«Je ne blague pas» : Donald Trump peut-il réellement briguer un troisième mandat de président des États-Unis ?

Le 45e et le 47e président des États-Unis pourrait-il effectuer un troisième mandat ? En tout cas, Donald Trump, lui, y croit. L'actuel locataire de la Maison Blanche a affirmé dans une interview exclusive à NBC News ce week-end qu'il "ne blague pas" sur sa volonté de poursuivre son action à la tête du pays et qu'il "existe des méthodes pour faire ça". Mais que dit la Constitution américaine ? 

Le 22e amendement en question 

Le 22e amendement de la Constitution des États-Unis, adopté en 1951 après les quatre mandats de Roosevelt entre 1933 et 1945 (il est décédé trois mois après sa quatrième élection, ndlr) dit que "nul ne pourra être élu à la présidence plus de deux fois, et quiconque aura rempli la fonction de président, ou agi en tant que président, pendant plus de deux ans d'un mandat pour lequel quelque autre personne était nommée président, ne pourra être élu à la fonction de président plus d'une fois". 

Autrement dit, quiconque est élu président ne peut faire que deux mandats et dans le cas du décès ou de l'empêchement de Donald Trump, son vice-président, JD Vance, lui succèderait pour le temps restant à son mandat. Si ce délai dépasse deux ans, JD Vance, ne pourrait se représenter qu'une seule fois. 

Seulement pour ses soutiens, Donald Trump pourrait continuer de diriger le pays s'il était élu... vice-président. Selon eux, si JD Vance se présentait en 2028 pour la présidence avec Donald Trump comme candidat à la vice-présidence, l'actuel vice-président pourrait prêter serment et démissionner dans la foulée. Donald Trump lui succèderait alors pour la durée de ce mandat, soit quatre nouvelles années à la tête des États-Unis. 

Une possibilité balayée par... la Constitution américaine elle-même. Selon le 12e amendement, "nul ne peut être élu vice-président des États-Unis s'il ne remplit pas les conditions requises par la Constitution pour être élu président". Ayant été élu pour un deuxième mandat en novembre 2024, Donald Trump est donc devenu inéligible au poste de vice-président.

Sur CBS News, Jeremy Paul, professeur de droit constitutionnel à l'université de Northeastern de Boston, a affirmé qu'il n'existait "aucun argument juridique crédible" en faveur d'un troisième mandat. 

Est-ce possible de modifier la Constitution ? 

Dans les faits, il est possible d'apporter une modification dans la Constitution des États. En janvier dernier, un élu républicain du Tennessee à la Chambre des représentants, Andy Ogles, en a d'ailleurs présenté une. Cette proposition souhaite autoriser un président à faire trois mandats s'ils ne sont pas consécutifs.

De sorte que Donald Trump serait le seul des anciens présidents encore en vie à remplir ces conditions étant donné que Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama ont fait deux mandats consécutifs. Une résolution qui permettrait à Donald Trump de rester à la Maison-Blanche jusqu'en janvier... 2033, il aurait alors 86 ans.

Mais cette proposition n'a que très peu de chance d'être adoptée du fait de la situation politique dans le pays et des conditions nécessaires pour proposer l'adoption d'un nouvel amendement constitutionnel. Elle nécessite le soutien des deux tiers de la Chambre des représentants (290 voix) et du Sénat (67 voix) et les deux tiers des assemblées législatives des États américains, soit 38 des 50 législatures des États. 

À la Chambre, les républicains n'ont une majorité que de cinq sièges, 218 contre 213 pour les démocrates, et n'ont que six sièges de plus au Sénat, 53 contre 47. Au niveau des législatures, les démocrates en contrôlent 18 sur les 50. À moins d'un retournement de situation dans la vie politique américaine, un troisième mandat de Donald Trump semble très difficile.