Les résultats ont été officiellement communiqués par le ministère de l'Intérieur gabonais, mercredi : le président sortant, Ali Bongo, a été réélu pour un deuxième septennat avec 49,80% des suffrages, devant son principal adversaire, Jean Ping (48,23%). Depuis, l'opposition dénonce une "mascarade" et réclame un nouveau décompte des voix, tandis que de violents affrontements embrasent le pays. Invité d'Europe 1, jeudi, Jean Ping a appelé la communauté internationale à "porter assistance" au Gabon.
L'opposant, qui se trouve toujours à Libreville, assure que "personne n'est en sécurité" au Gabon. "Vous voyez un président qui vient bombarder son peuple, la nuit, par hélicoptère, et qui vient raser un quartier général. Il a arrêté tout le monde, partout", détaille-t-il. "Vous savez, ça ressemble à Hafez el-Assad (père de l'actuel dirigeant syrien Bachar el-Assad, ndlr). Et de ça on s'indigne, mais c'est la même chose." Dénombrant "beaucoup de morts à Libreville", Jean Ping affirme ne pas coordonner les actions des opposants. "Nous apprenons que partout, la population se rebelle. Ce n'est pas moi qui contrôle ça, c'est le peuple gabonais."
"Porter assistance à un peuple en danger". "La population lance un appel, pour que l'on vienne porter assistance à un peuple en danger", poursuit Jean Ping. Rappelant que "cela fait 50 ans, un demi-siècle qu'ils (la famille Bongo, ndlr) sont là", le candidat déclaré vaincu en appelle au soutien de la communauté internationale : "Je crois que la France devrait nous aider, tout comme les autres nations. L'Union européenne, les Etats-Unis devraient nous aider à retirer de la circulation un tyran qui croit qu'il peut se maintenir indéfiniment au pouvoir."
"Accepter la volonté des urnes". Quelle forme pourrait prendre cette "assistance" ? "Les observateurs (étrangers, nldr) sont là, ils ont participé à tout le déroulement du scrutin, ils savent très bien qui a gagné et ils savent très bien qui triche", explique Jean Ping, appelant à "rétablir les faits". "La France est intervenue ailleurs, en Centrafrique pour éviter une guerre civile et un bain de sang. Elle pourrait beaucoup plus facilement (...) éviter une situation comme ça au Gabon, en appelant notre tyran à la raison, à accepter la volonté des urnes." Interrogé sur une éventuelle intervention de l'armée française, l'opposant répond : " je ne pense pas que pour nous débarrasser d'un tyran il faille appeler le monde entier à venir à Libreville. On peut faire entendre raison à ce monsieur beaucoup plus facilement."