De violents combats opposent lundi l'armée israélienne au Hamas dans la bande de Gaza, notamment à Rafah, malgré les mises en garde des Etats-Unis contre une offensive majeure dans cette ville surpeuplée et le risque d'"anarchie" dans le territoire palestinien. Des correspondants de l'AFP et des témoins font état de violents affrontements entre soldats israéliens et membres du Hamas dans différents secteurs de Gaza, au moment où Israël se prépare à célébrer le 76e anniversaire de sa création, assombri par plus de sept mois de guerre dans le territoire palestinien.
Les principales informations :
- Des affrontements violents ont lieu entre soldats israéliens et des membres du Hamas à Gaza
- Israël se prépare à célébrer le 76e anniversaire de sa création, malgré le conflit
- Le système de soins dans la bande de Gaza est "à quelques heures de s'effondrer" faute de carburant, signale le Hamas
- "Plus de 1.000 membres du Hamas" sont actuellement hospitalisés en Turquie pour y être soignés, a annoncé lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan
"Plus de 1.000 membres du Hamas" hospitalisés en Turquie, annonce Erdogan
"Plus de 1.000 membres du Hamas" sont actuellement hospitalisés en Turquie pour y être soignés, a annoncé lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan, réaffirmant qu'il "ne considère pas le Hamas comme une organisation terroriste". "Tant de membres du Hamas sont tués. Tout l'Occident les attaque avec toutes sortes d'armes et de munitions", a indiqué le chef de l'Etat turc, qui s'exprimait devant la presse au côté du Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.
"Appeler le Hamas (...) une organisation terroriste serait cruel", a-t-il estimé, rappelant que la Grèce et la Turquie ne sont "pas d'accord" sur cette question" très importante". "Au contraire, le Hamas est une organisation de résistance", a martelé Recep Tayyip Erdogan qui a reçu le mois dernier le chef politique du mouvement palestinien Ismail Haniyeh.
300.000 Palestiniens ont évacué Rafah, selon l'armée israélienne
Un peu moins d'une semaine après le début de l'incursion de l'armée israélienne à Rafah, à la frontière égyptienne dans le sud de la bande Gaza où s'entassent 1,4 million de Palestiniens, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a déclaré qu'une offensive majeure dans cette ville surpeuplée ne permettrait pas d'atteindre l'objectif poursuivi par Israël d'éliminer le Hamas. Des correspondants de l'AFP ont fait état de tirs d'hélicoptères et de bombardements dans l'est de Rafah, ville où le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, menace de lancer une offensive terrestre d'ampleur pour s'attaquer aux derniers bataillons du Hamas qui s'y abritent, selon lui.
Des combats entre forces israéliennes et militants palestiniens ont fait rage ces derniers jours également dans le nord de la bande de Gaza, où, quelques mois après avoir déclaré que la structure de commandement du Hamas avait été démantelée, un porte-parole de l'armée israélienne a dit que le Hamas "tentait de reconstituer ses capacités militaires". La semaine dernière, les forces israéliennes ont ordonné à la population d'évacuer l'est de Rafah et 300.000 Palestiniens ont suivi ces appels, selon l'armée. Ces appels ont été renouvelés lundi, selon des témoins.
Mais aux yeux d'Antony Blinken, une vaste opération dans Rafah risquerait de créer le "chaos", "l'anarchie" et "d'énormes dégâts" pour la population civile "sans résoudre le problème" du Hamas. "Nous avons vu le Hamas revenir dans les zones qu'Israël a libérées dans le nord, même à Khan Younès", ville en ruines proche de Rafah, a-t-il déclaré dans un entretien à la chaîne NBC.
"Pas d'endroit sûr à Gaza"
À pied, à bord de véhicules ou de triporteurs, des Palestiniens continuent de fuir Rafah pour tenter de trouver refuge ailleurs dans le territoire palestinien. "Nous avons vécu l'enfer pendant trois jours et les pires nuits depuis le début de la guerre", a raconté à l'AFP Mohammed Hamad, 24 ans, qui a fui l'est de Rafah visée par des bombardements. La branche armée du Hamas a revendiqué des tirs d'obus sur des soldats et des véhicules israéliens près du passage de Rafah.
"Les autorités israéliennes continuent d'émettre des ordres de déplacement forcé (...). Cela oblige les habitants de Rafah à fuir n'importe où", a écrit sur le réseau social X le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini. "Parler de zones sûres est faux et trompeur. Aucun endroit n'est sûr à Gaza" pour ses quelque 2,4 millions d'habitants, a-t-il dit.
En attaquant Rafah, le Premier ministre israélien veut "faire capoter" les pourparlers sur une trêve et une libération d'otages retenus à Gaza, a accusé dimanche le Hamas. Le mouvement terroriste avait affirmé avoir accepté une proposition des médiateurs - Egypte, Qatar, Etats-Unis - sur une trêve, mais Israël avait répondu que la proposition acceptée était "loin de (ses) exigences".
En bref
La guerre a été déclenchée par l'attaque le 7 octobre de membres du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a fait plus de 1.170 morts, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 128 restent captives à Gaza, dont 36 seraient mortes, selon l'armée.
En riposte, l'armée a lancé des bombardements intenses suivis d'une offensive terrestre le 27 octobre, qui ont ravagé Gaza, déplacé la majorité de la population et provoqué une catastrophe humanitaire avec une menace de famine imminente, selon l'ONU, et un lourd bilan humain : 35.091 de morts en majorité des civils selon le Hamas.
Au bord de "l'effondrement"
Le Hamas a averti lundi que le système de soins du territoire palestinien était "à quelques heures de l'effondrement" faute de carburant pour faire fonctionner les générateurs des hôpitaux, les ambulances et les moyens de transport du personnel". L'armée israélienne a fait état de la mort de 272 de ses soldats depuis le début de l'offensive terrestre. Après avoir retenti une première fois dimanche soir en Israël pour marquer le début des commémorations annuelles pour les soldats tombés pour la défense du pays et les victimes d'attentats, les sirènes ont à nouveau retenti lundi à 11 heures (8 heures GMT), suivies d'une série de cérémonies dans les cimetières militaires d'Israël.
Les festivités pour commémorer le 76e anniversaire de la création de l'Etat d'Israël, qui doivent débuter lundi soir, sont assombries par la guerre à Gaza. Le 15 mai, les Palestiniens doivent commémorer de leur côté la Nakba, (la "catastrophe" en arabe, ndlr) qui évoque pour eux l'exode de 760.000 personnes lors de la guerre de 1948 après la création de l'État d'Israël.
Par ailleurs, le mouvement islamiste libanais Hezbollah, allié du Hamas, a annoncé lundi avoir visé une position militaire dans le nord d'Israël, frontalier du Liban. "Deux missiles antichars" sont tombés dans ce secteur, blessant quatre soldats, a indiqué de son côté l'armée israélienne.