La situation évolue d'heure en heure devant l'ambassade américaine à Bagdad, où la situation est restée extrêmement tendue mercredi. Les militants pro-Iran commencent à se retirer des lieux et semblent suivre les ordres de groupes para-militaires iraniens, après leur intrusion spectaculaire dans la zone verte ultra sécurisée de la ville mardi.
"Nous avons jeté la honte sur l'Amérique !", scandent les miliciens pro-Iran en quittant la zone verte, qui depuis mardi n'a plus rien d'une forteresse. C'est à peine croyable : le mur de l'ambassade américaine (peut-être la plus sécurisée du Moyen-Orient) est recouvert de graffitis, plusieurs entrées sont brûlées. Les drapeaux de milices considérées comme organisations terroristes par les États-Unis flottent sur leur propre représentation diplomatique.
"Plus un seul Américain en Irak"
Ce sont les bases de ces milices pro-Iran qui ont été visées par des frappes américaines dimanche dernier. "Donald Trump ne mesure pas notre colère", dit un milicien devant l'ambassade. "L'Amérique est un poison pour l'Irak, 5.000 soldats américains basés ici, on n'a pas besoin d'eux, un ordre et on rentre tout de suite pour les découper en morceaux", poursuit-il.
Dans le ciel, des hélicoptères américains de type Apache volent à faible altitude. Jusqu'à mercredi matin ils étaient le seul moyen d'entrer et de sortir de l'ambassade pour le personnel et les soldats américains. Mercredi soir, les militants ont quitté les portes du bâtiment mais ils ne sont pas allés bien loin : sur ordre de leurs chefs, ils ont installé des tentes sur la rive du fleuve qui fait face à la Zone verte. "Notre but est que plus de sympathisants puissent nous rejoindre ici", dit un de leurs leaders, "pour reprendre notre message : nous ne voulons plus un seul Américain en Irak".
Crainte d'un conflit ouvert
Les raids américains contre les positions pro-Iran ont été lancés en riposte à des tirs de roquettes ayant tué vendredi un sous-traitant américain dans une base militaire du nord de l'Irak. Washington a accusé les brigades du Hezbollah d'être à l'origine des tirs.
La ministre française des armées Florence Parly a condamné mercredi l'attaque menée contre l'ambassade. Car ces incidents ont fait redouter que l'animosité irano-américaine ne se transforme en conflit ouvert en Irak. Téhéran a protesté contre le "bellicisme" américain, et le guide suprême Ali Khamenei a lancé à Donald Trump : "Vous ne pouvez rien faire. Tout cela n'a rien à voir avec l'Iran". Washington a de son côté déployé 750 soldats supplémentaires au Moyen-Orient, "très probablement" pour être envoyés ensuite en Irak, selon un responsable américain.