Cinq Palestiniens sont morts ce samedi matin, dont trois ayant succombé à des tirs, lors d'une distribution alimentaire qui a tourné au chaos dans la bande de Gaza assiégée et menacée par la famine, où les bombardements israéliens ainsi que les affrontements entre l'armée et le Hamas se poursuivent. Près de six mois après le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël, l'armée israélienne a mené de nouveaux raids sur la bande de Gaza, faisant au moins 82 morts ces dernières 24 heures, selon le Hamas.
Les principales informations à retenir :
- Cinq Palestiniens sont morts ce samedi matin, dont trois ayant succombé à des tirs, lors d'une distribution alimentaire
- Un deuxième bateau a quitté samedi le port de Larnaca, empruntant un couloir maritime entre l'île de Chypre et la bande de Gaza pour livrer de l'aide humanitaire
- Au total, plus de 32.705 Palestiniens ont été tués dans l'offensive israélienne de représailles
- L'armée israélienne a mené de nouveaux raids sur la bande de Gaza, faisant au moins 82 morts ces dernières 24 heures, selon le Hamas
- Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé vendredi avoir approuvé un prochain cycle de négociations
Immense bousculade lors d'une distribution d'aide alimentaire
Signe de la situation humanitaire désespérée, le Croissant rouge palestinien a fait état de cinq morts, trois ayant succombé à des tirs, et 30 blessés samedi à l'aube dans la ville de Gaza, à la suite d'une énorme bousculade lors d'une distribution d'aide alimentaire, au rond-point de Koweit. Des vidéos tournées par l'AFP montrent des camions klaxonnant et avançant dans la pénombre, au milieu de feux de détritus, pendant que retentissent tout autour des tirs, sur ce rond-point théâtre de précédents incidents semblables ces dernières semaines.
S'ensuivent plusieurs secondes de chaos, tandis que les ambulances sirènes hurlantes tentent de se frayer un chemin entre les décombres des bâtiments et les montagnes d'ordures qui jonchent les rues défigurées par la guerre. Selon les témoignages recueillis par l'AFP, des membres de "comités populaires de protection", chargés de superviser la distribution, ont tiré en l'air, blessant plusieurs personnes, tandis que les camions en renversaient d'autres. Au même moment, des chars israéliens positionnés à quelques centaines de mètres tiraient. Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué ne "pas avoir trace de l'incident".
Départ de Chypre d'un deuxième bateau amenant de l'aide à Gaza
Un deuxième bateau a quitté samedi le port de Larnaca, empruntant un couloir maritime entre l'île de Chypre et la bande de Gaza pour livrer de l'aide humanitaire au territoire palestinien au bord de la famine, a constaté un journaliste de l'AFP. Le "Jennifer" fait partie d'une flottille transportant environ 400 tonnes d'aide, affrétée par les ONG World Central Kitchen et Open Arms.
Le navire accompagné de deux remorqueurs, mettra environ 65 heures pour atteindre la bande de Gaza, où Israël et le mouvement islamiste Hamas se livrent une guerre dévastatrice depuis près de six mois, selon l'agence de presse chypriote. L'ONG américaine World Central Kitchen a précisé que la cargaison contenait notamment des produits alimentaires, comme le riz, des pâtes, de la farine, des légumes et des protéines.
De leur côté, les Émirats arabes unis ont fourni une cargaison de dattes, qui sont traditionnellement consommées pour rompre le jeûne pendant le mois du ramadan sacré pour les musulmans. Les aides devraient être acheminées à Gaza via une jetée temporaire construite par World Central Kitchen au sud-ouest de la ville où un premier bateau avait déchargé sa cargaison mi-mars sous la supervision de l'armée israélienne. Ces envois d'aide par voie maritime sont inspectés au départ de Larnaca par des agents israéliens.
"Pas assez de nourriture"
Il y a quelques jours, dix-huit Palestiniens ont péri, dont douze noyés en mer, en tentant désespéramment de récupérer de la nourriture parachutée dans l'étroite bande de terre. A chaque fois, le modus operandi est le même. Au sol, les habitants observent les colis parachutés et se précipitent quand ils atterrissent, provoquant des bousculades. La majorité des 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine, alertent, en vain, les agences onusiennes depuis des semaines. Strictement contrôlée par Israël, l'aide humanitaire entre au compte-gouttes dans le territoire palestinien, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.
"Nous n'avons pas assez de nourriture et d'eau", a déclaré vendredi à l'AFP Amany, 44 ans, une Palestinienne mère de sept enfants, qui a trouvé refuge dans le camp de Chati. Jeudi, la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance judiciaire de l'ONU, a ordonné à Israël d'assurer "une aide humanitaire de toute urgence" à Gaza, face à "une famine qui s'installe".
Israël doit "permettre à l'Unrwa d'atteindre le nord de la bande de Gaza avec des convois de nourriture (…) quotidiennement et d'ouvrir d'autres points de passage terrestres", a martelé le patron de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini. Israël affirme de son côté ne pas s'occuper de la distribution de nourriture à Gaza, accusant des agences de l'ONU d'être incapables de gérer la quantité d'aide qui y arrive chaque jour.
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Plus de 32.000 morts
Au total, plus de 32.705 Palestiniens ont été tués dans l'offensive israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé du Hamas. Alors que les négociations pour parvenir à une trêve semblaient dans l'impasse, les deux camps s'accusant mutuellement d'être à l'origine du blocage, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé vendredi avoir "approuvé un prochain cycle de négociations, dans les jours à venir, à Doha et au Caire (…) pour aller de l'avant", selon son bureau.
Ces derniers mois, plusieurs sessions de négociations ont eu lieu via les médiateurs internationaux -Égypte, Qatar, États-Unis-, mais sans résultat. Depuis le début de la guerre, une seule trêve d'une semaine a été instaurée fin novembre. Elle avait permis la libération d'une centaine d'otages enlevés pendant l'attaque du 7 octobre en échange de prisonniers palestiniens incarcérés par Israël.
En attendant, les frappes aériennes et les combats au sol se poursuivent malgré le vote d'une résolution du conseil de sécurité de l'ONU exigeant un cessez-le-feu. Samedi, l'armée israélienne a déclaré avoir frappé des dizaines de cibles dans le centre de Gaza. Le bureau de presse du Hamas a, pour sa part, affirmé que certaines frappes ont visé des "habitations", rapportant également des tirs d'artillerie à Gaza-ville et dans le sud du petit territoire surpeuplé.
"Opérations" de l'armée israélienne dans les hôpitaux
L'armée israélienne, qui accuse les combattants du Hamas de se cacher dans les hôpitaux, a annoncé samedi poursuivre, pour le 13e jour consécutif, ses "opérations" dans et autour du plus grand complexe hospitalier al-Chifa dans la ville de Gaza (nord). Selon le Hamas, les troupes israéliennes sont également présentes à l'hôpital Nasser ainsi qu'à celui d'Al-Amal, tous deux situés dans la ville de Khan Younès (sud).
Benjamin Netanyahu se dit déterminé à lancer une offensive terrestre plus au sud, à Rafah où s'entassent 1.5 million de Palestiniens en grande majorité déplacés par les violences, en dépit des pressions internationales, y compris américaines.
4 observateurs de l'ONU blessés au Liban par un obus près de la frontière avec Israël
Quatre observateurs de l'ONU ont été blessés samedi par un obus dans le sud du Liban, a annoncé l'organisme dont ils relèvent, alors que la frontière israélo-libanaise est le théâtre d'échange de tirs quotidiens entre Israël et le Hezbollah chiite. "Ce matin, quatre observateurs militaires de l'Onust qui effectuaient une patrouille à pied le long de la Ligne bleue" marquant la frontière avec Israël "ont été blessés quand un obus a explosé à proximité", a indiqué cet organisme dans un communiqué.
Jugeant "inacceptable de viser les forces de maintien de la paix", l'Onust (organisme des Nations unies chargé de la surveillance de la trêve) a appelé toutes les parties à "cesser les lourds échanges de tirs". Cet organisme qui compte des observateurs non armés est distinct de la Force intérimaire des Nations Unies (Finul), dont quelque 10.000 Casques bleus sont déployés dans le sud du Liban, à la frontière avec Israël.
Le communiqué ajoute que les observateurs ont été hospitalisés, indiquant "enquêter sur l'origine de l'explosion". Depuis le début des violences dans le sud du Liban, des Casques bleus de la Finul ont été blessés. Jeudi, elle a appelé à une désescalade "immédiate" à la frontière, au lendemain d'une journée meurtrière lors de laquelle douze civils dont dix secouristes ont été tués.