Des frappes américaines en Irak ont tué tôt mercredi au moins cinq combattants d'un groupe pro-Iran, selon des sources sécuritaires irakiennes, nouvelle escalade dans un contexte de tensions régionales accrues depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien à Gaza. Plus tôt, le Commandement militaire américain au Moyen-Orient, Centcom, avait annoncé avoir mené des "frappes de précision" sur deux sites en Irak, en représailles aux récentes attaques de groupes pro-Iran contre les troupes américaines et les forces de la coalition internationale antijihadistes, en Irak et en Syrie.
Des frappes qualifiées "d'auto-défense"
Mardi déjà, un bombardement dans la région d'Abou Ghraib près de Bagdad avait visé un véhicule du Hachd al-Chaabi, coalition d'ex-paramilitaires intégrés aux forces régulières, faisant un mort et des blessés, Washington revendiquant une frappe aérienne "d'auto-défense". Cette série de frappes américaines sont les premières en Irak depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas qui a fait monter les tensions dans la région.
"Cinq membres des Brigades du Hezbollah ont été tués par un bombardement aérien sur le secteur de Jurf al-Sakhr", a indiqué mercredi à l'AFP un responsable au sein des services de sécurité irakiens, s'exprimant sous couvert d'anonymat. Un responsable du Hachd al-Chaabi a fait état de "cinq morts et quatre blessés" parmi les combattants de ce groupe influent. Fournissant lui un bilan de sept blessés, un troisième responsable, du ministère de l'Intérieur, a confirmé "une frappe contre des sites des Brigades du Hezbollah, à Jurf al-Sakhr", à une soixantaine de kilomètres au sud de Bagdad.
En représailles aux attaques contre les forces américaines, Washington a déjà bombardé à trois reprises en Syrie des sites liés à l'Iran. Les États-Unis ont aussi adopté des sanctions contre sept personnes affiliées à deux groupes armés irakiens pro-iraniens, dont les Brigades du Hezbollah.
Un nombre d'attaques en augmentation
La frappe américaine de mardi dans la région d'Abou Ghraib avait été menée en riposte à l'attaque la veille d'un "missile balistique à courte portée" sur la base irakienne d'Aïn al-Assad, où sont stationnées dans l'ouest du pays des troupes américaines et de la coalition internationale antijihadiste, selon le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder. L'attaque sur Aïn al-Assad a fait huit blessés et quelques dégâts légers sur la base, selon le porte-parole.
Le nombre d'attaques visant les forces américaines et la coalition internationale antijihadistes en Irak et en Syrie a bondi depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas. Les forces américaines et la coalition ont été visées à 66 reprises par des tirs de roquettes ou des frappes de drones depuis le 17 octobre, dix jours après le début de la guerre, selon le Pentagone. Les attaques ont fait une soixantaine de blessés parmi les effectifs américains, selon la même source.
Funérailles à Bagdad
Ces dernières semaines, la plupart de ces attaques ont été revendiquées par la "Résistance islamique en Irak", nébuleuse proche des groupes armés pro-Iran qui saluent son action sur leurs chaînes de l'application Telegram. Le mouvement a annoncé mardi qu'un de ses combattants avait été tué au combat dans "la bataille" contre les forces américaines en Irak, allusion au bombardement d'Abou Ghraib.
Des funérailles se sont tenues mardi près d'une mosquée de Bagdad pour ce combattant, Fadel al-Maksoussi, en présence de plusieurs centaines de membres du Hachd al-Chaabi, selon un journaliste de l'AFP. Son cercueil était recouvert d'un drapeau aux couleurs des Brigades du Hezbollah. Ce groupe avait récemment assuré que les attaques de la "Résistance islamique en Irak" faisaient partie d'une "stratégie d'usure". Washington compte environ 900 soldats en Syrie et près de 2.500 en Irak qui combattent l'organisation jihadiste État islamique (EI).