Les Kurdes d'Irak ont commencé à voter lundi matin pour leur indépendance lors d'un référendum historique qui doit ouvrir la voie à un État pour lequel ils luttent depuis près d'un siècle.
Plus de cinq millions de personnes appelées à se prononcer. Les bureaux de vote seront ouverts jusqu'à 18 heures (17 heures à Paris) pour permettre aux 5.375.000 inscrits de se prononcer. Au total, 12.072 bureaux de vote sont installés non seulement dans la région autonome du Kurdistan (Nord de l'Irak), qui comprend les provinces d'Erbil, Souleimaniyeh et Dohouk, mais aussi dans des zones que se disputent les Kurdes et le gouvernement central irakien comme les riches provinces pétrolières de Kirkouk ou de Ninive.
Les résultats initiaux seront annoncés 24 heures après le scrutin, mais ils ne font aucun doute, la majorité des Kurdes étant acquises à l'indépendance. Les Kurdes, partagés entre l'Irak, la Syrie, l'Iran et la Turquie, n'ont jamais accepté le traité de Lausanne de 1923 qui les privait d'un État indépendant sur les dépouilles de l'empire ottoman.
Un pari risqué pour les Kurdes. Mais cette consultation initiée par le dirigeant kurde Massoud Barzani constitue un pari risqué car le Premier ministre irakien a clairement fait savoir qu'il prendrait "les mesures nécessaires" pour préserver l'unité du pays. Des pays voisins comme la Turquie et l'Iran, inquiets de voir leurs minorités kurdes suivre cet exemple, ont aussi menacé de représailles.
Lors d'une conférence de presse dimanche dans sa capitale d'Erbil, Massoud Barzani s'est montré inflexible. "Le partenariat a échoué avec Bagdad et nous ne le reprendrons pas. Nous sommes arrivés à la conviction que l'indépendance permettra de ne pas répéter les tragédies du passé", a-t-il martelé d'une voix calme mais ferme. "Nous nous attendons à des réactions d'un côté ou de l'autre, mais nous en sommes venus à une conviction : quel que soit le risque et le prix, c'est mieux que d'attendre un sombre destin", a-t-il clamé.
Des enjeux pétroliers. Le gouvernement irakien a demandé dimanche à tous les pays de ne traiter qu'avec lui pour toutes les transactions pétrolières. Le Kurdistan produit en moyenne 600.000 barils par jour dont 550.000 b/j sont exportés via Ceyhan en Turquie. Ces menaces, qui pourraient asphyxier économiquement le Kurdistan, inquiètent les électeurs même si l'entrain est de mise.
L'Iran ferme ses frontières avec le Kurdistan irakien. Les premières "sanctions" ont déjà eu lieu. L'Iran a fermé ses frontières avec le Kurdistan irakien, a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, cité lundi par l'agence Tasnim. "À la demande du gouvernement irakien, nous avons fermé nos frontières terrestres et aériennes" avec le Kurdistan irakien, a déclaré Bahram Ghassemi.
Lors d'un entretien téléphonique dimanche soir avec le Premier ministre irakien Haider al-Abadi, le président iranien Hassan Rohani a de nouveau apporté son soutien à Bagdad. "La République islamique d'Iran soutient totalement le gouvernement central irakien", a déclaré Hassan Rohani en soulignant l'opposition de Téhéran à toute action contraire à l'intégrité territoriale et à l'unité nationale de l'Irak, selon l'agence officielle Irna.