Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 145e jour du conflit

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avec AFP / Crédits photo : AFP
Au 145e jour du conflit entre le Hamas et Israël, la communauté internationale a réclamé vendredi un cessez-le-feu à Gaza et une enquête après des tirs israéliens et une bousculade pendant une distribution d'aide humanitaire qui a tourné à la tragédie jeudi. Europe 1 fait le point sur la situation.
L'ESSENTIEL

La communauté internationale a réclamé vendredi un cessez-le-feu à Gaza et une enquête après des tirs israéliens et une bousculade pendant une distribution d'aide humanitaire qui a tourné à la tragédie jeudi, faisant plus de 110 morts, selon le Hamas, dans le territoire palestinien menacé de famine. Près de cinq mois après le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste, les frappes israéliennes meurtrières se sont poursuivies sur Gaza, où le bilan dépasse désormais 30.200 morts, selon le Hamas.

Les principales informations :

  • La communauté internationale réclame un cessez-le-feu et une enquête après les tirs israéliens lors d'une distribution d'aide à Gaza
  • Le Hamas affirme que sept otages sont morts dans des frappes israéliennes à Gaza
  • 2,2 millions de personnes sont menacées de famine dans la bande de Gaza, selon l'ONU

Sept otages sont morts dans des frappes israéliennes à Gaza, selon le Hamas

La branche armée du Hamas a affirmé vendredi soir que sept otages retenus dans la bande de Gaza avaient péri au cours des dernières semaines dans des "bombardements" israéliens sur le territoire palestinien. "Au cours des dernières semaines, nous avons confirmé la mort d'un certain nombre de nos combattants et celle de sept prisonniers ennemis dans la bande de Gaza à la suite des bombardements sionistes", a déclaré dans un communiqué Abou Obeida, le porte-parole des brigades al-Qassam, la branche armée du mouvement islamiste Hamas.

Le Hamas a affirmé que trois otages, dont le mouvement terroriste avait diffusé une vidéo jeudi, figuraient parmi ces sept morts. Ils ont précisé que les noms des quatre autres otages décédés allaient être révélés lorsqu'ils seraient "confirmés". Il n'a pas été possible vendredi de confirmer ces décès présumés de source indépendante. Les brigades al-Qassam ont fait cette annonce peu après le début du shabbat, pause hebdomadaire dans la tradition juive, et sur fond de pourparlers en vue d'une nouvelle trêve dans les combats entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.

 

2,2 millions de personnes menacées de famine

Selon l'ONU, 2,2 millions de personnes, soit l'immense majorité de la population, sont menacées de famine dans le territoire assiégé par Israël, en particulier dans le nord où les destructions, les combats et les pillages rendent presque impossible l'acheminement de l'aide humanitaire. Une famine "est quasiment inévitable, si rien ne change", a de nouveau averti vendredi le porte-parole du Bureau de de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Laerke.

Jeudi, des témoins ont affirmé que des soldats israéliens avaient tiré sur une foule affamée qui se précipitait vers des camions d'aide humanitaire dans la ville de Gaza, dans le nord. Le bilan est de 115 morts et environ 760 blessés, selon le Hamas. Un responsable de l'armée israélienne a confirmé des "tirs limités" de soldats qui se sentaient "menacés" et évoqué "une bousculade durant laquelle des dizaines d'habitants ont été tués et blessés, certains renversés par les camions d'aide".

Tirs en marge d'une aide humanitaire : les États-Unis exigent des "réponses" d'Israël

Principal allié d'Israël, Washington a exigé des "réponses" du gouvernement de Benjamin Netanyahu après la tragédie et plaidé pour "un accord sur un cessez-le-feu temporaire". L'Italie et l'Espagne ont souligné l'urgence d'un cessez-le-feu. La France a réclamé une "enquête indépendante" et l'Allemagne a appelé à une "trêve humanitaire". L'Union européenne a elle aussi appelé à une enquête et à un cessez-le-feu pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a demandé "une enquête indépendante efficace".

Jeudi, a raconté un témoin, certains "camions d'aide se sont approchés trop près de chars de l'armée déployés dans la zone et la foule a pris d'assaut les camions. Les soldats ont tiré sur la foule car les gens s'approchaient trop près des chars".

Le conflit en bref

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a causé la mort d'au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. Environ 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza durant l'attaque. Selon Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts, après la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël, lors d'une trêve fin novembre.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée pilonne sans répit la bande de Gaza et a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord du territoire, qui s'est progressivement étendue jusque dans le sud. Les bombardements et les opérations militaires israéliennes ont fait jusqu'à présent 30.228 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Aucune avancée concrète pour une trêve

La branche armée du Hamas a affirmé vendredi que sept otages étaient morts au cours des dernières semaines dans des bombardements israéliens. Cette information n'a pas pu être confirmée de source indépendante. Vendredi également, des dizaines de frappes ont ciblé notamment Khan Younès et Rafah dans le sud, selon le Hamas. Des combats au sol se poursuivent à Gaza-ville ainsi qu'à Khan Younès.

La tragédie de jeudi porte un coup aux efforts des pays médiateurs, qui avaient espéré une trêve pendant le ramadan, le mois de jeûne musulman qui commence le soir du 10 ou le 11 mars. Le Qatar, les Etats-Unis et l'Egypte tentent depuis des semaines d'arracher aux deux camps un compromis qui rendrait possible une trêve associée à de nouvelles libérations d'otages, mais aucune avancée concrète n'a été annoncée jusqu'à présent.

Le Hamas réclame notamment un cessez-le-feu définitif avant tout accord sur la libération des otages, ainsi que la levée du blocus israélien imposé à Gaza depuis 2007 et l'entrée d'une aide humanitaire accrue. Israël répète de son côté qu'une trêve devrait être accompagnée de la libération de tous les otages et ne signifierait pas la fin de la guerre, promettant que celle-ci se poursuivra jusqu'à l'élimination totale du Hamas.

L'offensive sur Rafah redoutée par la communauté internationale

Afin de vaincre le mouvement islamiste dans son "dernier bastion", Benjamin Netanyahu a annoncé une prochaine offensive terrestre sur Rafah, à l'extrême sud du territoire, le dernier centre urbain où les soldats n'ont pas encore pénétré. Il a affirmé qu'une éventuelle trêve ne ferait que "retarder" une telle offensive. Près d'un million et demi de Palestiniens, selon l'ONU, sont piégés, sans échappatoire, dans cette ville collée contre la frontière fermée avec l'Egypte et bombardée quotidiennement.

La communauté internationale redoute les conséquences humanitaires potentiellement désastreuses d'une offensive sur Rafah, qui est le principal point d'entrée, via l'Egypte, de l'aide à Gaza, déjà très insuffisante et soumise au feu vert d'Israël. "Nous étions à la maison et soudain nous avons vu des pierres tomber sur nos têtes et mes enfants sous les décombres, j'ai commencé à crier à l'aide et nous avons pu les sauver", a raconté en pleurant Duaa Khaled al-Kablawi, une femme qui a emmené ses enfants blessés dans un bombardement à l'hôpital al-Najjar de Rafah.