Israël persiste dans son projet d'offensive à grande échelle à Rafah, où se terrent plus d'un million de Palestiniens, malgré des mises en garde internationales encore redoublées jeudi et des tractations en arrière-plan pour une trêve à Gaza avec le Hamas. Dans un appel téléphonique, Emmanuel Macron a dit mercredi au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu que les opérations d'Israël à Gaza "devaient cesser" car "le bilan humain et la situation humanitaire" sont "intolérables", a rapporté l'Élysée.
"Sur le plan médiatique, Israël est déjà coupable d'avance"
Les images quotidiennes de civils palestiniens déplacés ou tués participent à la dégradation de l'image d'Israël dans le monde. D'après Georges Bensoussan, historien et auteur du livre Les origines du conflit israélo-arabe, invité de La Grande interview Europe 1-CNews jeudi, "la bataille médiatique est perdue par Israël depuis 50 ans déjà".
"L'image d'Israël est très dégradée, la bataille médiatique est perdue par Israël mais elle est perdue depuis 50 ans déjà. Elle était déjà dégradée avant le 7 octobre. Il y a eu une brève amélioration de cette image dans les jours qui ont suivi le 7 octobre et ça s'est très vite dégradé. Sur le plan médiatique, Israël est déjà coupable d'avance. Il est évident que dans une zone comme Gaza aussi densément peuplée, il y a forcément des pertes civiles. Ce sont des pertes dommageables, bien sûr, mais est-ce qu'il y a une intention des Israéliens de tuer ces civils ? Non. Autrement dit, s'ils avaient l'intention de les tuer, ils n'auraient pas prévenu la population de partir", a-t-il déclaré au micro d'Europe 1.
"L'État d'Israël ne mène pas d'opération génocidaire"
L'hypothèse d'une opération génocidaire est donc à écarter d'après Georges Bensoussan. "[Cette hypothèse] est totalement farfelue. La Cour internationale de justice en a rendu compte. À partir du moment où elle n'ordonne même pas un cessez-le-feu à l'État d'Israël, c'est bien le signe qu'elle sait très bien que l'État d'Israël ne mène pas d'opération génocidaire. Elle met simplement en garde, et elle a raison d'ailleurs, de mettre en garde là-dessus", a-t-il indiqué.
En représailles de l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes, l'État hébreu a juré de "détruire" l'organisation qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l'Union européenne, et a lancé une offensive qui a fait 28.576 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le dernier bilan global mercredi du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.
"La représentation médiatique en Occident [donne] le sentiment que la guerre s'embourbe, s'enlise et qu'elle n'aboutit à rien. En réalité, non, le Hamas est en train de perdre la guerre", a conclu l'historien.