Le demi-frère du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, assassiné en Malaisie lundi, était partisan de réformes dans son pays et avait le courage d'exprimer ses opinions, a affirmé vendredi un journaliste japonais auteur d'un livre à son sujet. Kim Jong-Nam a eu des échanges fréquents avec le journaliste du Tokyo Shimbun, Yoji Gomi : "Même si cela le mettait en danger, il voulait faire connaître ses opinions à Pyongyang à travers moi et d'autres médias", a déclaré le journaliste au cours d'une conférence de presse à Tokyo. Kim Jong-Nam avait dit n'avoir jamais rencontré Kim Jong-Un, son demi-frère cadet, qui avait succédé à leur père Kim Jong-Il et qui aurait, selon la Corée du Sud, ordonné son élimination.
Réformer le pays pour "survivre". "Il disait que la Corée du Nord n'aurait une chance de survivre qu'en menant une série de réformes et mesures de libéralisation comme l'avait fait la Chine", a déclaré Yoji Gomi, qui a rencontré Kim Jong-Nam pour la première fois en 2004, et qui a échangé régulièrement avec lui entre 2010 et 2012. "Il disait que le pouvoir ne devait pas être héréditaire, que cela ne convenait pas à une société socialiste et que le dirigeant devait être choisi par un processus démocratique". Le journaliste japonais se souvient cependant de la nervosité de Kim lors de leur première rencontre à Macao en janvier 2011 : il transpirait et gigotait, selon lui.
Il aimait boire et chanter. En dépit de sa réputation de playboy épris de jeux d'argent, Kim était pour Yoji Gomi un "intellectuel" doté d'humour qui admettait néanmoins aimer boire surtout dans les grands restaurants de Tokyo. "Il disait qu'il aimait boire de l'alcool et chanter avec des Coréens du Sud et des Japonais ordinaires et qu'il espérait qu'un jour les murs tomberaient à travers le monde". Kim Jong-Nam, un temps pressenti pour être l'héritier du régime, était tombé en disgrâce après avoir été arrêté en 2001 à l'aéroport de Tokyo avec un passeport falsifié de la République dominicaine. Il aurait alors affirmé qu'il voulait visiter Disneyland. Mais pour Kim Jong-Nam, la raison de la décision de l'évincer était ailleurs, selon Yoji Gomi qui le cite dans son livre, expliquant que son père s'était fâché et était devenu distant après l'avoir entendu prôner des réformes.
La Corée du Nord rejettera le rapport d'autopsie de Kim Jong-Nam
La Corée du Nord a par ailleurs annoncé vendredi qu'elle rejetterait "catégoriquement" les conclusions de l'autopsie pratiquée sur le corps de Kim Jong-Nam. Pyongyang avait demandé en vain aux autorités malaisiennes de renoncer à l'autopsie. "La partie malaisienne a décidé de pratiquer une autopsie sans permission ni présence de notre part. Nous allons catégoriquement rejeter les résultats de l'autopsie effectuée unilatéralement en notre absence", écrit l'ambassadeur nord-coréen Kang Choi dans un communiqué lu à la presse vendredi soir. Il n'a pas confirmé l'identité de la victime.