Jean-Eric Branaa sur la politique de Trump : "Le mur est sa véritable obsession, pas la politique migratoire"

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A.D , modifié à
Un an après sa prise de pouvoir, le bilan Trump n'est pas si négatif pour les spécialistes politique. Mais deux points crispent les démocrates : le programme Daca et l'emblématique mur frontalier avec le Mexique.
INTERVIEW

Depuis vendredi minuit aux Etats-Unis, une partie de l'administration américaine, privée de budget, est bloquée. Tous les services non essentiels (hors armée, police, et urgences médicales) sont à l'arrêt. Pile un an après sa prise de pouvoir, Trump se trouve dans une impasse budgétaire avec sa politique migratoire au centre des divisions entre républicains et démocrates. Jean-Eric Branaa, spécialiste de la politique des Etats-Unis, était l'invité samedi de l'émission C'est arrivé cette semaine. Il explique ce "shutdown", avec des agents au chômage technique.

"Opposition féroce". Le shutdown est entré en vigueur mais "en réalité c'est la quatrième fois qu'on a risqué le shutdown depuis que Donald Trump est arrivé. Il y a une opposition féroce des démocrates qui ne veulent pas laisser ce président gouverner et mettre en place ce programme avec au centre une réforme de l'immigration" et le fameux mur à la frontière mexicaine que Donald Trump a encore réclamé deux heures avant le blocage. Les démocrates s'y sont farouchement opposés et "et n'ont pas voté ce quitus budgétaire que demandait Donald Trump", retrace le spécialiste. D'où la situation de paralysie.

Entendu sur europe1 :
C'était la volonté de Donald Trump : la théorie du chaos, tout faire exploser pour pouvoir ensuite renégocier derrière....et ramener son mur

Une immigration semblable à celle du Canada. En matière migratoire, Trump demande une grande révolution. "Il voudrait un système qui ressemble à celui du Canada, c'est-à-dire une immigration choisie, qui laisse venir ceux qui ont de l'argent ou des diplômes, en tout cas ceux qui peuvent apporter quelque chose au pays. C'est la fin du regroupement familial et la fin de la loterie", la 'green card', analyse Jean-Eric Branaa. Trump s'oppose aussi au programme "Daca", qui concerne les jeunes immigrés illégaux arrivés aux Etats-Unis avec leurs parents. "Barack Obama les a protégés par un décret qui leur donne un statut particulier qui empêche de les renvoyer". Trump y voit une "infamie juridique". C'est le nœud de l'affaire et l'origine du shutdown.

"Le mur, le mur, le mur". Et pourtant, le programme Daca et le mur frontalier sont les deux seuls points qui empêchent démocrates et républicains de trouver un accord, selon le spécialiste. Le président a encore twitté il y a deux reprise sur son mur. "C'est sa véritable obsession, pas la politique migratoire", observe finalement Jean-Eric Banaa.

"Théorie du chaos". Si l'origine des crispations était la politique migratoire avec le programme Daca, la nouvelle salve pour obtenir le mur, "ajoutée en fin de négociations", additionnée à "cette fameuse phrase sur les 'pays de merde'" a fait exploser la négociation. "C'était la volonté de Donald Trump : la théorie du chaos, tout faire exploser pour pouvoir ensuite renégocier derrière....et ramener son mur." Le spécialiste prévoit que le présent va se servir de la situation crispante - 850.000 personnes au chômage technique - pour accélérer la situation.

Un bilan avec du positif. Une technique qui porte aussi ses fruits car le bilan après un an ne ressemble pas au néant, d'après Jean-Eric Branaa : "Dès le début, il y a eu une reprise en main de l'immigration, il y a eu la fin des régulations pour les entreprises, ce qui a permis de lâcher l'économie. Ça a formidablement bien marché. Et en termes de justice, il y a eu un nombre de juges nommés à vie qui poursuivront... l'oeuvre de Trump."