Israël a promis dimanche de lancer une offensive terrestre sur la ville surpeuplée de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, malgré les négociations en cours pour parvenir à une nouvelle trêve dans la guerre contre le Hamas. Une offensive sur cette ville où sont massés près d'un million et demi de civils, selon l'ONU, piégés contre la frontière fermée avec l'Egypte, ne serait que "retardée" si une trêve était conclue, a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sur la chaîne américaine CBS. Avec une opération à Rafah, Israël sera "à quelques semaines" d'une "victoire totale" sur le mouvement islamiste, a-t-il affirmé.
Les principales informations :
- Malgré les négociations en cours pour parvenir à une nouvelle trêve, Israël a promis de lancer une offensive terrestre sur la ville surpeuplée de Rafah
- Avec une opération à Rafah, Israël sera "à quelques semaines" d'une "victoire totale", dit Benjamin Netanyahu
- Israël annonce la mort d'un soldat dont le corps est retenu à Gaza
300.000 habitants de la bande de Gaza risquent la famine, selon l'ONU
Alors que les pourparlers se poursuivent au Qatar, les combats entre l'armée israélienne et le Hamas font rage notamment dans la ville en ruines de Khan Younès, à quelques kilomètres au nord de Rafah. Le Hamas a dénombré dimanche 86 morts en 24 heures à travers le territoire palestinien. La bande de Gaza, assiégée par Israël, subit depuis le début de la guerre le 7 octobre une catastrophe humanitaire majeure et 2,2 millions de personnes, soit l'immense majorité de la population, sont menacées d'une "famine de masse", selon l'ONU.
Dimanche, selon un correspondant de l'AFP, des centaines de personnes, poussées par la faim, ont fui le nord de Gaza, où 300.000 habitants risquent la famine selon l'ONU. L'aide internationale, qui entre au compte-gouttes depuis l'Egypte par Rafah, est soumise au feu vert d'Israël et son acheminement vers le nord est presque impossible en raison des destructions et des combats. Parmi les civils fuyant le nord, Samir AbdRabbo, un homme de 27 ans, est arrivé à Nousseirat, dans le centre de Gaza, dimanche matin avec sa fille d'un an et demi.
Un soldat israélien de 19 ans tué à Gaza
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée en Israël par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. Durant l'attaque, quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 130 otages, dont 31 seraient morts, y sont encore retenus. Parmi ces morts figure un soldat israélien de 19 ans, a annoncé l'armée dimanche.
En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, comme une organisation terroriste. L'offensive israélienne a fait 29.692 morts à Gaza, en grande majorité des civils, depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Un "terrain d'entente" pour une trêve trouvé à Paris, affirme Washington
Des représentants d'Egypte, du Qatar et des Etats-Unis, ainsi que d'Israël et du Hamas ont repris dimanche à Doha les négociations pour une trêve, qui "seront suivies de réunions au Caire", selon une télévision proche du renseignement égyptien, AlQahera News. Ces discussions, selon la chaîne, "assurent le suivi de ce qui a été discuté à Paris", où s'était rendu vendredi le chef du Mossad, les services de renseignement extérieurs israéliens, David Barnea.
Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a affirmé dimanche que les représentants d'Israël, des Etats-Unis, de l'Egypte et du Qatar sont parvenus à Paris "à un terrain d'entente" à propos "des contours" d'un possible accord, portant sur la libération des otages et "un cessez-le-feu temporaire". "Il faudrait qu'il y ait des discussions indirectes du Qatar et de l'Egypte avec le Hamas, parce qu'au final, ils devront donner leur accord à la libération des otages. Ce travail est en cours", a-t-il ajouté sur CNN.
D'après une source du Hamas, les discussions portent sur la première phase d'un plan élaboré en janvier par les médiateurs, qui prévoyait une trêve de six semaines et la libération de 200 à 300 prisonniers palestiniens détenus par Israël en échange de 35 à 40 otages, ainsi que l'entrée à Gaza d'une importante quantité d'aide humanitaire.
Rafah, "dernier bastion"
Mais pour conclure un accord, Israël exige au préalable "la libération de tous les otages, à commencer par toutes les femmes", a indiqué samedi soir Tzachi Hanegbi, conseiller à la sécurité nationale de Benjamin Netanyahu. "Un tel accord ne signifie pas la fin de la guerre", a-t-il prévenu. Le Hamas réclame de son côté un cessez-le-feu complet, le retrait des troupes israéliennes de Gaza et un abri sûr pour les centaines de milliers de civils déplacés par la guerre.
Pendant ce temps, l'inquiétude grandit à Rafah, où Benjamin Netanyahu a annoncé une prochaine offensive terrestre dans le "dernier bastion" du Hamas. Le Premier ministre a annoncé samedi qu'il convoquerait "en début de semaine le cabinet pour approuver les plans opérationnels d'action à Rafah, y compris l'évacuation de la population civile". Selon des images de l'AFP, des bombardements ont encore visé la ville dimanche, tandis que les combats se sont poursuivis aussi à Beit Lahia et à Zeitoun, dans le nord de Gaza.