, des forêts et terres agricoles ravagées
En Turquie et à Chypre, d'intenses vagues de chaleur ont vu les températures au niveau du sol grimper jusqu'à plus de 50 degrés Celsius pour la deuxième fois en un mois, a indiqué mardi l'Agence spatiale européenne (ESA). Ces températures sont celles que l'on ressentirait si l'on touchait le sol à un endroit donné, selon les explications de la Nasa.
Ces derniers jours, des températures supérieures à 40°C (dans l'air), dans plusieurs villes de Turquie, ont provoqué une augmentation record de la consommation d'électricité, donnant lieu à des coupures de courant lundi dans les grandes villes comme Ankara et Istanbul.
L'Union européenne a envoyé trois avions bombardiers d'eau pour aider la Turquie à lutter contre les incendies. Ankara avait déjà emprunté des avions auprès de la Russie, de l'Ukraine, de l'Azerbaïdjan et de l'Iran, mais le pays ressent cruellement les conséquences de la disparition graduelle de sa propre flotte de Canadairs depuis quelques années.
Le principal parti d'opposition, le CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate), a reproché au président turc Recep Tayyip Erdogan d'avoir démantelé l'infrastructure d'une organisation semi-publique qui détenait dans le passé des bombardiers d'eau et qui était en charge de la lutte contre les incendies.
La Turquie subit les pires incendies depuis une décennie, qui ravagent des forêts et des terres agricoles, ainsi que des zones habitées sur les côtes méditerranéennes et égéennes.