Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 61e jour du conflit

© MAHMUD HAMS / AFP
  • Copié
avec AFP / Crédits photo : MAHMUD HAMS / AFP , modifié à
Au 61e jour du conflit entre le Hamas et Israël, Tsahal poursuit son offensive dans le sud de la bande de Gaza, et encercle désormais la grande ville de Khan Younès. Dans la commune, les combats sont parmi les plus intenses depuis le début du conflit. Europe 1 fait le point sur la situation.

L'armée israélienne a mené de nouvelles frappes meurtrières mercredi sur la grande ville assiégée de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, où les habitants tentent de s'abriter des bombardements et des combats parmi les plus intenses en deux mois de guerre contre le Hamas. Les Palestiniens de Gaza vivent "dans l'horreur la plus totale", a déclaré le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, deux mois après le début de la guerre déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement terroriste contre Israël le 7 octobre.

Les informations à retenir :

  • L'armée israélienne encercle mercredi la grande ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza
  • Le Hamas et le Jihad islamique assurent lutter contre Tsahal pour garder Khan Younès
  • Des commandants du Hamas ont été "éliminés", assure l'armée israélienne
  • Rafah est le seul endroit de la bande de Gaza a recevoir encore de l'aide humanitaire

Poutine en Arabie saoudite pour parler pétrole et conflit israélo-palestinien

Vladimir Poutine est arrivé mercredi en Arabie saoudite en provenance des Emirats arabes unis, dernière étape d'une visite éclair dans le Golfe axée sur le pétrole et le conflit israélo-palestinien. Le président russe, que les Occidentaux cherchent à isoler depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022, s'est un temps fait plus rare à l'étranger en réservant ses déplacements à ses plus proches alliés mais il effectue un retour sur la scène internationale.

Cette fois, il fait le choix de rendre visite à des partenaires économiques jugés importants. Et chez qui le président, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour la "déportation" d'enfants ukrainiens, ne risque pas l'arrestation, ces deux pays n'ayant pas ratifié le traité fondateur de cette institution.

Le G7 réaffirme son soutien à deux États israélien et palestinien

Les dirigeants des pays du G7, réunis mercredi en visioconférence, ont appelé à "revenir à un processus de paix plus large" entre Israéliens et Palestiniens et réaffirmé leur soutien à la création d'un Etat palestinien.

"Nous restons attachés à un Etat palestinien dans le cadre d'une solution à deux Etats qui permette aux Israéliens et aux Palestiniens de vivre dans une paix juste, durable et sûre", ont-ils affirmé dans un communiqué.

Israël approuve la construction d'une nouvelle colonie à Jérusalem-Est 

La municipalité de Jérusalem a donné son accord final à la construction de logements pour une nouvelle colonie israélienne à Jérusalem-Est, a indiqué mercredi l'ONG La Paix Maintenant. Ce "nouveau quartier", qui comprendra 1.738 unités d'habitation, doit être situé pour moitié à Jérusalem-Est annexée et occupée, précise l'ONG dans un communiqué.

"S'il n'y avait pas la guerre" entre Israël et le Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza, "cela ferait beaucoup de bruit. C'est un projet très problématique pour la continuité d'un Etat palestinien entre le sud de la Cisjordanie et Jérusalem-Est", a souligné Hagit Ofran, une responsable de l'ONG à l'AFP.

Paris demande une nouvelle trêve humanitaire "immédiate et durable" à Gaza

La cheffe de la diplomatie française, aux côtés de représentants d'une cinquantaine de pays et d'organisations internationales, a de nouveau appelé mercredi au respect du droit international à Gaza et a exhorté à une "nouvelle trêve humanitaire immédiate et durable", selon le ministère français des Affaires étrangères.

Catherine Colonna présidait par visio-conférence une réunion de suivi de la conférence humanitaire internationale pour la population civile de Gaza qui avait été organisée par le président Emmanuel Macron le 9 novembre.

Situation humanitaire catastrophique à Khan Younès

Engagée depuis le 27 octobre dans une offensive terrestre contre le Hamas dans le nord de Gaza, en parallèle à sa campagne de frappes, l'armée israélienne a étendu ses opérations au sol à l'ensemble du territoire et annoncé mardi avoir encerclé Khan Younès, la plus grande ville du sud. Les rues de la ville, où sont aussi engagées des troupes au sol, étaient quasiment vides mercredi tandis que des morts et des blessés affluaient dans les hôpitaux, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Des centaines de milliers de civils s'entassent à Khan Younès et dans ses environs, pour beaucoup déjà déplacés par la guerre, confrontés à une situation humanitaire catastrophique et acculés dans un périmètre de plus en plus exigu près de la frontière fermée avec l'Egypte.

Des milliers d'entre eux continuent à fuir vers le sud et la ville voisine de Rafah, répondant aux injonctions de l'armée israélienne. "Toute la ville subit des destructions et des bombardements incessants. Beaucoup de gens arrivent du nord dans des conditions désastreuses, sans abri, à la recherche de leurs enfants", a raconté à l'AFP Hassan Al-Qadi, un habitant de Khan Younès déplacé à Rafah. "Nous voulons comprendre. S'ils veulent nous tuer, qu'ils nous encerclent dans un seul endroit et nous éliminent tous ensemble. Mais nous pousser à nous déplacer d'un endroit à l'autre, ce n'est pas juste. Nous ne sommes pas de simples chiffres. Nous sommes des êtres humains", a-t-il ajouté.

Un "considérable" dépôt d'armes

Mercredi, l'armée a continué à pilonner l'ensemble du territoire palestinien et annoncé la découverte dans le nord, "au coeur de la population civile", près d'une clinique et d'une école, "d'un des plus considérables dépôts d'armes" de toute la bande de Gaza. Ce dépôt renfermait des centaines de lance-roquettes, des dizaines de missiles antichars et d'engins explosifs, des missiles de longue portée pouvant atteindre le centre d'Israël, des dizaines de grenades et de drones, selon l'armée.

"C'est une preuve supplémentaire de l'utilisation cynique par le Hamas des habitants de la bande de Gaza comme boucliers humains", a assuré l'armée. Elle a affirmé par ailleurs avoir tué à ce jour "la moitié des commandants des brigades" du Hamas.

 

Le conflit en chiffres

Selon le Hamas, 16.248 personnes, à plus 70% des femmes, enfants et adolescents, ont été tuées dans la bande de Gaza par les bombardements israéliens depuis le 7 octobre. En Israël, l'attaque menée ce jour-là par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. Au total, 83 soldats israéliens ont été tués à Gaza depuis le début de l'offensive terrestre, selon l'armée.

Des sirènes d'alerte retentissent dans le sud d'Israël

Des sources du Hamas et du Djihad islamique ont indiqué mercredi à l'AFP que leurs membres affrontaient les troupes israéliennes dans le but de les empêcher d'entrer dans Khan Younès et les secteurs situés à l'est de la ville, ainsi que dans les camps de réfugiés à proximité. Selon le Hamas, des tirs d'artillerie ont fait "des dizaines de morts et de blessés" dans la nuit de mardi à mercredi dans plusieurs villages à l'est de Khan Younès.

Le Hamas a affirmé que d'autres frappes meurtrières avaient visé notamment le camp de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, et celui de Jabalia, dans le nord, tandis que 73 corps ont été transportés en 24 heures à l'hôpital Al-Aqsa de Deir al-Balah, dans le centre.

Des sirènes d'alerte ont retenti à Eilat, à la pointe sud d'Israël, signalant un tir de missile sol-sol vers Israël, qui a été intercepté par la défense anti-aérienne, selon l'armée. Le porte-parole du gouvernement, Eylon Levy, a affirmé que plus de 11.500 roquettes avaient été tirées en direction d'Israël depuis le début de la guerre, dont 2.000 ont fait l'objet d'une erreur de tir.

Pour l'ONU, impossible de mettre en place des zones sécurisées dans la bande de Gaza

Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), Rafah est désormais le seul endroit du territoire palestinien, placé depuis le 9 octobre par Israël en état de siège total, où de l'aide humanitaire est encore distribuée, en quantité limitée. L'aide n'arrive pratiquement plus à Khan Younès, et l'accès aux zones situées plus au nord est coupé.

L'armée largue chaque jour sur Khan Younès des tracts avertissant de l'imminence d'un bombardement, ordonnant aux habitants de quitter leur quartier. Mais l'ONU, qui a calculé que 28% du territoire de Gaza tombait désormais sous le coup de ces ordres d'évacuation, a jugé "impossible" de mettre en place des zones sécurisées pour accueillir les civils. "Aucun endroit n'est sûr à Gaza. Ni les hôpitaux ni les abris ni les camps de réfugiés. Personne n'est en sécurité. Ni les enfants. Ni les travailleurs de la santé. Ni les humanitaires. Ce mépris flagrant des bases de l'humanité doit cesser", a affirmé le coordinateur de l'aide d'urgence de l'ONU, Martin Griffiths.

Dans une rue de Khan Younès, des hommes, des femmes et des enfants hébétés fouillaient mercredi les ruines. "Un missile a frappé et détruit toute la zone. Plus rien n'est intact, ni portes, ni fenêtres", a raconté à l'AFP un survivant, Abou Ahmad Abou Ouda. "Nous avons besoin de quelqu'un à nos côtés. Nous avons besoin que quelqu'un nous trouve une solution pour sortir de cette situation. Nous sommes dévastés, mentalement dépassés", ajoutait Amal Mahdi, une femme rescapée elle aussi.

Près de 2 millions de personnes déplacées selon l'ONU

Selon l'ONU, 1,9 million de personnes, soit environ de 85% la population, ont été déplacées par la guerre dans la bande de Gaza où plus de la moitié des habitations sont détruites ou endommagées. En représailles à l'attaque du Hamas, Israël a promis de détruire le mouvement terroriste au pouvoir à Gaza depuis 2007, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

D'après le gouvernement israélien, 138 otages enlevés en Israël le 7 octobre sont toujours retenus à Gaza, après la libération pendant la trêve de 105 otages, dont 80 en échange de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël.

L'Unicef condamne les "violences sexuelles" commises contre des Israéliennes

L'armée a réclamé mercredi que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) puisse avoir accès à ces otages. La directrice de l'Unicef a par ailleurs condamné mercredi les "violences sexuelles" commises contre des Israéliennes le 7 octobre, une condamnation qu'Israël a jugée tardive et insuffisante car ne mentionnant pas, selon lui, leurs auteurs, les hommes armés du Hamas.

"Il y a des récits de témoins et des preuves médicolégales de viols avec violences, de viols collectifs, de pédophilie et même de nécrophilie (...) Il est impardonnable que certains choisissent encore de nier ou de minimiser les crimes" du Hamas, a déclaré Eylon Levy.