Quatre ans "de feu et de fureur", comme le crient les lettres rouges sur la couverture du livre de Michael Wolff, paru à l'hiver 2018. Mercredi s'achève le mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche, marqué par une pratique extrêmement singulière du pouvoir. Que retenir de cette présidence ? John Bolton, conseiller à la Sécurité nationale du chef de l'État d'avril 2018 à septembre 2019, dresse sur Europe 1 le bilan de ces quatre années qui ont bouleversé les États-Unis.
"Je suis très heureux que la présidence Trump arrive à son terme", se réjouit celui qui avait quitté l'administration Trump après de profonds désaccords avec le président, à l'été 2019. "Les dégâts qu'il a causés doivent maintenant être réparés", alors que Joe Biden entre en fonction mercredi.
Trump, "un danger pour l'Amérique"
Quel sera l'héritage global de ce président unique en son genre ? "Donald Trump était une anomalie, une aberration dans l'histoire des États-Unis", souligne John Bolton, qui évoque une politique à la "vision court-termiste" et "un homme pas mieux informé aujourd'hui que le jour de son arrivée" au pouvoir, le 20 janvier 2017. "Il constitue un danger pour l'Amérique, c'est pour cela que j'étais en opposition à sa réélection. Il a fait suffisamment de dégâts dans son premier mandat. Un deuxième mandat aurait rendu ses dégâts irréversibles."
" Il arrivait à 11 heures et pouvait passer des journées entières à regarder la télévision "
Quand Joe Biden prêtera serment à Washington, Donald Trump aura déjà quitté Washington, dernière incongruité d'un mandat rythmé par les tweets rageurs. "J'ai décrit la situation à l'intérieur de la Maison-Blanche comme si on était dans un flipper", rappelle John Bolton, auteur de La pièce où ça s'est passé : 453 jours dans le Bureau ovale avec Donald Trump, publié en juin dernier. "Il préfère être à côté de sa piscine à Mar-a-Lago plutôt que dans le Bureau ovale à traiter des affaires du monde. Le problème était qu'il n'y a pas eu de journée standard. Il arrivait à 11 heures et pouvait passer des journées entières à regarder la télévision plutôt que d'agir en tant que président. S'il y avait eu une journée standard de président, j'aurais été beaucoup plus heureux parce que du vrai travail aurait été fait."
Pas que des griefs
Pour autant, John Bolton n'a pas que des griefs à apporter : "Il a accompli un certain nombre de choses pendant son mandat. Il a fait nommer plus de 200 juges conservateurs et trois juges à la Cour suprême, il a poursuivi des politiques commerciales favorables à la croissance. Il a eu des succès sur le front diplomatique, le retrait de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien, le retrait du traité FNI avec la Russie", égrène-t-il.
À entendre John Bolton évoquer les faits saillants de cette présidence, on décèlerait presque une forme d'équilibre dans ce bilan. "Dans mon livre, je décris les nombreuses décisions qu'il a prises comme un archipel de points qui ne sont pas reliés les uns et les autres, qui ne sont pas liés à une philosophie et à une politique, qui ne font que tourner autour de Donald Trump. Son départ de la Maison-Blanche ne peut être qu'une bonne chose", tranche finalement l'ancien conseiller du président sortant.