L'interdiction de voler à partir et vers les aéroports du Kurdistan irakien ne concerne pas les vols humanitaires, militaires et diplomatiques, a affirmé vendredi la directrice de l'aéroport international d'Erbil. Cette déclaration intervient alors que les étrangers se pressent dans les aéroports d'Erbil et de Souleimaniyeh, quelques heures avant l'arrêt à 18h, heure locale (15h, heure de Paris) des vols internationaux depuis et vers le Kurdistan, imposé par Bagdad en représailles au référendum d'indépendance dans cette région.
"Bagdad devrait cesser de punir leur propre peuple". "Les vols humanitaires, militaires et diplomatiques seront exclus" de l'interdiction, a indiqué Talar Faiq Saleh, la directrice de l'aéroport d'Erbil, la capitale du Kurdistan. "Je suis désolée de la situation dans laquelle nous nous trouvons. L'Autorité de l'Aviation (civile) est supposée être un (organisme) indépendant mais en Irak n'importe qui peut prendre une décision", a-t-elle déploré. "C'est une punition pour les Irakiens. Ils (les responsables à Bagdad) devraient cesser de punir leur propre peuple", a affirmé Talar Faiq Saleh. "Nous sommes censés aider les gens. Maintenant nos portes sont closes pour ceux qui sont dans le besoin".
Les vols "reprendront" si "l'autorité des transports est transférée" à Bagdad. Le Premier ministre Haider Abadi a assuré qu'il ne s'agissait pas d'une mesure de rétorsion. "Cette affaire ne représente pas une punition mais une mesure légale approuvée par le Conseil des ministres", a-t-il dit. "Le contrôle par le gouvernement des postes-frontières terrestres et des aéroports au Kurdistan n'a pas pour objectif d'affamer les gens mais de lutter contre la corruption", a-t-il poursuivi. "Les vols intérieurs se poursuivront et les vols internationaux reprendront dans la région (du Kurdistan) si l'autorité des transports est transférée" au pouvoir central à Bagdad, un transfert conforme à la Constitution selon le Premier ministre.
L'aéroport était un "pont" entre la Syrie et l'ONU. La veille, Talar Faiq Saleh avait estimé que l'interdiction des vols internationaux allait affecter "des consulats, des compagnies et du personnel international" en raison du grand nombre de réfugiés qui utilisent l'aéroport. "Nous étions un pont entre la Syrie et l'ONU pour l'envoi de l'aide humanitaire. Et aussi des forces de la coalition (internationale antidjihadistes), ce qui veut dire que l'aéroport servait pour tout", avait-elle dit.
Dans un communiqué, le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a indiqué œuvrer pour faire en sorte que "les opérations humanitaires en Irak se poursuivent et que les travailleurs humanitaires (puissent) entrer et sortir d'Erbil par voie aérienne". L'agence onusienne a appelé "toutes les parties à assumer leurs responsabilités et à assurer un accès humanitaire sans entraves à ceux qui en ont besoin". De son côté, la porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Iolanda Jaquemet, a dit que "le CICR ne compte pas réduire ses activités humanitaires". "Nos délégués sont titulaires d'un visa irakien valable sur tout le territoire, et nous opérons dans différentes régions du pays. Nous sommes aussi encouragés par le fait que le gouvernement irakien s'est engagé à ne pas entraver l'action des agences humanitaires", selon elle.