L'aviation israélienne bombarde lourdement jeudi le sud de la bande de Gaza alors que le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a conclu en Egypte un marathon diplomatique dans la région, visant à endiguer la propagation du conflit entre Israël et le Hamas palestinien. Le responsable américain a rencontré le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, avant de s'envoler pour les Etats-Unis après une tournée dans neuf pays, dont la Turquie et l'Arabie saoudite, ainsi qu'en Cisjordanie occupée. "La sécurité et l'intégration (régionale) d'Israël sont liées au fait d'ouvrir une voie vers un Etat palestinien", a-t-il mis en avant avant son départ.
Il a aussi jugé qu'un rapprochement entre Israël et les pays arabes qui, dans leur majorité, ne le reconnaissent pas, serait "le meilleur moyen d'isoler l'Iran et ses supplétifs", alors que le Hamas et le Hezbollah libanais font partie des mouvements soutenus par l'Iran dans la région. Anthony Blinken a toutefois jugé au Caire ne pas penser que "le conflit s'intensifie", en dépit notamment des violences quasi-quotidiennes à la frontière israélo-libanaise.
Les principales informations à retenir :
- De nombreuses frappes opérées par l'aviation israélienne ont lieu ce jeudi dans le secteur de Khan Younès, principale ville du sud de Gaza et épicentre des combats
- Selon le Hamas, les frappes ont fait 62 morts dans la nuit à travers Gaza
- Antony Blinken continue sa tournée diplomatique régionale pour trouver des solutions et réfléchir à l'après-guerre
- 23.469 personnes sont mortes à Gaza depuis le début du conflit, et 59.604 ont été blessées
L'Afrique du Sud accuse Israël "d'actes génocidaires"
En parallèle de la diplomatie et des combats, Israël fait face jeudi devant la Cour internationale de justice (CIJ) à des accusations "d'actes génocidaires" pour son offensive à Gaza, formulées par l'Afrique du Sud mais déjà qualifiées "d'absurdes" par le président israélien Isaac Herzog. L'attaque du Hamas du 7 octobre ne peut justifier la "violation" par Israël de la Convention sur le génocide, a déclaré jeudi l'Afrique du Sud devant la plus haute juridiction de l'ONU. L'Afrique du Sud se comporte comme "le bras juridique de l'organisation terroriste Hamas", a fustigé en retour jeudi le ministère israélien des Affaires étrangères.
Le conflit en bref
La guerre a été déclenchée par une attaque inédite le 7 octobre du Hamas sur le sol israélien qui a fait environ 1.140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien. En représailles, Israël a juré d'anéantir le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, qu'il classe groupe terroriste comme le font les Etats-Unis et l'Union européenne.
Ses opérations militaires dans la bande de Gaza ont fait au moins 23.469 morts, en majorité des femmes, adolescents et enfants, soit près de 1% de la population de ce territoire, selon le dernier bilan jeudi du ministère de la Santé du Hamas.
Sur le front, tôt jeudi, l'aviation israélienne a multiplié les frappes dans le secteur de Khan Younès, principale ville du sud du territoire, devenue l'épicentre des combats, selon des témoins. Le chef d'état-major de l'armée israélienne Herzi Halevin, qui s'est rendu mercredi dans le centre de Gaza, a souligné que les opérations se déroulaient "dans un territoire très, très complexe" et "face à un ennemi qui a préparé sa défense sur une très longue période et de manière très organisée".
L'intensité des combats aggrave encore le désastre sanitaire en cours à Gaza, où 85% de la population a été déplacée et où l'aide humanitaire arrive au compte-gouttes, mettent en garde les organisations internationales.
A Rafah, où s'entassent des centaines de milliers de déplacés, Zaki Shaheen, un médecin à la retraite, a transformé sa boutique en salle de premiers secours pour soigner les blessés palestiniens. "La nuit, nous restons parfois jusqu'à 23h ou après minuit, lorsque tout est fermé, qu'il est impossible de monter dans une voiture ou de se rendre à l'hôpital", explique-t-il à l'AFP. "Israël se considère comme au-dessus des lois", fustige pour sa part Hisham al-Kullah, alors qu'il arrive en portant le corps d'un nourrisson décédé à l'hôpital Al-Najjar de Rafah, dans l'extrême-sud de la bande de Gaza. "Nous voulons que les juges internationaux jugent Israël", ajoute-t-il.
Avertissement aux rebelles yéménites
En dépit des nombreux efforts diplomatiques, aucune perspective ne se dessine dans l'immédiat pour la fin de cette guerre, entrée cette semaine dans son quatrième mois et qui alimente une série de tensions dans la région. À la frontière nord d'Israël, les hostilités se sont intensifiées après la frappe attribuée à Israël le 2 janvier qui a tué près de Beyrouth le numéro deux du Hamas, Saleh al-Arouri.
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Les forces britanniques et américaines ont aussi abattu mardi soir 18 drones et trois missiles tirés par les Houthis en mer Rouge, d'après l'armée américaine. Les rebelles yéménites multiplient sur cette route stratégique les attaques contre des navires marchands, perturbant le trafic maritime mondial, au nom de leur "solidarité" avec les Palestiniens de Gaza.
Depuis la mi-novembre, les Houthis ont mené 26 attaques en mer Rouge, selon l'armée américaine. Le trafic local de porte-conteneurs y a chuté d'environ 70%, a déclaré à l'AFP Ami Daniel, fondateur et dirigeant de Windward, une société de conseil et d'expertise en transport maritime. Les actions des Houthis "auront des conséquences", a prévenu Anthony Blinken mercredi soir depuis Bahreïn et après son entretien, plus tôt en journée, avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
"Israël n'a pas l'intention d'occuper Gaza de manière permanente", assure Netanyahu
L'Autorité palestinienne a perdu en 2007 le contrôle de la bande de Gaza au profit du Hamas et n'exerce son pouvoir, limité, qu'en Cisjordanie occupée. Lors de leur entretien à Ramallah, MM. Abbas et Blinken ont "parlé de l'importance de la réforme de l'Autorité palestinienne, de sa politique et de sa gouvernance, afin qu'elle puisse effectivement assumer la responsabilité de Gaza"(...), a dit le chef de la diplomatie américaine, réaffirmant le soutien de Washington à la création d'un Etat palestinien.
"Je tiens à clarifier quelques points : Israël n'a pas l'intention d'occuper Gaza de manière permanente ou de déplacer sa population civile", a pour sa part déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, allant ainsi à l'encontre de ministres d'extrême droite de son gouvernement, mais sans s'engager en faveur d'un Etat palestinien.