Plusieurs explosions se sont produites jeudi à proximité de l'aéroport de Kaboul. "Nous pouvons confirmer une explosion à l'extérieur de l'aéroport de Kaboul", a tweeté jeudi après-midi John Kirby, le porte-parole du Pentahone. Selon les informations d'Europe 1, il s'agit d'un attentat-suicide, indique une source française. Emmanuel Macron a de son côté indiqué qu'il y avait eu "plusieurs explosions", ce que de nombreux médias ont indiqué par la suite. Entre 13 et 20 personnes sont mortes, avec plus de 50 blessés, selon les talibans. L'une de ces explosions a été revendiquée par l'État islamique.
"Faire payer" les auteurs de l'attaque
Douze militaires américains ont été tués et quinze autres blessés dans ces attentats-suicides, a indiqué un haut responsable militaire américain, en précisant que les évacuations d'Afghanistan se poursuivaient malgré tout. "Deux djihadistes considérés comme appartenant à l'EI se sont fait sauter à Abbey Gate, suivis par des jihadistes de l'EI armés qui ont fait feu sur les civils et les militaires", a précisé le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central américain chargé de l'Afghanistan. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des dizaines de victimes, mortes ou blessées, étendues dans les eaux saumâtres d'un canal d'égout, entourées de secouristes débordés et démunis. Hommes, femmes et enfants couraient dans tous les sens pour s'éloigner du lieu des explosions.
Confronté à la plus grave crise depuis le début de son mandat et visiblement secoué, le président américain Joe Biden a réagi en promettant de "pourchasser" et de "faire payer" les auteurs de l'attaque. "L'Amérique ne se laissera pas intimider", a-t-il lancé d'un ton martial. Ce premier attentat meurtrier depuis le retour au pouvoir des talibans le 15 août intervient à quelques jours du départ du pays des troupes américaines, prévu le 31 août après vingt ans de guerre infructueuse contre les islamistes. Les larmes aux yeux, Joe Biden a rendu hommage aux soldats tués, "des héros (...) engagés dans une mission dangereuse et altruiste pour sauver d'autres vies" et il a fait savoir que les Etats-Unis allaient "poursuivre l'évacuation".
L'ambassadeur de France rapatrié
Le secrétaire général de l'ONU a convoqué les membres permanents du Conseil de Sécurité à se réunir pour évoquer la situation chaotique dans le pays. Antonio Guterres a invité dans une lettre les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie, et la Chine à une réunion lundi.
Dénonçant un "attentat terroriste", le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a souligné que la priorité "reste d'évacuer autant de gens que possible". La France a annoncé dans la foulée le rapatriement à Paris de son ambassadeur en Afghanistan, David Martinon, pour raisons de sécurité. Il se trouvait jusqu'ici à l'aéroport de Kaboul, où les forces occidentales supervisent les évacuations de milliers d'étrangers et d'Afghans depuis la prise de pouvoir soudaine des talibans le 15 août.
La chancelière allemande Angela Merkel a dénoncé un attentat "absolument ignoble". L'Allemagne a annoncé avoir mis fin à ses vols d'évacuation, comme les Pays-Bas et le Canada. L'Australie s'est félicitée vendredi d'avoir évacué ses derniers soldats la veille de l'attentat. "Je suis vraiment heureux et soulagé que nos soldats aient quitté Kaboul et que nous ayons pris la décision d'évacuer hier (jeudi) nos derniers ressortissants", a déclaré le ministre de la Défense Peter Dutton. Après les explosions, Paris a annoncé le rapatriement en France pour raisons de sécurité de son ambassadeur en Afghanistan David Martinon, qui se trouvait jusqu'alors à l'aéroport de Kaboul.
"Une énorme explosion"
Selon des sources militaires, l'une des explosions s'est produite à proximité d'Abbey Gate, l'un des trois points d'accès à l'aéroport où se pressent des milliers d'Afghans qui espèrent être évacués pour échapper au régime taliban. "C'était une énorme explosion, au milieu de la foule qui attendait devant une des portes de l'aéroport", où entrent des gens qui se font évacuer par les Occidentaux, a déclaré à l'AFP un témoin de la scène, Milad. "Quand les gens ont entendu l'explosion, ça a été la panique. Les talibans ont alors tiré en l'air pour disperser les gens qui attendaient devant la porte", a indiqué à l'AFP un autre témoin, qui a notamment vu "un homme courir avec un bébé blessé dans les bras".
Quelques minutes plus tôt, le Pentagone avait démenti des informations selon lesquelles les évacuations d'Afghanistan pourraient, en raison de ces menaces, se terminer plus tôt que le 31 août. Le rythme des départs, qui n'avait cessé de s'accélérer ces derniers jours, avait commencé à ralentir depuis mercredi.
Selon un bilan de la Maison-Blanche jeudi matin, 13.400 personnes ont été évacuées au cours des 24 dernières heures (5.100 à bord de 17 avions militaires américains et 8.300 sur 74 avions de la coalition). Depuis le début du pont aérien le 14 août, et malgré une situation chaotique à l'aéroport provoqué par l'afflux de candidats au départ, les Etats-Unis ont contribué à l'évacuation d'environ 95.700 personnes.